Mieux vaut-il choisir une chaudière à pellets, une pompe à chaleur ou même attendre l’arrivée des piles à hydrogène ? Nombreuses sont ces questions et les réponses dépendent toutes du même point de départ : cela dépend de l’isolation de votre bâtiment. Voici nos conseils.
C’est dit et redit depuis des années : le début de réponse à la question de la production de chaleur dans un logement passe par un audit énergétique réalisé par un auditeur agréé.
Cette dépense (entre 800 et 1000€, minimisée par une prime en Wallonie) parait souvent encore superflue mais reste indispensable pour pouvoir identifier objectivement les solutions possibles et être certain que des économies financières seront au rendez-vous.
Sur la base des résultats de cet audit énergétique (à ne pas confondre avec la certification énergétique, moins chère et obligatoire dans le cas de vente ou location), un niveau de besoin final en chaleur pour le chauffage et l’eau chaude sera déterminé, éventuellement après la réalisation de travaux permettant de réduire de manière plus ou moins importante ces besoins.
Si votre logement consomme encore beaucoup de chaleur
Si votre logement est peu ou mal isolé (étiquette énergétique D, E, F ou G), vos besoins de chauffage seront conséquents.
Dès lors, vous aurez besoin d’une importante production de chaleur pendant de nombreux mois de l’année.
Stratégiquement, il sera logique de vous orienter vers des systèmes qui combinent, avec le même appareil, la production de chaleur et d’eau chaude.
En effet, le besoin d’eau chaude sanitaire sera assez petit par rapport aux besoins de chauffage et cette eau chaude sanitaire sera donc produite en marge des besoins de chauffage.
Dans ces cas de figure, les solutions renouvelables intéressantes sont :
- Une chaudière à pellets connectée à un réseau de radiateurs et au boiler d’eau sanitaire. En complément, vous pouvez installer du solaire thermique ou photovoltaïque pour produire l’eau chaude (pendant les 3 à 4 mois où la chaudière est coupée).
- Un poêle à bois est possible aussi, permettant de garder sa chaudière coupée pendant l’été, mais c’est plus un agrément qu’une vraie économie (énergétique ou financière).
Par contre, voici ce qui est déconseillé, car les besoins sont trop importants et la facture finale serait plus élevée (quoiqu’en disent les vendeurs) :
- Les pompes à chaleur géothermiques, PACg, (qui vont chercher la chaleur dans le sol), car elles consommeront beaucoup d’électricité, plus chère que le gaz ou le mazout.
- Les pompes à chaleur aérothermiques, PACa, (qui vont chercher la chaleur dans l’air), pour les mêmes raisons que les PACg et parce que leur performance est moins bonne que les PACg.
- La connexion à un réseau de chaleur, qui véhicule une température trop basse pour assurer le confort.
Si votre logement est plus performant
A mesure de l’amélioration de la performance du logement (et donc de la diminution de ses besoins de chaleur), vous pouvez envisager une nouvelle stratégie (sauf si vous êtes connectés à un réseau de chaleur commun) :
En effet, vous aurez des besoins d’eau chaude sanitaire toute l’année, alors que le nombre de mois sans besoin de chauffage augmente avec la performance.
La catégorie C devrait permettre, en fonction des résultats d’audit du logement (intégrant l’orientation, la mitoyenneté, etc) entre 4 et 6 mois sans chauffage. La catégorie B entre 5 et 7 mois et la catégorie A entre 8 et 10 mois.
Il devient dès lors intéressant d’envisager la production de chauffage et d’eau chaude sanitaire par des éléments plus ou moins séparés.
Pour l’eau chaude sanitaire
Dans ces cas de figures, il devient intéressant de produire l’eau chaude sanitaire avec :
- un système photovoltaïque combiné à un boiler électrique classique. La consommation de la résistance du ballon d’ECS (+/-2 500 kWh) sera en partie compensée par la production solaire. La couverture solaire peut aller jusqu’à 80% dans un bon dimensionnement (Puissance PV de 7kWc).
- un système photovoltaïque combiné à une PACa. Votre système consommera 2 à 3 fois moins d’électricité (900-1000kWh/an) et celle-ci sera également majoritairement renouvelable. C’est plus cher à l’achat que la précédente solution, mais l’installation photovoltaïque pourra être moins grande pour une même couverture solaire (5 kWc).
- un système solaire thermique. Il s’agit de la solution la plus chère (et qui fonctionne le moins souvent durant l’année). Même avec une surface de capteur plus importante, la couverture solaire est souvent autour de 40-65% sur l’année.
Lire également notre article Eau chaude sanitaire : quelle technologie solaire choisir ? (analyse 2019)
Pour le chauffage
Les solutions se diversifient et se miniaturisent :
- Le pellet de bois sera conseillé pour des petites chaudières (< 8 kW) ou même des poêles connectés à quelques radiateurs ou un chauffage sol.
- Les PACg (connectées à du solaire photovoltaïque) seront très performantes (donc peu couteuses à l’usage) pour les catégories C et B, mais souvent relativement chères à installer (par rapport aux PACa ou au pellets).
- Les PACa sont meilleur marché, mais seront réservées aux maisons les plus performantes (plutôt B et A) car par grand froid leurs performances sont relativement faibles (et donc coûteuses à l’usage).
- Le réseau de chaleur commun : si vous êtes connectés à un réseau de chaleur, c’est de ce dernier que viendront vos calories pour l’eau chaude sanitaire ET le chauffage. Que ce soit pour les catégories C, B, A ou passif, vous aurez un échangeur de chaleur qui sera connecté à une PACa pour relever la température et permettre de produire une eau chaude sanitaire à 60°C. Les systèmes et leur coût d’installation seront essentiellement identiques, la différence se fera sur les quantités consommées (les coûts d’utilisation donc).
Si votre logement est passif
Si la performance du logement est vraiment élevée (maison passive), les besoins de chauffage se limitent à quelques journées par an. Le besoin de chaleur pour le chauffage peut alors être assuré par un chauffage électrique (par contre, ce système est à proscrire dans les bâtiments non-passifs). En effet, ces quantités seront assez faibles au regard des surcoûts que cela engendrerait d’installer un système de distribution de chauffage pour de telles constructions.
Et la pile à combustible (hydrogène) ?
Cette solution, que l’on peut placer dans la classe de la micro-cogénération (pas encore mature, ni techniquement ni économiquement pour du résidentiel aujourd’hui), est à considérer à l’image des PAC.
Elle ne change rien à la question du besoin de chaleur (qui reste à minimiser) et est fortement dépendant des coûts de production de l’électricité, ici nécessaire pour fabriquer de l’hydrogène.
Ce sont des solutions à suivre de près, mais dont les développements ne laissent pas présager d’usage résidentiel dans les 10 ans à venir.
En outre, de nombreux acteurs de la transition énergétique s’opposent à l’usage de l’hydrogène pour chauffer les bâtiments car ce vecteur s’avère moins efficient et plus coûteux que les pompes à chaleur (lire notre article Hydrogène vert : choisir des usages prioritaires).