La Belgique et le Royaume Uni sont désormais interconnectés

Les deux pays pourront s’échanger leurs productions d’électricité, grâce à la nouvelle interconnexion Nemo. Une bonne nouvelle pour l’intégration des énergies renouvelables dans les réseaux électriques européens.

La Belgique et le Royaume Uni ont officiellement inauguré le 5 décembre 2018 la première interconnexion électrique entre les deux pays, baptisée Nemo Link.

Les gestionnaires de réseaux belge (Elia) et anglais (National Grid) ont travaillé ensemble durant 10 ans pour relever les nombreux défis techniques.

Un câble de 140 km (dont 130 km en mer) relie désormais les réseaux électriques anglais et belge. Il permettra le transport de 1.000 MW d’électricité dans les deux sens, ce qui constitue à peu près la puissance d’une centrale nucléaire.

Le câble, conçu au japon, est unique au monde par son niveau de tension (400 kV) et le matériel exceptionnel utilisé pour son isolation. C’est la première fois qu’Elia utilisera un câble en courant continu à haute tension – plus adapté aux longues distances.

Les stations de conversion de Richborough (RU) et Herdersbrug (BE) transformeront ce courant continu en courant alternatif pour les consommateurs.

Une route maritime …explosive

Le câble Nemo Link est construit sur l’une des routes maritimes les plus fréquentées de la planète. Pendant des centaines d’années, la Manche a été le théâtre de certains des moments les plus dramatiques de notre histoire commune, dont les deux guerres mondiales.

Le chemin du câble de Nemo Link a dû être minutieusement examiné afin notamment de respecter ce patrimoine historique. Les travaux ont par exemple découvert un canon anglais du 17ème siècle et le tracé a dû contourner les restes d’un bombardier américain (Boeing B-17).

Il s’agissait également de détecter les explosifs. Pour garantir la sécurité des travailleurs, 46 bombes ont ainsi dû être neutralisées. Nemo Link a travaillé en étroite collaboration avec les différents gouvernements et services militaires de Belgique, du Royaume-Uni et de France.

Le Royaume Uni compte déjà 8 GW d’éolien offshore. Les surplus de production pourront désormais alimenter le réseau belge via Nemo Link. © Orsted.

Meilleure intégration des productions renouvelables

Nemo Link est actuellement en phase test et entrera en service au premier trimestre 2019.

Cette interconnexion est une bonne nouvelle pour la sécurité d’approvisionnement des réseaux électriques belges et anglais et pour l’intégration des énergies renouvelables.

Selon Wind Europe, cette interconnexion boostera l’éolien offshore en mer du Nord. La fédération rappelle dans un communiqué que le potentiel éolien en mer du Nord peut en effet couvrir jusqu’à 80% de la demande d’électricité en Europe. L’éolien offshore y est en forte croissance et représente déjà près de 8 GW au Royaume Uni et 1 GW en Belgique (lire notre article L’éolien en mer du Nord monte en puissance).

Une meilleure interconnexion des réseaux européens permet donc de transporter les surplus des productions renouvelables locales vers les régions où la demande d’électricité est plus forte. A terme, un super réseau européen pourra donc intégrer 100% d’électricité renouvelables, produites localement selon les potentiels et conditions météo de chaque région.

Selon Wind Europe, l’inauguration du projet Nemo Link arrive à un moment crucial car les autorités européennes négocient actuellement une réforme du marché de l’électricité, qui impactera fortement l’utilisation des interconnexions en Europe.

Le Royaume Uni est déjà interconnecté avec la France et les Pays-Bas, tandis que de nouvelles interconnexions sont prévues vers la Norvège, le Danemark et un 2ème accès vers la France.

La Belgique, quant à elle, sera également connectée à l’Allemagne en 2020 (projet ALEGrO, 1.000 MW).

Signalons enfin que chaque interconnexion peut influencer les prix de l’électricité sur les deux marchés interconnectés. Selon Wind Europe, Nemo Link devrait pousser les prix à la baisse en Belgique et au Royaume Uni – mais d’autres experts sont plus nuancés (lire cette analyse de L’Echo).

En tout cas, le décalage horaire entre ces deux pays devrait permettre de réduire les prix pendant les pics de consommation d’électricité.