2016, année charnière pour le véhicule électrique

L’année 2016 fut marquée en profondeur – au niveau mondial – par le boom du véhicule électrique : tous les constructeurs s'y mettent, l'autonomie atteint des records, la mobilité électrique devient un service intégré et la voiture autonome « sans chauffeur » débarque sur nos routes !

Le « scandale VW » se traduit par un boom des alternatives électriques

Révélé fin 2015, le « scandale VW » a surtout fait sentir ses répercussions pratiques en 2016. La plupart des constructeurs automobiles ont triché et menti sur les niveaux d’émission de CO2 de leurs modèles thermiques, bafouant ainsi  les normes environnementales qui leur sont légitimement imposées. La technologie des moteurs à explosion se voit largement ternie par ce « dieselgate », d’autant plus que le secteur automobile maintient un discours de déni, comme en témoigne ce reportage hilarant du Quotidien au mondial de l’automobile à Paris.

Pour retrouver une certaine crédibilité, les constructeurs misent désormais sur les modèles électriques ou hybrides. Fin 2016, toutes les grandes marques s’y mettent. Volkswagen annonce 5 modèles full électriques pour 2020. De son côté, Toyota se voit obligé de développer des modèles full électrique, pour ne pas rater ce nouveau marché, en attendant peut-être un déploiement de l’hydrogène sur lequel le japonais a principalement misé jusque-là.

Les alternatives sont sérieuses. Une voiture électrique consomme 3 fois moins d’énergie que son équivalent thermique pour effectuer le même trajet à la même vitesse. Et cette électricité peut, dès aujourd’hui, être issue des flux solaires et venteux, photovoltaïques et éoliens. Il est donc possible de rouler réellement propre et local.

Par ailleurs, les impacts politiques du « dieselgate » ont stimulé plusieurs villes ou Etats du monde à prendre des résolutions qui bannissent, à court ou moyen terme, certains types de motorisations polluantes. Le parlement flamand a ainsi adopté le 24 novembre dernier une résolution particulièrement ambitieuse, qui entend bannir les moteurs diesel et à essence : 50% des véhicules vendus en Flandre en 2030 seront électriques puis 100% en 2050.

300km d’autonomie électrique

En 2016, la populaire Renault Zoé, symbole de l’électrique « petite et pas cher », s’est vu équipée d’une batterie de plus de 40 kWh, avec le modèle ZE 40. Ceci double l’autonomie précédente de ce véhicule pour la porter à plus de 260 km en conditions réelles hivernales. Dans certaines conditions, le conducteur peut facilement envisager de passer les 300 km avec une seule charge (400km selon les normes NEDC). Le frein psychologique de l’autonomie est donc levé, même pour cette voiture électrique d’entrée de gamme. Vous pouvez même estimer votre autonomie sur le simulateur du constructeur.

Il faudra cependant débourser 23.000€ à l’achat et y ajouter la location des batteries pour minimum 75€ par mois.

Elon Musk construit un nouveau modèle énergétique

Elon Musk, entre autre CEO de Tesla Motors, est l’objet de tous les regards et de toutes les attentions et est LA personne qui porte le changement en matière de véhicule individuel en 2016.

Ce qui le distingue d’un autre patron d’usine de voiture, c’est le fait d’avoir totalement intégré le développement d’une voiture et sa dimension énergétique (renouvelable en l’occurrence). Cela dans un tout cohérent, une vision, parfois futuriste et à l’aube de sa démocratisation financière.

Usant de la posture « Soyons le changement que nous voulons voir » et en partageant sa vision via Tweeter, Elon Musk se pose en gourou communicant, ce qui, après Bill Gates et Steve Jobs, semble encore payer d’un point de vue commercial.

Pour résumer, nous pourrions dire qu’il est le meilleur acteur de la transition en 2016, ou en tout cas celui qui – l’avenir nous le dira – est en passe de révolutionner un secteur jusqu’il y a peu inébranlable. Il mène la transition de la théorie à la pratique, en créant l’ensemble des produits et des services nécessaires à installer durablement un nouveau marché de la mobilité électrique connectée à l’énergie.


