Diminution CO2 : l’impact des énergies renouvelables sur le mix électrique belge

Baisse CO2 énergies renouvelables

La part des énergies renouvelables dans le mix électrique belge ne cesse d’augmenter. Mais qu’en est-il des émissions de CO2 associées ?

Un des avantages : bas carbone

Bien que cela puisse sembler évident, l’un des principaux avantages de la production d’électricité renouvelable est l’absence totale d’émissions de CO2 pendant la durée de vie des systèmes de production, c’est-à-dire, la période de production d’énergie renouvelable et non de la fabrication des outils. En 2023, en Belgique, l’augmentation de la production d’énergie solaire et éolienne a permis de réduire l’intensité carbone du mix électrique en raison, principalement, de la diminution de la sollicitation des centrales au gaz.

Cette réduction de l’intensité carbone, grâce à la production solaire et éolienne, peut être constatée et démontrée en comparant les années 2020 et 2023. Mais avant d’aborder les autres raisons qui pourraient expliquer cette baisse, en dehors du renouvelable, arrêtons-nous sur quelques chiffres.

2023, une diminution des émissions de CO2 de 22%

Selon les données du site Electricity Maps, référence en la matière, la Belgique est passée d’une intensité carbone de 222 gr équivalents de CO2 par kWh produit en 2020, à 174 gCO2eq/kWh en 2023. Une baisse de 22% qui s’expliquerait, exclusivement, par la production grandissante des énergies renouvelables. La production solaire est passée de 4,5% en 2020 à 7,7% en 2023, tandis que la production éolienne a progressé, elle, de 11,6 à 15,1%. La production par les centrales au gaz naturel est passée de 25,1% en 2020 à 15,9% en 2023.

intensité carbone

Dans son suivi statistique de la consommation de gaz naturel par les centrales électriques, le SPF économie montre également que, mis à part février 2023, les consommations de tous les autres mois de l’années sont inférieures aux moyennes des années précédentes.

Source : SPF Economie

« Une baisse exclusivement due à la production des énergies renouvelables, vous dites ? Mais les maths ne sont cependant pas correctes : + 5% en renouvelable, – 9,2% en gaz naturel… ». On vous fait le calcul juste dans le paragraphe suivant.

« C’est à cause de la diminution de la consommation ! »

La crise énergétique a effectivement entraîné une diminution de notre consommation d’électricité. Cela fait de 2023 l’année la plus faible de consommation depuis 2009 et l’impact de la crise financière. L’année 2020, marquée par la pandémie de Covid-19, n’était pas, non plus, en reste en termes de recul de la consommation d’électricité. Mais les données provisoires d’Elia sont claires : notre consommation de 2023 (78,4 TWh) est en recul par rapport à 2020 (81,2 TWh).

Avec cette consommation en moins, les maths deviennent correctes si on ajoute l’augmentation des productions solaires et éoliennes, voir ci-dessous

20202023Différence 2020 – 2023
Production solaire, éolienne et biomasse20,8%25,8%+5%
Stockage hydro (Coo)0,4%0,2%-0,2%
Consommation totale81,2 TWh78,4 TWh-3,5%
Inconnu*-0,5%
Production centrales gaz25,1%15,9%-9,2%
Sources : Elia et Electricity Maps

*Ici, deux sources d’incertitude se présentent :

  1. Ce que les prosumers injectent dans le réseau sans être pris en compte dans les contrats de vente.
  2. Le retard dans la capacité d’Elia à actualiser de manière précise, et au jour le jour, les statistiques des capacités solaires installées en Belgique.

« C’est grâce à une meilleure production nucléaire ! »

Absolument pas. Suivant le site eurelectric, la production d’énergie nucléaire en Belgique est même légèrement inférieure en 2023 (33,2 TWh) par rapport à 2020 (34,4 TWh). Ces différences devraient, au contraire, alourdir l’intensité carbone de notre mix étant donné que le nucléaire ancien a une intensité carbone très faible.

« C’est alors grâce aux importations françaises, meilleures en 2023 qu’en 2020 ! »

Un argument qui revient souvent est que le mix électrique belge bénéficie de l’électricité bas-carbone fournie par les centrales nucléaires françaises. Analyser cet aspect est souvent très complexe car les échanges transfrontaliers sont, dans la réalité, très dynamiques. La Belgique est, en permanence, engagée dans un flux d’électricité en provenance et à destination de 5 autres pays. Cet état changeant toutes les 15 minutes.

Le site suivant permet de visualiser les bilans « exportations – importations » d’électricité (si la balance commerciale est négative, nous importons, et si elle est positive, nous exportons).

balance commerciale électricité Belgique
Source : LowCarbonPower

Elia montre qu’en 2020, la Belgique était exportatrice nette d’électricité pour 0,3 TWh. En 2023, avec 2,9 TWh, nos importations se portent à 3,6% de la consommation totale. Nous pouvons cependant considérer ces importations comme négligeables au regard de leur impact intensité carbone. En effet une importation bas carbone en 2023, éventuellement 100% française, était compensée, en 2020 en matière d’intensité CO2, par la production légèrement supérieure des centrales nucléaires belges.

Ce n’est donc pas, non plus, la qualité de la balance commerciale électrique annuelle qui a impacté l’intensité carbone du mix électrique belge en 2023.

« C’est à cause de la pluie ! »

Nous sommes d’accord : la météo en 2023 a été mauvaise. Ce n’est cependant pas une année particulière en matière d’hydraulique. 2020, caractérisée par des inondations en été, a connu de fortes pluies également. De plus, la production hydraulique est relativement stable en Belgique d’une année à l’autre. Il n’y a quasiment plus d’installations de nouvelles puissances car tous les sites (exclusivement wallons) sont déjà équipés. Avec 225 GWh produits grâce à l’eau de nos rivières, 2023 est à peine en dessous des 234 GWh de 2020. Ce n’est donc pas, non plus, la production hydraulique qui a impacté l’intensité carbone du mix électrique belge, par rapport à 2020.

« C’est donc grâce au solaire et à l’éolien ? Mais non ! »

Mais si. On peut le tourner dans tous les sens, ce sont bien les plus importantes productions renouvelables de 2023, combinées à une diminution de la consommation qui, en évitant le recours au gaz naturel, ont considérablement diminué l’intensité carbone de la Belgique dans son mix électrique.

Et c’est même, plus précisément en ce qui concerne le renouvelable, l’éolien et le solaire, combinés, qui permettent cette évolution. En effet, la production biomasse (par ailleurs créditée d’une intensité carbone de 230 gCO2eq/kWh) a fortement diminué, après l’arrêt de plusieurs centrales aux pellets, ces dernières années.

En matière d’intensité carbone, on peut donc objectivement dire que l’augmentation de la production solaire et éolienne a bien eu un impact positif.