Le partage d’énergie à Bruxelles, c’est parti !

Le Parlement bruxellois a adopté une importante réforme des marchés de l’énergie bruxellois qui entrera en vigueur début avril. Tous les Bruxellois peuvent désormais rejoindre une Communauté d’énergie, et se protéger ainsi de l’inflation. Un nouveau moyen efficace de lutter contre la précarité énergétique.

La hausse généralisée des prix de l’énergie préoccupe – à juste titre – de nombreux ménages et mobilise l’attention politique. 

Depuis 7 mois, l’inflation a gagné le marché international de l’énergie, en raison de la hausse des prix du carbone et surtout des combustibles fossiles (le gaz en premier lieu). A cela s’ajoute aujourd’hui la guerre en Ukraine et la perspective d’une réduction ou d’un boycott des hydrocarbures russes, ce qui bouleverse la géopolitique énergétique européenne. 

Or il n’a jamais été aussi clair que l’énergie la moins chère à produire (chaleur et électricité confondue), c’est l’énergie renouvelable. 

Elargir et démocratiser l’accès direct aux énergies renouvelables, via l’autoproduction locale, permet de s’affranchir du marché international de l’énergie – et ses fluctuations de prix – et de maîtriser sa facture énergétique moyen et à long terme. 

Vive les Communautés d’énergie !

Soutenu par deux directives européennes, le principe des Communautés d’énergie permet précisément de partager une production locale d’électricité – par exemple une école équipée de panneaux photovoltaïques – avec des consommateurs à proximité (ménages, entreprises, administration, …), à un tarif avantageux. 

Des projets-pilotes existent déjà en Belgique, notamment à Bruxelles, avec une dimension sociale et solidaire (lire notre article Des logements sociaux à St-Gilles mettent leur énergie en commun). 

Le partage d’énergie au sein d’un bâtiment ou au sein d’une Communauté offre ainsi des solutions collectives aux nombreux Bruxellois qui ne peuvent pas produire eux-mêmes une électricité solaire, par manque de moyens financiers ou d’accès à une toiture. 

Il s’agit donc d’une grande avancée pour la démocratie énergétique ! 

Une ordonnance bruxelloise 

Le Parlement bruxellois vient précisément d’adopter un cadre légal. 

En effet, une ordonnance, qui entrera en vigueur début avril, rend possible le partage d’énergie entre clients actifs et la création de Communautés d’énergie. 

Cette ordonnance sert également de base légale pour : 

  • Un accompagnement ambitieux pour la rénovation du bâti public (Renoclick). 
  • L’installation de bornes pour véhicules électriques (Chargyclick). 
  • Le déploiement progressif des compteurs intelligents (nécessaires au partage d’énergie).  

Elle contient aussi un renforcement de l’accès à l’énergie : 

  • La « fourniture garantie », qui protège les plus précarisés et garantit un accès à l’énergie. 
  • Suppression des limiteurs de puissance (coûteux et inefficaces). 
  • Simplification et automatisation d’accès au statut de client protégé. 

La Wallonie devrait également adopter un cadre légal d’ici mi-2022. 

Lutter contre la précarité énergétique  

En Belgique, un ménage sur 5 se trouve en situation de précarité énergétique (logement mal isolé, facture d’énergie disproportionnée, …). 

En Wallonie et à Bruxelles, la réalité concerne même un ménage sur 4. 

Les Communautés d’énergie deviennent ainsi un moyen de lutter contre la précarité énergétique. 

En effet, ce nouvel acteur peut désormais faciliter l’accès à l’autoproduction collective d’énergie et la rénovation énergétique. 

Une Communauté d’énergie doit – légalement – poursuivre des objectifs notamment sociaux et économiques, plutôt que la recherche de profit. Les membres d’une Communauté peuvent ainsi se donner pour objectif prioritaire de lutter contre la précarité énergétique (lire notre article Les Communauté d’énergie veulent lutter contre la précarité énergétique).

Meilleure connaissance de l’électricité  

L’électricité est devenue un enjeu majeur de notre vie quotidienne, vu la nécessité d’évoluer vers des énergies bas carbones et de réduire sa consommation, mais aussi de faire face à des prix de plus en plus élevés.  

Or, participer à un partage d’électricité, permet de mieux connaitre le fonctionnement du réseau électrique, le rôle des acteurs du marché de l’énergie, … mais aussi de mieux comprendre et appréhender la démarche d’adapter sa consommation en fonction de la production variable d’électricité renouvelable. Démarche vers laquelle on va de plus en plus évoluer, vu la part grandissante d’électricité produite grâce au vent ou au soleil qui ne sont pas disponible de manière continue.  

Enfin, la participation à un partage d’électricité permet également à un consommateur de s’intéresser à sa consommation d’électricité et de mieux comprendre là où des économies d’électricité sont possibles.  

Un service pour faciliter les projets 

Pour aider les Bruxellois.e.s à initier leur Communauté locale d’énergie, la Région bruxelloise a mis sur place un service de Facilitateur des projets de Communautés et de partage d’énergie

Tout citoyen, entreprise ou pouvoir public situés à Bruxelles peuvent solliciter leurs conseils.