FlexMyHeat : la pompe à chaleur pour alléger le réseau électrique

L'électrification de la chaleur résidentielle pour décarboner nos logements se dessine. Les pompes à chaleur risquent d'augmenter la consommation en hiver sauf si elles sont pilotées intelligemment.

FlexMyHeat est un projet de recherche qui se concentre sur le potentiel de flexibilité des pompes à chaleur et du stockage décentralisé, en analysant comment leur pilotage à distance pourrait soulager le réseau électrique. Mené entre novembre 2023 et juin 2025 par différents acteurs académiques, publics et privés (imec, UGent, ORES, Elia, Energie Commune, Destore, LIFEPOWR, et Thomas & Piron), il a été soutenu financièrement par le Fonds pour la Transition Energétique fédéral.

Selon les prévisions, les pompes à chaleur pourraient fournir entre 40 et 90% de la chaleur en Belgique d’ici 2050. Dans le secteur résidentiel, ajouter une pompe à chaleur sans réglage intelligent peut augmenter la consommation d’électricité de 42% aux moments de pointe. Bien sûr, ce chiffre varie en fonction de son type (chauffage par le sol ou par radiateur, basse ou haute température) et en fonction de l’isolation thermique du bâtiment.

Concrètement, la pompe à chaleur va être pilotée en jouant sur la capacité du bâtiment à stocker la chaleur et la restituer lentement (inertie thermique). Par exemple, en hiver lorsqu’il fait 20°C dans le logement et que le chauffage est ensuite coupé, la température ne va pas chuter immédiatement car les murs et les meubles ont eux aussi emmagasiné de la chaleur et vont la transférer à l’air des pièces. Plus le logement est isolé, plus son inertie thermique sera grande.

On pourrait donc programmer la pompe à chaleur afin qu’elle chauffe au bon moment et non plus en continu. Cela tout en conservant un intervalle de températures acceptables pour les occupants et en profitant aussi des moments où l’électricité coûte moins cher, soit parce que l’habitation produit sa propre électricité grâce à des panneaux photovoltaïques, soit parce qu’elle est consommée aux heures où son prix est le plus bas (tarifs dynamiques). Dans ce contexte, un pilotage intelligent pourrait réduire le pic de consommation du ménage de 9 à14%, voire 25% en ajoutant un système de stockage thermique à changement de phase.

Et pour ne rien gâcher, le réseau électrique n’est pas le seul gagnant dans l’histoire puisque la facture de chauffage baisse également, sans parler de l’amélioration de l’autoconsommation photovoltaïque (si présence de panneaux solaires, bien sûr). Les émissions de CO2 baissent aussi puisque la pompe à chaleur a fonctionné à des moments où l’électricité était moins carbonée.

Des résultats encourageants pour passer à la gestion active et flexible de certains appareils électriques, même au niveau résidentiel.

Cependant, deux défis subsistent :

  1. En Belgique, les pompes à chaleur ne sont pas très attractives sur le plan économique, notamment à cause d’un prix élevé de l’électricité par rapport au gaz. En effet, le prix de l’électricité est 4,2 fois plus élevé que celui du gaz en Belgique, alors que ce rapport de prix est de 3,3 en Allemagne, 2,4 en France ou encore 1,7 aux Pays-Bas.

    Cela s’explique notamment par des taxes plus élevées sur l’électricité que sur le gaz. Cette particularité belge n’encourage pas l’électrification de certaines consommations, et cette imposition pourrait être adaptée pour rendre plus abordables ce type d’investissements.
  2. L’interopérabilité de différents appareils électriques, c’est-à-dire la capacité de pouvoir les faire fonctionner ensemble, reste à ce jour fort complexe, car les protocoles de communication entre eux ne sont pas encore suffisamment standardisés. Autrement dit, chaque fabricant conçoit le pilotage à sa manière, ce qui peut poser des problèmes si on veut piloter plusieurs appareils de façon intégrée (par exemple des véhicules électriques, des batteries, des boilers électriques, etc.).

    L’harmonisation des protocoles de communication est en cours, et des normes ISO voient le jour, mais cela reste actuellement un point de friction pour exploiter pleinement le potentiel des pompes à chaleur et autres appareils flexibles.

Pour plus d’informations sur les résultats de FlexMyHeat, vous pouvez les retrouver sur le site du projet, où les différents rapports et publications sont accessibles.