L’éolienne et la réduction des émissions de C02: ami ou ennemi ?

Les éoliennes contribuent elles effectivement à la réduction des émissions de C02 ?

On le sait et on le répète à longueur de temps, l’objectif de tout qui veut préserver la planète est d’optimiser le bilan carbone et donc, en grande partie, de réduire les émissions de C02. Si les éoliennes font partie des éléments de solutions de production d ‘énergie décarbonée, peut-on pour autant dire qu’elles sont, elles-mêmes, neutres en carbone et qu’elles contribuent effectivement à une réduction des émissions de C02 de manière absolue ? C’est la question à laquelle nous allons tenter de répondre ci-dessous.

Tout prendre en compte

Il faut d’abord savoir que cette empreinte carbone va varier en fonction de plusieurs facteurs, notamment la taille de l’éolienne, la durée de vie de l’équipement, la source d’énergie utilisée pour produire les composants de l’éolienne et le pays où elle est produite. Pour analyser cette empreinte, on devra donc analyser ces éléments clés.

La fabrication, principale émettrice de C02.

La fabrication des composants de l’éolienne est souvent l’étape la plus émettrice de C02 dans le cycle de vie de l’éolienne. On parle en général de 65 % de ses émissions globales. Les principales composantes d’une éolienne comprennent le rotor, le générateur, le mât, la nacelle et les pales. La production de ces composants nécessite l’utilisation d’énergie et de matériaux, qui émettent du C02 tout au long du processus de fabrication.

Une étude menée il y a quelques années par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a estimé que les émissions de C02 moyennes pour la production d’une éolienne de 2 MW étaient d’environ 14 tonnes en Europe et d’environ 20 tonnes en Chine. Cette différence provenant tant de l’énergie fossile qui est plus importante en Chine qu’en Europe dans les procédés de fabrication que de la gestion des déchets qui est, à ce jour encore, beaucoup plus optimisée et durable en Europe.

Après la fabrication, le transport, la vie et puis… la fin de vie

Le transport et l’installation des éoliennes peuvent également avoir un impact significatif sur l’empreinte carbone de l’éolienne. Les éoliennes sont souvent produites dans des endroits éloignés et doivent être transportées par camion ou par bateau vers le site d’installation. Le transport génère des émissions de C02, notamment à partir de la combustion de carburants fossiles. De plus, l’installation d’une éolienne nécessite souvent l’utilisation de machines lourdes et d’équipements de levage, qui consomment de l’énergie et génèrent eux aussi des émissions de C02. Ces éléments, aussi, sont pris en compte dans le calcul ci-dessous. Enfin, à la fin de sa vie utile (qui est passé de 15 ans à près de 30 ans aujourd’hui), l’éolienne doit être démantelée et éliminée de manière appropriée. Le démantèlement des éoliennes peut générer des émissions de C02, notamment si les composants de l’éolienne sont transportés sur de longues distances pour être recyclés ou éliminés.

En chiffres concrets, cela donne quoi ?

Malgré cette variété de paramètres, selon une étude de l’Agence internationale de l’énergie, les éoliennes terrestres ont une empreinte carbone moyenne de 11 à 12 grammes de CO2 équivalent par kilowattheure sur leur durée de vie. Si l’on compare cela à l’empreinte carbone moyenne du gaz naturel qui est d’environ 469 g CO2  équivalent par kilowattheure, ou celle du charbon qui est d’environ 1 kilo de CO2 , on a un bon ratio de référence…de base. Et si l’on prend en compte la durée de vie, on se rend compte que le bilan global est plus que positif.

Moins d’un an pour être neutre en CO2.

Une étude danoise a démontré que les éoliennes danoises de 3 MW de type Vestas accumulent une dette énergétique équivalente à 4.304 MWh sur l’ensemble de leur durée de vie (en tenant compte donc des paramètres de fabrication, de transport, d’entretien et de démantèlement). Avec un gisement venteux comme en Wallonie, une telle éolienne produira ces 4.304 MWh en un peu moins de 8 mois. Elle remboursera donc sa dette en moins d’un an.

Et le reste de sa vie pour préserver…la nôtre.

L’éolienne ne se contente pas de rembourser sa dette, au cours de sa vie, elle fait bien plus. Une revue de la littérature portant sur 119 turbines analysées dans quelque 50 études a mis en évidence un rapport entre l’énergie cumulée totale produite par l’éolienne et l’énergie primaire cumulée nécessaire pour son installation et son entretien. Et ce rapport serait de 1 à 25 en moyenne. En d’autres mots, l’éolienne produit en 20 ans, 25 fois plus d’énergie qu’il n’en a fallu pour la construire, l’entretenir, etc. Et toute cette énergie produite, c’est tout cela qu’il ne faut plus confier à des modes de production énergétiques moins…verts.