La biométhanisation aussi, évolue

Biométhanisation 2.0... Productions combinées. Exemple à Mettet avec le nouveau projet Walvert.

Il y a quelques jours de cela, à Mettet, la société Walvert posait la première pierre de sa nouvelle unité de biométhanisation. Une unité qui semble s’inscrire dans la bonne voie : celle de rencontrer les besoins du plus grand nombre tout en réduisant au maximum les nuisances et, partant, les oppositions au projet.

Un projet agricole avant tout

Qui dit biométhanisation agricole dit…agriculteurs. En effet, sans un minimum de lettres d’intentions signées (c’est à dire des documents dans lesquels les agriculteurs de la région s’engagent à venir fournir des intrants pour une certaine période), pareil projet n’est pas viable. Heureusement, ici, avec 85% de la superficie de la commune de Mettet vouée à l’agriculture, les offres ne manquent pas. Surtout dans un cadre win-win tel que celui-ci. Pour l’agriculteur en effet, venir déposer ses intrants et récupérer du digestat a plus d’un avantage. A commencer par sa valorisation. Chaque kilo (ou tonne) d’intrant amené sur le site est en effet valorisé selon différents paramètres que sont, entre autres, la valeur de référence du marché (souvent variable localement) ou la valeur méthanogène. Idem à la sortie ou, pour ceux qui reprennent du digestat, celui-ci sera valorisé selon sa composition.

Autre argument favorable aux agriculteurs, c’est cette possibilité de venir déposer leurs intrants et de, au moment de l’épandage, venir rechercher ce qu’il leur faut. Et ceci n’est pas anodin car la règlementation sur les périodes d’épandages est de plus en plus stricte et impose donc des calendriers rigoureux avec lesquels, composer sans pareils stocks à disposition n’est pas toujours aisé. Cerise sur le compost, le digestat, à l’inverse des intrants amenés, ne dégage plus d’odeur et permet donc de réduire les nuisances olfactives lors de l’épandage.

source: Walvert

Ici, ça gaze !

Les agriculteurs amènent la matière sur le site, pèsent et caractérisent les intrants sur le pont bascule (4) pour ensuite décharger, selon la nature, en zone stockage tampon pour le fumier (5), en stockage d’ensilage (6), dans la cuve pour les matières huileuses (7) ou injectent directement dans la préfosse enterrée pour le lisier (8). Une fois ces intrants amenés, ils sont introduits dans le digesteur qui va les « biométhaniser » pour produire du gaz. Les matières organiques contenues dans les intrants, sont dégradées par des micro-organismes  » des bactéries  » qui travaillent en absence d’air  » Anaérobie ». C’est pourquoi les cuves des digesteurs ressemble à de grands ballons gonflés, c’est pour rendre la cuve étanche à l’air tout en permettant au gaz de s’expandre. L’automation et la régulation des deux produits issus du processus de la biométhanisation, le biogaz et les flux de digestat (fertilisant, compost) s’effectuent dans le local technique (11). Le biogaz est valorisé dans le moteur de cogénération (12) et le digestat est acheminé vers le post digesteur (13). Le digestat est séparé en deux phases (liquide et solide) (14) avec le stockage du digestat liquide (15) et du digestat solide (16). Le biogaz valorisé dans le moteur de cogénération (12) génère de l’électricité, directement injectée dans le réseau ORES, et de la chaleur valorisée sur site pour chauffer le digesteur (10) et sécher des plaquettes de bois (pour chaudières biomasse) via les containeurs sécheurs sur site (17). L’excédent de la chaleur est valorisé dans un réseau de chaleur externe pour alimenter des bâtiments publics (centre sportif) et PME du zoning de Mettet. Lors de la maintenance et donc l’arrêt du moteur de cogénération, le biogaz est brûlé dans la torchère (18). Le site est autonome en eau en ne récupérant que l’eau de pluie via le bassin d’eau (19).

Source: Walvert

Commune, entreprises et même sportifs en profitent

Ici, c’est surtout la double option chaleur – électricité qui a été retenue, en concertation tant avec la commune qu’avec ses habitants mais aussi et surtout les entreprises de son zoning voisin. Celles-ci, tout comme le centre sportif, bénéficieront de la récupération de chaleur ainsi dégagée et devraient, d’après les premières estimations, économiser au total plus de 300.000 litres de mazout chaque année en chauffage. De même, la production d’électricité sera injectée dans le réseau Orès à raison de 5.000 MWH/an et/ou mise à disposition au travers d’une communauté et de partage d’énergies si, d’ici là, la réglementation wallonne s’aligne (enfin) sur ce qui est déjà possible tant en Flandre qu’à Bruxelles.

source: Walvert

Oui mais…

Les points d’achoppement du processus décisionnel des communes et communautés riveraines lors de l’étude de ce genre de projet sont bien souvent les mêmes : le bruit, les odeurs, le charroi et…les cultures dédiées. Sur le premier point, Jonathan Blondeel, CEO de Walvert, se veut rassurant ici : à 10 mètres du principal émetteur sonore, à savoir le moteur de cogénération, le bruit n’est que de 55 décibels…au milieu des champs. A titre de comparaison, les aspirateurs les plus silencieux du marché émettent en moyenne à minima 65 décibels. S’agissant des odeurs, seules les remorques entrant avec des intrants pourraient éventuellement en dégager durant leur arrivée car une fois sur le site, tout est stocké dans les digesteurs (étanches) avant de ressortir sous forme de digestat totalement inodore. Quant au charroi, même avec des besoins qui vont avoisiner 15.000 tonnes par an, cela ne représente que deux à trois tracteurs par jour. Une vingtaine d’agriculteurs, provenant tous d’un rayon de 10 Km maximum, sont concernés dans un premier temps. Et à ceux qui craignent que des cultures intensives de maïs ou autres cultures alimentaires dédiées (nécessaire pour la bonne méthanisation) ne soient exigées, ici l’on répond que contrairement à certains autres projets, la proportion de maïs (ou de cultures alimentaires dédiées) n’excèdera pas les 20 % (avec un engagement à réduire ce plafond à 10% dans les 5 prochaines années) d’une part et que, de l’autre, tout sera fait pour remplacer cet approvisionnement par des alternatives telles que les déchets verts de la commune et des citoyens (via le recyparc). On pourra donc y retrouver intrants agricoles mais aussi lisiers, déchets verts communaux ou mêmes tontes de pelouse par exemple.

Un suivi qui sera de toutes façons opéré par le Comité transversal de la Biomasse – Site énergie du Service public de Wallonie dont la mission est de donner un avis sur la durabilité du projet analysée sous l’angle de ses intrants (notamment par rapport à la priorité des usages de la biomasse) afin d’éviter, ici aussi, les abus du passé.