La mer, un nouveau système de climatisation ? Grâce à l’utilisation de l’eau froide des profondeurs, c’est ce que permet le SWAC, un système innovant pour climatiser durablement les bâtiments.
Sous nos latitudes, lorsqu’on parle de confort thermique, on pense souvent à la géothermie pour chauffer nos logements. Mais qu’en est-il des habitants des régions plus chaudes situées le long des côtes, par exemple ? Certaines d’entre elles pourraient bientôt profiter du SWAC, une sorte de pompe à…fraîcheur.
Encore trop peu exploité, le potentiel d’énergie renouvelable que représente la mer est pourtant très prometteur, notamment pour décarboner le chauffage et la climatisation des bâtiments. La gestion de la température dans les bâtiments devient un enjeu important, à la fois sur les plans environnemental et énergétique. Qu’il s’agisse de chauffer ou de climatiser, ces deux utilisations sont énergivores et polluantes. Selon EMBER, la consommation d’électricité a, d’ailleurs, légèrement augmenté, en partie à cause de la multiplication des climatiseurs. Hausse fatalement liée à celle des températures, elle-même conséquence, entre autres, de l’usage des énergies fossiles et de la pollution associée. La nécessité de rapidement développer des solutions alternatives et renouvelables est donc grande.
Une de ces possibilités est le SWAC (Sea Water Air Conditioning), soit la climatisation avec de l’eau de mer froide.
La première étape consiste à pomper, vers la côte via des tuyaux sous-marins, de l’eau de mer très froide, généralement située entre 800 et 1000 mètres de profondeur. Cette fraîcheur est utilisée pour refroidir un circuit fermé d’eau douce, ensuite acheminée dans les bâtiments afin d’alimenter les systèmes de climatisation.
L’eau de mer et l’eau douce ne se mélangent jamais. Alors, comment la seconde est-elle refroidie ? Grâce à un échangeur de chaleur, qui transfère la fraîcheur de l’eau de mer à travers une paroi conductrice (généralement en inox ou en titane). L’eau de mer, un peu plus chaude après ce processus, est renvoyée en profondeur, à un niveau où ce rejet n’aura pas d’impact significatif sur les écosystèmes.

Le SWAC, déjà testé quelque part ?
Testé et en activité depuis l’été 2022, le système du SWAC assure la climatisation du centre hospitalier de Taaone, à Tahiti. L’utilisation de cette technologie permettra à Tahiti d’éviter l’émission de 5000 tonnes de CO2 par an ainsi qu’une économie de 2% sur sa consommation électrique, sans parler des économies financières estimées à 300 millions cfp, soit environ 2,5 millions d’euros. Le secteur du tourisme profite aussi des bénéfices du SWAC puisqu’à Tetiaroa et à Bora Bora, des hôtels utilisent ce système pour refroidir leurs logements, réduisant jusqu’à 80% de sa consommation d’énergie pour le premier.
Un savoir-faire à bientôt répliquer et exporter là où il est possible et nécessaire ? Bien que ce système ne concernerait « que » les populations des zones côtières, le SWAC représente une solution concrète pour réduire l’empreinte carbone de la climatisation dans ces zones. En remplaçant les climatiseurs classiques, très gourmands en électricité souvent produite à partir d’énergies fossiles, ce système permet de concilier confort thermique et transition énergétique.