Pourquoi et comment augmenter une autoconsommation collective d’électricité solaire

Acheter son électricité à un voisin qui possède des panneaux solaires, à un tarif avantageux, devient possible à Bruxelles et bientôt en Wallonie. Voici nos conseils pour les ménages, entreprises et pouvoirs publics qui souhaitent tirer bénéfice de ce nouveau principe révolutionnaire.

Une révolution énergétique est cours ! 

Sur base de deux directives européennes, le partage local d’énergie renouvelable devient un droit pour les citoyens. Partout en Europe, un bâtiment équipé en photovoltaïque par exemple pourra partager la production solaire avec les voisins, à un tarif avantageux. Des projets-pilotes existent déjà en Belgique, notamment au sein de logements sociaux (lire notre article Des logements sociaux à St-Gilles mettent leur énergie en commun). 

Ce principe est donc un formidable accélérateur pour une transition énergétique socialement juste. 

La Région bruxelloise vient d’adopter un cadre légal. 

La Wallonie devrait bientôt faire de même. 

Pourquoi maximiser une consommation collective d’électricité locale

Tout d’abord, il est important de préciser que la maximisation de votre consommation d’électricité locale ne doit jamais augmenter votre consommation globale d’énergie. En effet, la transition énergétique implique l’augmentation de la production d’énergie renouvelable, mais aussi et surtout une diminution globale de notre consommation d’énergie. Faire l’inverse n’aurait donc pas de sens.  

La maximisation de votre consommation d’électricité locale doit résulter du déplacement d’une consommation que vous auriez effectuée à autre moment.  

La maximisation de votre autoconsommation peut avoir un sens à plusieurs points de vue. 

Point de vue économique  

Si le producteur local vous vend de l’électricité à un prix stable sur une longue durée et inférieur à celui que vous payez à votre fournisseur ou vous la donne (par altruisme ou en échange d’un contre don), au plus vous consommez de l’électricité locale, au plus vous économiserez de l’argent. La quantité d’électricité qu’il vous sera possible d’autoconsommer localement sur une année, dépendra de plusieurs paramètres qui sont propre à chaque partage (le type d’installation, la taille de celle-ci, les habitudes d’autoconsommation du producteur, vos habitudes de consommation de l’électricité, …). En résumé, si vous faites un contrat avec votre voisin qui a placé une très grande installation solaire sur sa toiture, mais qu’il n’est que très peu présent chez lui, vous aurez autant de chance de profiter de cette électricité si vous êtes son seul client. 

Point de vue de l’équilibre du réseau électrique 

Il y a un principe de base pour le bon fonctionnement du réseau électrique : la quantité d’électricité injectée sur le réseau doit toujours être égale à la quantité d’électricité consommée au même moment. 

Bruxelles, grâce à sa densité de population et donc de consommation d’électricité, connait peu de moments où le volume d’électricité consommée n’est pas suffisant pour absorber le volume d’électricité injectée sur le réseau. Néanmoins, ce cas de figure peut se produire dans certaines zones (avec beaucoup de production locale d’électricité) et durant certaines périodes (les vacances d’été). Dans ce cas, inciter des consommateurs situés dans ces zones à consommer l’électricité au moment où elle est injectée sur le réseau peut constituer une solution, du moins partielle.   

Point de vue écologique  

Cette maximisation de consommation d’électricité vendue par le producteur peut potentiellement inciter ce dernier à augmenter sa production d’électricité renouvelable, en achetant par exemple davantage de panneaux solaires, voire à encourager d’autres consommateurs à investir eux-mêmes dans une centrale de production d’électricité renouvelable. 

Cela permettrait d’augmenter la production d’électricité renouvelable à Bruxelles et de diminuer les émissions de gaz à effets de serre de la Région. 

Traditionnellement, les installations des logements collectifs étaient dimensionnées pour répondre au simple besoin annuel du seul compteur commun sur lequel elles étaient raccordées. Aujourd’hui, le partage d’énergie offre la possibilité aux immeubles de logement de recouvrir toute la toiture, et de revaloriser l’excédent de production vers les compteurs privatifs des logements.  

Maximiser l’autoconsommation collective offre des avantages économique, écologique et pour l’équilibre du réseau électrique.

Comment maximiser une consommation collective d’électricité locale ?  

Avant de répondre directement à la question, reprécisons que lorsque l’on parle de consommation d’électricité locale, il s’agit de la consommation de l’électricité au moment précis où celle-ci est injectée sur le réseau par le producteur, soit via une consommation directe, soit via des moyens de stockage permettant de stocker cette électricité et de la consommer au moment où vous en avez besoin).  

C’est bien là toute la difficulté de la consommation d’électricité dont la production varie selon les conditions météorologiques : il n’y a aucun moyen de contrôler quand elle sera produite. 

