UE : certifications d’absorptions de carbone, un écran de fumée ?

absorption de carbone

Le Parlement européen a approuvé un accord sur un système de certification des absorptions de carbone. Greenwashing de plus ou geste concret ?

Première mondiale, ce registre sera établi pour la certification d’absorptions de carbone par procédé naturel ou industriel. En résumé, il s’agit d’un système de vérification qui valide (ou non) les activités ou les technologies mises en place par une entreprise pour la captation du CO2 dans l’atmosphère ainsi que son stockage.

Dans les processus naturels de capture du CO2, on retrouve, par exemple, la plantation d’arbres, approche la plus courante du genre. Pour ce qui est des procédés industriels, l’UE mise sur des technologies comme des ventilateurs de grande taille pour aspirer le carbone directement dans l’air et le stocker de manière permanente.

Avec pour objectif de réduire de 90% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040, l’adoption de ce système de registre vise à intensifier les absorptions de carbone. La Commission a évalué à 450 millions de tonnes la quantité de CO2 à capturer, annuellement, d’ici 2050. Pour atteindre ce but, l’UE compte sur une captation d’au moins 50 millions de tonnes par an d’ici 2030, suivie d’une étape intermédiaire de 200 tonnes annuelles d’ici 2040, avant 450 millions en 2050.

Mais de quels types d’absorption parle-t-on ?

  • Les absorptions permanentes : captage direct dans l’atmosphère, la bioénergie avec captage et stockage du carbone, capables de piéger le CO2 pendant plusieurs siècles.
  • Le stockage temporaire dans des produits durables comme ceux de la construction en bois par exemple (durée d’au moins 35 ans).
  • Le stockage provisoire dans les sols agricoles grâce à des pratiques comme la restauration des forêts et des sols, la gestion des zones humides ou le développement d’herbiers marins.
  • La réduction des émissions de CO2 provenant des sols grâce à l’agriculture sans labour et aux cultures de couverture entre les récoltes.

Les pratiques des deux derniers points doivent être réalisées pendant au moins 5 ans pour obtenir la certification.

Une nouvelle forme de greenwashing ?

Bien que le système de certification d’absorptions de carbone soit présenté comme un moyen d’éviter le greenwashing des industries, il y a certaines ombres au tableau comme le fait que, pour le moment, cette certification reste volontaire. Et que penser du fait que le stockage temporaire est considéré comme une absorption au même titre qu’une absorption permanente ?

Cela sans oublier que la Commission prévoit également la possibilité que les absorptions puissent être prises en compte dans le SEQE (système d’échange de quotas d’émission), qui plafonne actuellement la quantité de CO2 que l’industrie et les producteurs d’électricité sont autorisés à émettre.

Cela offrirait aux entreprises un moyen de compenser leur propre pollution en monnayant des certificats d’absorptions, ou de simplement mettre en avant leur compensation sans remettre en question leur comportement de consommation et pratiques polluantes.

Les certifications posent aussi question quant au reporting ESG : une entreprise sera-t-elle bien cotée pour son absorption du carbone malgré le fait qu’elle le réutilise pour produire des plastiques ?

Cette validation d’un registre des absorptions de carbone laisse encore bien des mystères en suspens. Espérons qu’il ne s’agit pas d’un énième effet d’annonce.