A Uccle, un bâtiment chauffé et refroidi …grâce aux égouts

Le nouveau centre administratif communal récupère la chaleur ou la fraîcheur des eaux d’égouttage pour les transformer en énergie de chauffage ou de refroidissement selon les saisons. Avec un procédé innovant en riothermie. 

Le nouveau centre administratif de Uccle, baptisé bâtiment U, est une rénovation basse énergie certifiée exemplaire par la Région bruxelloise. 

Sa caractéristique la plus innovante consiste à utiliser notamment la riothermie pour se chauffer ou se refroidir.  

Ce procédé permet de récupérer la chaleur ou la fraîcheur des eaux d’égouttage pour les transformer en énergie de chauffage ou de refroidissement selon les saisons.  

L’intercommunal VIVAQUA, qui gère 1.900 km d’égouts à Bruxelles, teste ici un projet pilote.

 

Comment fonctionne la riothermie ? 

 

A l’origine du projet, ce constat : lorsqu’il fait froid en hiver, il fait plus chaud dans l’égout et inversement, quand il fait chaud en été, il fait frais dans l’égout. En effet, la température des eaux rejetées par les habitations est relativement constante.  

La riothermie consiste dès lors à extraire les calories via un échangeur à chaleur placé dans le réseau d’égouttage, pour ensuite les injecter, à faible renfort énergétique, dans une pompe à chaleur à haut rendement. Le recours à l’énergie fossile s’en retrouve proportionnellement diminué. 

Généralement, ce procédé est coûteux car les composants de l’échangeur à chaleur (inox, aluminium) doivent être résistants au milieu corrosif que constituent les égouts, être robustes pour résister aux flux d’eaux usées et posséder un haut pouvoir de transmission calorifique. Ces installations, bien qu’eco-friendly, posent la question du retour sur investissement.  

 

Un procédé innovant 

 

VIVAQUA a dès lors conçu un procédé innovant, protégé par un brevet européen depuis 2018. Les matériaux utilisés – un tubulaire plastique rempli de fluide caloporteur – sont peu onéreux et résistent à l’environnement particulier qu’est un égout.  

Par ailleurs, VIVAQUA prévoit de rénover son réseau d’égouttage à raison de 20 à 25 km par an et profitera des travaux pour incorporer des échangeurs à chaleur, ce qui représente un surcoût marginal. 

Si, à première vue, le procédé aux matériaux basiques et peu coûteux se montre sous-performant, il suffira, selon VIVAQUA, de le combiner à d’autres facteurs pour obtenir un résultat intéressant. Ces facteurs sont :  

  • le  partage/l’utilisation d’une canalisation du réseau d’égouttage via une réhabilitation du réseau (en opposition avec un coûteux détournement de réseau pour y placer un échangeur onéreux projet par projet); 
  • une  grande  longueur de pose d’échangeur qui  compensera  le  côté  peu  conducteur  du plastique; 
  • une   indépendance   entre   les   nécessaires   rénovations   de   bâtiments,   pour   les   isoler correctement, et les nécessaires réhabilitations de réseau d’égout: VIVAQUA  prend  le  parti d’équiper les égouts sans avoir de client, ce qui est possible de par le faible surcout du placement des échangeurs. 

 

L’échangeur à chaleur conçu par VIVAQUA.

L’installation de l’échangeur à chaleur dans l’égout.

La pompe à chaleur.

 

Couvrir 25% des besoins en chaud/froid 

 

A Uccle, la riothermie devra permettre de fournir 25% des besoins en chaud/froid des 15.000 m² de ce nouveau centre administratif.  

Dans le viseur : des économies de consommation énergétique fossile pour la commune (évaluées à 30.000 € par an), une diminution de 40 tonnes d’émissions de CO2 par an et un retour sur investissement en 15 ans. 

 

Couvrir tout Bruxelles ? 

 

A l’heure où les considérations climatiques se font pressantes et où la Commission européenne vise la neutralité climatique du continent en 2050, cette innovation devrait pouvoir s’imaginer à l’échelle du territoire bruxellois et, au-delà, inspirer de nombreux partenariats avec d’autres métropoles européennes, estime VIVAQUA.