La batterie, un système rentable ? 7 mythes qui nous vendent du rêve.

Le stockage en batterie, cette solution miracle pour équilibrer les moments d’abondances renouvelables (liés à beaucoup de soleil ou de vent) avec les moments de pénuries. Mais est-ce vraiment rentable ? Autour de 7 mythes, nous vous proposons une réflexion plus réaliste de ce système pas si idéal que ça.

1. Le mythe de la taxe à l’injection

« Il existe une taxe pour l’électricité photovoltaïque excédentaire qui est injectée sur le réseau ».

La réalité est que les prosumers résidentiels paient l’usage du réseau électrique UNIQUEMENT pour l’électricité qu’ils prélèvent de celui-ci. La batterie ne trouve donc aucun avantage économique à limiter l’injection, à tout le moins par rapport à une quelconque taxe ou contribution liée à cette injection.

2. Le mythe du non-changement

« Une batterie s’adaptera, toute seule, à mon mode de consommation ».

S’équiper de panneaux solaires bouscule nos habitudes de consommateur. Cela d’autant plus que le compteur s’arrête bientôt de tourner à l’envers pour les nouveaux prosumers et que l’intérêt économique se joue sur la capacité à consommer au moment où les panneaux produisent. La batterie apparaît alors comme une solution magique, donnant l’illusion de gérer automatiquement – et à notre place – le besoin de changement. Bref ça semble très facile.

D’un point de vue économique et rationnel c’est plutôt l’inverse, une batterie ruinera vos comportements vertueux. En clair, plus vous vous adapterez au solaire, plus vite vous amortirez votre investissement.

3. Le mythe des pertes qui n’existaient pas

« Il n’y a jamais de pertes d’électricité avec la batterie ».

Et pourtant, il en existe bel et bien dans ce système de charge et décharge, celles-ci étant d’autant plus importantes que la batterie est faiblement chargée (comme nous le savons de l’usage de nos smartphones).

En hiver, comme nous produisons globalement beaucoup moins, la batterie ne sera quasiment jamais chargée à 80% ou plus. Si nous estimons des pertes annuelles de 25%, c’est paradoxalement au moment où l’électricité solaire est la plus précieuse (en hiver), qu’elles sont les plus importantes.

4. Le mythe de l’éternité de la batterie

« Ma batterie et moi, c’est pour toujours ».

Une batterie possède, en réalité, une durée de vie de 10 à 15 ans estimés aujourd’hui et le coût de sa mise au rebut reste une inconnue qui pourrait générer des coûts inattendus.

Les situations des personnes qui doivent aujourd’hui neutraliser une cuve à mazout ou enlever une toiture en amiante sont parlantes : vous devez contacter une entreprise agrée, engendrant des coûts non négligeables de plusieurs milliers d’euros. Les règlements Européens évoluant fortement en la matière, et spécifiquement envers les batteries, il y a beaucoup de chances pour que vous héritiez d’une dette lorsque votre achat vous aura lâché.

5. Le mythe du combo miracle solaire + batterie

« Le combo panneaux solaires et batterie diminue ma facture d’électricité ».

Si cette affirmation est juste, il est intéressant de ne pas oublier le scénario « classique » avec des panneaux solaires sans batterie et de le comparer, lui aussi, à notre facture. Et là, surprise, la diminution de la facture est plus grande (sans investir dans la batterie, et même avec quelques panneaux en plus). Il est donc utile de comparer entre elles les situations d’équipement avec ou sans batterie.

L’avantage économique de celle-ci est souvent masqué par une analyse économique biaisée. Si la batterie est rentable, c’est uniquement grâce à la production solaire, mais des panneaux sans batterie constituent un investissement encore meilleur, par rapport à notre facture.

6. Le mythe de la valeur du stockage d’électricité

« Mon stockage d’électricité me permet d’économiser 100% du prix demandé par mon fournisseur »

C’est ce que nous avons tendance à considérer lors des calculs de rentabilité. Or ce que nous injectons a une valeur économique en fonction de la situation.

Soit nous n’avons plus la compensation et à ce moment l’excédent peut être vendu à son fournisseur (à partir de 2024 en Wallonie) ou à ses voisins via un partage d’électricité renouvelable par exemple. Dans ce deuxième cas, c’est la différence de prix entre le prix demandé par le fournisseur et notre prix de vente, qui est à considérer pour l’analyse économique.

Nous observons que, jusqu’à présent et même durant la crise énergétique de 2022, cette différence est relativement stable et trop petite pour rentabiliser une batterie.

7. Le mythe de la prime flamande

« Il existe une prime pour l’installation de batteries en Flandre »

Et bien c’est terminé ! La Flandre ayant mis fin à celle-ci au 31 mars 2023. Par ailleurs, en Flandre, le système de tarification du réseau est différent de Bruxelles et de la Wallonie, intégrant une composante capacitaire, ce qui change le raisonnement d’analyse économique. Les modèles ne sont donc pas comparables.

En conclusion, la batterie peut sembler attrayante, mais il est essentiel de remettre en question certaines idées préconçues pour déterminer si elle est vraiment rentable. Les différentes analyses dans de nombreux scénarios montrent que ce n’est  jamais le cas pour une installation domestique résidentielle. Et cela même avec la fin du système de compensation.