Taxer plus le gaz et moins l’électricité ?

Face à la flambée des prix de l'énergie, le Royaume Uni compte appliquer sa taxe verte au gaz plutôt qu’à l’électricité. Ce "tax shift” devrait décourager les chaudières au gaz et encourager les pompes à chaleur et la mobilité électrique. Une initiative qui mériterait d’être suivie en Belgique et en Europe.

Au Royaume Uni, la flambée des prix du gaz – multipliés par 6 en quelques mois – fait exploser la facture des ménages et met en péril l’objectif d’atteindre un mix énergétique zéro carbone d’ici 2050.  

Le gouvernement britannique compte dès lors déplacer la taxe verte, actuellement appliquée à l’électricité, vers le gaz. 

Ce glissement fiscal (“tax shift”) vise à décourager les usages du gaz et orienter les consommateurs vers les alternatives bas carbone. 

Concrètement, les citoyens qui chauffent leur maison à l’électricité via une pompe à chaleur ou conduisent des voitures électriques paieront moins, mais ceux qui continuent à utiliser des chaudières au gaz paieront plus. 

Cette politique sera mise en place progressivement sur le long terme (jusqu’à 10 ans) et le coût combiné du gaz et de l’électricité restera identique sur la facture. 

La démarche veillera à rendre cette transition juste et abordable pour les consommateurs et les contribuables. 

Taxer les énergies les plus polluantes 

Au Royaume Uni, près d’un cinquième des émissions de dioxyde de carbone proviennent du chauffage des maisons et des entreprises, qui dépendent fortement de la consommation de gaz.  

Or le gaz polluant est actuellement moins taxé que l’électricité produite par les énergies renouvelables propres.  

Les ménages paient actuellement en moyenne 159 £ (environ 188€) de surtaxe verte sur leur facture d’électricité. 

Hannah Dillon, porte parole de la campagne Zéro carbone, a déclaré qu’il était important de corriger ce déséquilibre. « Nous voulons mettre fin à la perversion de surtaxer l’électricité et de sous-taxer le gaz. La tarification du dioxyde de carbone (et des gaz à effet de serre équivalents) dans notre économie et l’utilisation des revenus pour protéger les ménages contre l’augmentation des coûts, est le moyen le plus juste et le plus efficace d’atteindre le zéro carbone net à un prix que la société peut se permettre.” 

Couvrir le surcoût des pompes à chaleur 

Notons que, au Royaume Uni, la vente de nouvelles chaudières au gaz sera interdite en 2035 et que, actuellement, le coût initial d’installation d’une pompe à chaleur (illustration ci-dessus) s’avère beaucoup plus élevé. Ce “tax shift” devrait donc inverser la tendance. 

Selon un sondage de RSK Group, quasi 80% des propriétaires se disent prêts à investir dans une pompe à chaleur s’ils reçoivent un soutien financier qui couvre le coût d’installation. 

Un porte-parole de l’administration de l’énergie a ainsi déclaré : Avec les principaux fabricants et fournisseurs de systèmes de chauffage, nous sommes convaincus que les coûts initiaux des systèmes de chauffage à faible émission de carbone, tels que les pompes à chaleur, diminueront dans les années à venir, et nous chercherons à aider le marché à réduire ces coûts.” 

Un exemple à suivre 

De nombreux pays européens, dont la Belgique, connaissent une situation similaire où le gaz est moins taxé que l’électricité, ce qui rend cette énergie fossile plus concurrentielle que les alternatives renouvelables. 

Cet exemple britannique pourrait inspirer le gouvernement fédéral belge, qui planche actuellement sur une réforme fiscale. 

Face à la flambée actuelle des prix du gaz, soulignons que les énergies renouvelables permettront de réduire la facture des consommateurs (lire nos articles Les énergies renouvelables protègent les ménages de la hausse des prix de l’énergie et Energie chère et précarité énergétique : la rénovation et l’électricité renouvelable sont des solutions).