Le solaire chinois aveugle l’industrie photovoltaïque européenne

solaire chinois photovoltaïque Meyer Burger

En 2023, l’Europe a connu plusieurs records de production électrique issue des énergies renouvelables. Paradoxalement, malgré des plans ambitieux pour le développement de celles-ci, l’industrie photovoltaïque européenne n’est pas soutenue face à la concurrence déloyale de pays tiers.

Il y a quelques jours, le dernier grand producteur de panneaux solaires d’Allemagne, Meyer Burger, décidait de fermer les portes de son usine de Freiberg. Face à la férocité de l’industrie du solaire chinois de ces dernières années et au manque de mécanismes de protection de l’Europe, la société a préféré délocaliser ses activités aux États-Unis.

Avec quelles conséquences pour l’UE ? Une diminution de 10% de sa force de production de panneaux solaires, des industriels du photovoltaïque au bord du gouffre et une dépendance toujours aussi forte aux panneaux solaires provenant de Chine.

D’éclatants records rayonnent partout en Europe

Depuis le début de cette année, différents rapports faisaient état de record sur record, en Europe, quant à la production et à la consommation électrique issues des énergies renouvelables. En Belgique, par exemple, 30% de sa consommation provenait du renouvelable. Et que dire du record allemand dont les émissions électriques ont atteint leur niveau le plus faible depuis 70 ans avec un dépassement du seuil de 50% de production renouvelable, tout ça, entre autres, grâce à une installation de capacité solaire supplémentaire de 14 GW.

Du côté de l’Autriche, la production électrique issue des énergies renouvelables a atteint 87% ! Un progrès conséquent attribué à l’énergie solaire qui a pourvu un peu plus de 4% d’électricité. Le Portugal, lui, a comptabilisé 61% d’électricité issue du renouvelable (31,2 TWh). Et encore une fois, le photovoltaïque a joué un rôle important avec une hausse conséquente de 43% de production.

Bien que ces résultats soient la combinaison d’énergies renouvelables, on notera que le solaire est, à chaque fois, cité comme gros contributeur. D’après l’IEA, 61% de l’électricité européenne sera issue du renouvelable d’ici 2028 grâce, notamment, à une augmentation importante des installations photovoltaïques.

Mais alors comment expliquer le choix de fabricants de panneaux solaires, comme Meyer Burger, de se délocaliser ou de cesser ses activités comme Exasun aux Pays-Bas ?

Pour ne pas se brûler les ailes : s’éloigner du solaire chinois

Grâce à d’importantes subventions, la Chine a connu une surproduction de panneaux solaires. Ces derniers, suivant un mécanisme de concurrence agressive, ont donc été exportés à prix bradé, vendus en-dessous de leur coût de fabrication. Mais depuis l’instauration du Inflation Reduction Act aux États-Unis, ces panneaux n’ont plus accès au marché américain. Un geste qui avait pour but, entre autres, de relancer les filières locales en évitant la dépendance aux productions étrangères, un argument de poids séduisant les entreprises européennes qui décident donc de s’y délocaliser.

Fatalement, avec un marché américain qui leur ferme les portes, c’est vers le marché européen que cette vague de panneaux solaires chinois bon marché déferle. Les stocks de ceux-ci s’accumulent et entrainent un effondrement des prix de 25%, mettant en danger la survie des entreprises du secteur (avec les seuls stocks aux Pays-Bas, les besoins de l’Europe sont couverts pour quasi deux ans). Une situation absurde lorsqu’on sait que l’UE vise 40% de production de panneaux solaires d’ici 2030 comme fixé dans le Net Zero Industry Act qui prévoit que 30% des appels d’offre d’énergies renouvelables soient réservés aux produits fabriqués en Europe.

Se mettre à l’ombre des instances européennes

Plusieurs fabricants avaient d’ores et déjà annoncé leur intention de fermer ou délocaliser leur ligne de productions si l’Europe trainait à prendre des mesures d’urgences afin de soutenir le secteur. Demande émanant également du Conseil européen de l’industrie solaire (ESMC).

Ce dernier demande à mettre en place un système de rachat de leurs stocks accumulés ainsi que le financement de projets utilisant des modules photovoltaïques européens. Sans oublier, des mesures temporaires d’ici la mise en place du Net Zero Industry Act.

En espérant éviter un effet domino dans les prochaines semaines, la fermeture de Meyer Burger est un appel aux instances européennes à assumer leurs responsabilités immédiatement et soutenir véritablement son industrie renouvelable.