Elon Musk construit un nouveau modèle de services énergétiques intégrés :

  • Production : Vous avez besoin de panneaux photovoltaïques ? Il vous en fabrique pour les intégrer sur la toiture de votre maison (voir cette vidéo de présentation et lire notre article Tesla mise sur SolarCity pour intégrer l’énergie solaire).
  • Financement : Vous avez besoin d’argent pour acheter ce système de production d’énergie ? Il vous propose un contrat de leasing de 20 ans.
  • Stockage : Vous avez besoin de stocker l’énergie solaire pour la soirée et la nuit ? Il vous propose une batterie domestique.
  • Mobilité : Vous avez besoin d’une voiture ? Il vous en construit une propre, pour moins cher qu’Audi (voir la Tesla model 3).
  • Recharge : Vous avez besoin de recharger votre véhicule électrique ? Il vous construit à cet effet un réseau mondial.

Ce modèle reste cependant confronté à deux énormes problèmes inhérents au transport individuel:

  • Trop de voitures, trop de kilomètres. La construction et la mise en circulation de véhicules – même électriques – est boulimique en énergie.
  • Au bout de la filière électrique, quid de la disponibilité du lithium contenu dans les batteries et de ses méthodes d’extraction ? Courrons-nous vers une nouvelle dépendance matérielle : après le pétrole, le lithium ?

Si la voiture n’est qu’un prétexte, pour ElonMusk, à nous vendre sa vision d’un service énergétique global, il y a sérieusement lieu de s’inquiéter au regard de ces limites.

Un élément, cependant, nous fait penser que la voiture ne sera bientôt plus uniquement un prétexte matériel. Cet élément est la perspective des véhicules autonomes.

Des voitures autonomes, sans chauffeur et sans voleurs !

En 2016, la voiture électrique autonome a fait son entrée avec fracas médiatique. Une voiture qui se conduit toute seule, sans chauffeur ! Certes, ce n’est pas encore pour demain, mais les premiers essais sont prometteurs et la voiture autonome porte en elle les germes d’un profond bouleversement de la mobilité individuelle.

Dans la perspective de l’autonomie du véhicule, l’idée même de sa propriété perd tout son sens puisque la disponibilité des voitures autonomes est assurée à tout moment et en tout endroit. Nul besoin de posséder une clé, une place de parking ou un garage « à soi », mais besoin d’un abonnement à un service.

Partagée entre les utilisateurs, la voiture électrique autonome pourrait augurer une diminution drastique du nombre de véhicules individuels – sous-utilisés – pour laisser place à un service venant cueillir ses utilisateurs à domicile, pour un voyage partagé à 2, 4, 6 ou 8 passagers.

Une telle évolution semble toute tracée, car la voiture autonome lève de nombreux obstacles :

  • Plus de problème de parking : la voiture autonome se gare moins souvent et, lorsqu’elle se gare, elle se gare seule.
  • Plus besoin de station fixe : la voiture autonome peut venir vous chercher à domicile. Elle ouvre la voie à une formule d’auto-partage accessible à tous.
  • Plus besoin de se préoccuper de la recharge : la voiture autonome pourra se raccorder, seule, à la borne, pour un rechargement ou pour une mise à disposition d’énergie.
  • Moins d’embouteillages : ce service induit le co-voiturage à grande échelle comme optimum économique.
  • Plus de vols : s’il n’y a plus d’acheteurs, il n’y a plus de voleurs non plus.

Ce mode de déplacement, flexible sur courtes et moyennes distances, offre une perspective de valorisation complémentaire et optimale des transports collectifs. Les trains et les bus, propres et bien remplis, relieront les pôles urbains et d’activités par les grands axes. Et les voitures électriques autonomes assureront les autres déplacements.

On vous l’avait dit : 2016 a ouvert de véritables perspectives pour la voiture électrique !