Vers un éclairage public plus économe et plus discret

Les communes wallonnes vont remplacer leurs luminaires énergivores par la technologie LED. Mais c’est également l’occasion de supprimer les éclairages superflus qui nuisent à la biodiversité.

En Wallonie, le parc communal d’éclairage public est constitué de technologies anciennes, énergivores et coûteuses. Il représente encore plus de la moitié de la facture d’électricité des communes ! 

On dénombre 19 lampadaires pour 100 habitants, contre 12 en moyenne en Europe. Et la tendance est à la hausse : l’éclairage public a plus que doublé ces 25 dernières années. 

Or le développement et la maturité de la technologie LED ouvre désormais de belles perspectives d’économies d’énergie et de coûts. 

Soutenues par le gouvernement wallon, les communes wallonnes vont procéder au remplacement des 585.000 luminaires public sur une période de 10 ans – soit 60.000 luminaires par an jusqu’en 2030. Elles réduiront ainsi leur consommation d’électricité pour l’éclairage public d’environ 60%, associé à une économie financière similaire et une importante diminution de leurs émissions de CO2

Le programme POLLEC (Politique Locale Energie Climat) prévoit des subsides pour aider les communes à mener à bien ce chantier. 

Limiter l’impact sur la biodiversité 

L’éclairage nocturne a un effet négatif sur la faune.

Les projets financés devront notamment porter sur le remplacement, l’adaptation et/ou la suppression de l’éclairage aux abords des bâtiments et monuments publics et dans les sites naturels, afin de limiter l’impact sur la biodiversité. 

Depuis quelques décennies, on observe une augmentation importante de points lumineux, y compris en site naturel ou à proximité. Les effets de cette pollution lumineuse sur la faune sont globalement négatifs. 

En effet, les lumières urbaines jouent un rôle d’attraction / répulsion chez diverses espèces animales (les insectes, les oiseaux, les chauves-souris, les batraciens). Elles perturbent leurs déplacements et leurs comportements alimentaires modifiant l’équilibre naturel. 

Néanmoins, les évolutions technologiques dans le domaine de l’éclairage, l’adoption de règles simples et une utilisation parcimonieuse permettent de limiter ces impacts négatifs. 

De même, l’éclairage nocturne d’édifices tels que les églises, citadelles, châteaux … ou tunnels doit être évité ou analysé avec précaution car ils sont susceptibles d’être le gîte d’espèces sensibles à la lumière comme les chauves-souris ou les rapaces nocturnes. 

Repenser l’éclairage 

Cette opération de relighting est également l’occasion de repenser l’éclairage public communal. 

Le programme POLLEC finance donc aussi les analyses globales du territoire qui permettent de supprimer les points lumineux superflus, sur base d’une cartographie. 

Historiquement, l’apparition de l’éclairage urbain a permis de rendre les rues plus sûres. Mais cela n’est plus vrai aujourd’hui. 

En Wallonie, la commune de Chaumont-Gistoux a complètement repensé son éclairage public et explique sa démarche sur cette page

Voici quelques éléments de leurs réflexions. 

Les scientifiques et les nombreux plans lumières de grandes villes nous montrent qu’éclairage public ne rime pas forcément avec sécurité. Ainsi, la grande majorité des cambriolages ont lieu en journée, lorsque les occupants sont au travail. De même, les accidents de nuit sur la route se produisent le plus souvent sur des voiries …éclairées. Les causes sont la vitesse (favorisée par des routes éclairées), l’alcool ou les stupéfiants, l’endormissement au volant et les conditions climatiques. 

Cette association « éclairage public = sécurité » est ancrée en nous. De même que l’association « espace public non éclairé = peur ». La sécurité est une chose, le sentiment de sécurité ou notre peur en est une autre. 

La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : voulons-nous maintenir, voire renforcer, un éclairage coûteux, gros consommateur d’énergie et grand émetteur de CO2 dont on conclut qu’il n’améliore pas notre sécurité, si ce n’est qu’il contribue, à la surface, à notre sentiment de sécurité ? 

La commune a donc opté pour la suppression de nombreux points lumineux superflus et ciblé l’éclairage sur les lieux où il renforce réellement la sécurité, tels que les passages piétons. 

Nous conseillons également le témoignage de la commune de Viroinval, qui a déjà remplacé tous ses luminaires par la technologie LED (lire notre article Eclairage public en Wallonie : 100% LED d’ici 2030).