En conséquence, si le consommateur veut consommer cette électricité, il doit donc s’adapter aux fluctuations de cette production : en réduisant ou en déplaçant sa consommation.  

Réduire sa consommation 

Réduire sa consommation d’électricité reste le meilleur geste que vous puissiez faire pour la planète et votre portefeuille. C’est donc l’action prioritaire à mettre en œuvre. 

Un ménage belge consomme en moyenne 3500 kWh d’électricité par an. 

Consultez votre facture de régularisation d’électricité. Celle-ci indique le nombre de kWh que vous avez consommés durant une certaine période. 

Comment faire ? 

Il y a des consommations qui sont faciles à éviter.  

Bruxelles Environnement pour propose une série de conseils pour réduire votre consommation.

Vous pouvez consulter cette brochure : 

Si l’on parle de maximisation d’électricité locale, il s’agit avant tout de diminuer sa consommation durant les heures, où il n’y a pas de production d’électricité renouvelable. 

Déplacer sa consommation  

Pour la consommation que vous ne pouvez pas réduire, il faudra essayer de la déplacer durant les périodes où l’électricité renouvelable est produite.   

Comment faire ?

Vous pouvez agir avec des moyens non-technologiques, facilement applicables et gratuits :

  • Programmer vos appareils électroménagers

    De nombreux appareils (principalement le chauffe-eau, le sèche-linge, le lave-linge et le lave-vaisselle pour les ménages) peuvent être programmés pour fonctionner à une heure souhaitée. Vous pouvez ainsi programmer le fonctionnement de votre appareil durant les périodes de production d’électricité renouvelable.  
  • Changer vos habitudes autant que possible

    Que vous soyez une administration, un ménage ou une entreprise, vous pouvez peut-être déplacer une partie de votre consommation durant les périodes de production d’électricité renouvelable, sans sacrifier votre confort.

  

Remplacer votre consommation d’énergie fossile par de l’électricité locale  

  • La pompe à chaleur capte la chaleur de l’environnement qui l’entoure, c’est-à-dire, le sol, l’air et l’eau. Cependant, la chaleur environnement n’est pas toujours suffisante et la pompe fonction en général un quart du temps avec de l’électricité. Lorsque cette électricité est locale et renouvelable (par exemple grâce à une installation photovoltaïque partagée), vous maximiser la consommation de la pompe à chaleur et vous décarbonez votre système de chauffage et/ou de refroidissement de votre habitation.
  • Le véhicule électrique a l’avantage de servir de stockage puisqu’il est équipé d’une batterie. Privilégiez donc les recharges du véhicule au moment où l’électricité locale est produite. Cela vous permettra ainsi d’en consommer un volume important, sans devoir l’utiliser instantanément. 
  • Le ballon thermodynamique est un système de chauffage de l’eau sanitaire via un système de pompe à chaleur (avec meilleur rendement). Ainsi, cela fonctionne grâce à l’électricité ou à la chaleur fournit par l’environnement.  

Bientôt le partage d’énergie et la mobilité 

Lorsque les transports en communs et la mobilité douce ne le permettra pas, les voitures thermiques devront être remplacées par de véhicules électriques. Ces derniers pourront être rechargés avec une électricité locale moins chère, et pourquoi pas, servir de batterie collective ? On parle alors dans ce cas là de grid-to-vehicle-to-grid.  

Investir dans le véhicule électrique lorsqu’il sera nécessaire, sera comme si vous investissiez dans une batterie domestique. Si vous produisez votre propre électricité, vous pourrez ainsi augmenter votre autoconsommation. Si vous n’êtes pas producteur, vous pourrez faire en sorte d’acheter votre électricité lorsqu’elle sera produite à l’endroit où vous vous stationnerez (au bureau, chez le médecin, en allant faire les courses…). 

Comment prévoir la production d’électricité renouvelable ?   

Consommer de l’électricité locale, au moment où elle est produite est une chose. Encore faut-il que le consommateur sache quand ont lieu ces périodes de production. 

S’il s’agit de production d’électricité solaire ou éolienne les moyens le plus efficaces restent les prévisions météo, ou encore simplement jeter un œil vers le ciel. Outre ces moyens simples et gratuits, il existe aussi des technologies permettant par exemple de surveiller de manière plus précise la production d’une installation solaire et de signaler aux consommateurs, par exemple via leur smartphone, les moments de production. 

Impact de la répartition de l’électricité entre les participants 

Outre la difficulté de synchroniser sa consommation d’électricité locale avec sa production, les règles de partage peuvent également impacter votre consommation d’électricité locale. 

Différentes règles sont possibles, mais celles qui établissent peu (voire aucune) corrélation entre le volume que vous consommez et le volume d’électricité locale qui vous est alloué, pourraient vous limiter dans vos efforts de maximisation de consommation d’électricité locale.