Le port d’Anvers-Bruges, futur pôle de l’hydrogène vert en Europe 

Les ports d’Anvers et Zeebruges ont officiellement fusionné. Ce nouvel acteur investit dans la capture de carbone et se veut la porte d’entrée de l’hydrogène vert en Europe.

Les ports d’Anvers et Zeebruges ont officiellement fusionné ce 22 avril 2022. 

Les deux sites, très complémentaires et désormais rebaptisés port d’Anvers-Bruges, deviennent ainsi un acteur maritime majeur en Europe, notamment pour l’exportation de marchandises. 

Ce nouvel acteur se positionne également comme hub européen de la transition énergétique. 

Capture de carbone et “Power-to-methanol » 

Ainsi, un projet pilote de capture de carbone séquestrera d’ici 2025 un stock de 2,5 millions de tonnes de CO2 au sein de l’industrie portuaire, qui sera ré-utilisé comme matière première pour diverses applications. L’objectif est de capturer la moitié des émissions de CO2 du port d’ici 2030. 

A termes, le port d’Anvers-Bruges pourrait éviter l’émission de 14 millions de tonnes de CO2 par an. Un chiffre impressionnant qui inspire déjà d’autres acteurs portuaires dans le monde.  

Un consortium de 7 acteurs développe actuellement un projet de démonstration “Power-to-methanol ». Ce procédé combine le carbone capturé et l’hydrogène vert afin de produire du méthanol durable, utilisé dans les process industriels. Une tonne de méthanol produite, c’est une tonne de CO2 en moins. 

Le port d’Anvers-Bruges compte également jouer un rôle majeur dans la production et le transport de l’hydrogène vert. 

Pourquoi l’hydrogène vert  

L’hydrogène est le chaînon manquant pour atteindre un système énergétique 100% renouvelables.  

L’hydrogène vert – produit par électrolyse de l’eau – constitue le vecteur idéal pour stocker les productions d’électricité éolienne et solaire quand elles sont abondantes – beaucoup de vent en hiver et de soleil en été – puis restituer cette électricité sur le réseau quand le vent et le soleil font défaut et que les productions renouvelables sont donc plus faibles.   

On parle de stockage inter saisonnier car l’hydrogène peut se stocker sous différentes formes (gaz et liquides) très stables durant de nombreuses semaines ou mois. Dès lors, des surplus solaires de l’été pourront, par exemple, être consommés à d’autres saisons, tout comme les surplus hivernaux de l’éolien, afin de fournir une électricité renouvelable tout au long de l’année.   

Le stockage sous forme d’hydrogène s’avère plus facile que par batterie. En tant que gaz, il peut être injecté tel quel dans le réseau gazier existant ou être compressé et conservé dans des conteneurs conçus à cet effet.    

Ce gaz vert n’émet ni CO2 ni pollution atmosphérique. Il peut être utilisé dans de nombreux secteurs : industries, logements, commerces, transport, production d’électricité, …   

Un pôle européen d’hydrogène vert 

Le site d’Anvers, deuxième plus large cluster pétrochimique au monde, et le site côtier de Zeebruges, offrent une opportunité unique de jouer un rôle de leader dans l’économie de l’hydrogène vert, produits à partir d’électricité renouvelable. 

En effet, l’hydrogène est largement présent dans l’industrie chimique et donc abondement utilisé dans le port d’Anvers. Produit jusqu’ici à partir d’électricité fossile, cet hydrogène sera à l’avenir fabriqué à partir d’électricité renouvelable, principalement éolienne. 

Le site de Zeebruges, interconnecté avec les parcs éoliens en mer du Nord et avec une importante infrastructure de gaz naturel liquéfié (10% du gaz consommé en Europe y arrive), représente un lieu idéal pour une production d’hydrogène vert.  

Fluxys et Eoly prévoient d’y construire une usine qui produira ses premières molécules vertes à partir de 2023. 

Les deux sites travaillent actuellement à l’extension des capacités pour accueillir les transporteurs d’hydrogène, afin d’intégrer les premières molécules d’ici 2028. Un pipeline d’hydrogène de 80 km reliera ainsi les deux zones portuaires, ouvrant une perspective de transport vers les zones industrielles de Feluy en Wallonie mais aussi de Rhénanie en Allemagne. 

L’économie belge transporte déjà environ 6 milliards de m3 d’hydrogène chaque année. Un chiffre qui va considérablement augmenter dans les prochaines années. 

Un immense projet à Oman 

Mais le port d’Anvers-Bruges développe également des projets internationaux. En partenariat avec DEME, l’entreprise construit actuellement un immense site industriel et portuaire de 21.000 hectares à Oman, où des centrales solaires et des parcs éoliens permettront de produire massivement de l’hydrogène vert, qui pourra ensuite être acheminé en Belgique et participer ainsi à la transition énergétique européenne. 

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