Mieux consommer l'énergie plutôt que d'en produire plus, c'est la vision de negaWatt partagée à travers la publication et la diffusion de scénarios énergétiques ambitieux. Découvrons celui pour la Belgique.
L’histoire de negaWatt a commencé en 2001, en France, par la création d’une association sans but lucratif. Elle promeut trois piliers pour notre futur énergétique : la sobriété, l’efficacité et les renouvelables.
Depuis, l’association a publié 5 scénarios de transition énergétique pour la France, de plus en plus poussés et détaillés. Une version européenne nommée CLEVER (Collaborative Low Energy Vision fot the European Region) a également été élaborée, et en mettant l’accent sur la demande énergétique, elle permet d’atteindre d’ici 2050 une neutralité carbone, 100% de souveraineté énergétique, et une production 100% renouvelable.
Ce scénario européen a été construit avec tout un réseau de partenaires afin de correctement prendre en compte les particularités locales. En Belgique, ceci a été réalisé par l’ICCED et negaWatt Belgium, qui a récemment présenté son scénario spécifique à la Belgique en se basant sur les travaux déjà réalisés, et qui pourra, en retour, affiner le modèle européen.
La démarche negaWatt
La plupart des scénarios énergétiques envisagent la demande en énergie comme une donnée fixe, là où la démarche negaWatt Belgium propose de la considérer comme un choix politique et travaille sur la demande avant d’envisager la production.

La démarche sobriété – efficacité – renouvelable peut être illustrée en s’intéressant au secteur du chauffage résidentiel. Les mesures de sobriété envisagées à l’horizon 2050 sont les suivantes :
- Surface chauffée par personne : la surface moyenne chauffée par personne a tendance à augmenter suite à la réduction de la taille des familles, mais l’hypothèse faite est que celle-ci restera stable à 50m²/cap
- Température désirée : diminuée de 21°C à 19°C
Les mesures d’efficacité considérées comprennent :
- Performance énergétique des bâtiments : la quantité d’énergie nécessaire pour chauffer un bâtiment passe de 90 à 63 kWh/m², supposant un taux de rénovation de 3%/an
- Technologie de chauffage : remplacement des technologies de chauffages par des pompes à chaleur à 82%
- Efficacité des systèmes de chauffage : coefficient de performance augmenté de 2,5 à 3,5.
Ces mesures permettraient de réduire la consommation d’énergie du secteur de 65 TWh à 19 TWh en 2025, soit une réduction totale de 71%.
Cette réflexion a également été appliquée aux secteurs de l’agriculture, du tertiaire, de la mobilité et du transport, de l’industrie et de l’aviation. Ceux du transport maritime et des émissions importées via les biens n’ont pas été inclus.
Principales conclusions
Le scénario negaWatt Belgium aboutit à un système énergétique 100% renouvelable qui se repose néanmoins sur des importations voisines .
Quatre conclusions majeures se dégagent du scénario :
Premièrement, l’approche negaWatt permet d’aboutir à un système moins cher que les alternatives, grâce aux plus faibles dépenses en carburant et à la baisse des coûts associés à un système énergétique de plus petite envergure.
Deuxièmement, malgré que le territoire Belge soit trop densément peuplé pour une autonomie complète, 4 fois moins d’énergie devra être importée de nos voisins et la part de production locale doublée.
Ensuite, ce scénario est réaliste car contrairement aux autres, il est 100% renouvelable et ne dépend pas de technologies de capture de carbone, qui rencontrent encore des difficultés majeures de développement à échelle industrielle. Le développement des sources renouvelables est bien inférieur au potentiel technique théorique.
Finalement, le scénario favorise le développement de solutions collectives et soutient un accès à une énergie durable même pour les plus précarisés. Une réduction de la consommation belge permet l’augmentation d’autre pays, sans franchir les frontières planétaires.
Le scénario negaWatt Belgium est à découvrir dans son intégralité ici.