AdeqFlex : Elia plaide pour un réseau électrique flexible

Illustration du rapport AdeqFlex d’Elia sur un réseau électrique flexible en Belgique

En juin dernier, Elia, le gestionnaire du réseau haute tension en Belgique, publiait son étude sur l’adéquation et la flexibilité de notre réseau électrique pour la période 2026-2036.

Pour se décarboner, nos sociétés s’électrifient de plus en plus et doivent continuer à développer les énergies renouvelables. Mais pour s’adapter à ces nouveaux flux et usages énergétiques, il faudra aussi garantir la stabilité du réseau électrique en toutes circonstances. Qu’entend-on exactement par « adéquation » et « flexibilité » ?

  • L’adéquation désigne la capacité du réseau à fournir l’électricité nécessaire, y compris lors de pics de consommation ou d’imprévus.
  • La flexibilité désigne l’aptitude du réseau à s’adapter rapidement aux variations de production et de consommation liées, entre autres, à l’intégration croissante du solaire et de l’éolien.

Pour anticiper l’évolution du système électrique belge entre 2026 et 2036, Elia définit trois scénarios. Le scénario « Current Commitments » correspond aux engagements actuels de la Belgique. Le scénario « Constrained Transition » imagine une transition plus lente, freinée par des obstacles économiques, techniques et sociétaux. Enfin, le scénario « Prosumer Power » mise sur une adoption plus rapide des technologies vertes par les consommateurs (panneaux solaires, voitures électriques, pompes à chaleur, etc).

Les hypothèses et tendances du rapport d’Elia ont été élaborées en concertation avec les nombreuses parties prenantes.

Riche de plus de 260 pages et de nombreux détails, cet article en retient ici quelques points clés.

La sobriété comme levier de flexibilité

Le rapport présente la sobriété (« sufficiency »en anglais) comme un levier de flexibilité pour le réseau. Afin de ne pas confondre sobriété et efficience, les auteurs rappellent que la sobriété énergétique consiste à revoir nos besoins en énergie pour en consommer moins tout en assurant un niveau de confort satisfaisant. L’idée est d’ajuster nos consommations (énergie, matériaux, espace, etc.) pour qu’elles respectent les limites planétaires fixées par le GIEC.

Le rapport a quantifié l’impact de différentes mesures de sobriété, classées en changements comportementaux ou changement systémique (c’est-à-dire des changements de comportements comportementaux associés à des transformations structurelles).

  • D’une part, les changements comportementaux incluent, entre autres, la réduction des besoins en eau chaude sanitaire, la baisse de 2°C de la consigne de chauffage dans les bâtiments ou encore la diminution des limites de vitesse de 10 km/h sur les autoroutes. En 2036, Elia estime que l’application de ses mesures pourrait permettre d’éviter 4,1 TWh de consommation électrique.
  • D’autre part, les changements structurels comportent notamment des mesures visant à réduire la taille des véhicules, celle de la distance parcourue par personne ou encore des impacts de circularité dans l’industrie. En 2036, Elia chiffre à 2,7 TWh l’économie d’électricité.

Au total, toutes les mesures de sobriété permettraient d’éviter 6.8 TWh de consommation d’électricité, soit 5% du total de celle prévue en 2036. C’est donc un levier réel pour alléger la pression sur le réseau électrique tout en garantissant le même niveau de confort aux citoyens. Des institutions comme RTE ou le GIEC soulignent l’importance de la sobriété pour la décarbonation. On peut donc saluer l’approche d’Elia, qui prend la sobriété au sérieux et quantifie ses impacts, contribuant ainsi à mieux comprendre et évaluer ses effets positifs.

Ecrêtage photovoltaïque du secteur résidentiel

Lors de week-ends très ensoleillés, le système électrique aura du mal à absorber toute la production photovoltaïque excédentaire en milieu de journée, même en considérant la flexibilité de l’industrie et des particuliers (véhicule électrique, chauffe-eau, etc.). Il semble donc indispensable que le secteur résidentiel limite aussi l’injection d’électricité sur le réseau afin de le soulager. Pour y parvenir, des mécanismes incitatifs pourraient être mis en place : par exemple des prix dynamiques de l’énergie, où l’onduleur n’injecte pas lorsque le prix est négatif, ou des contrats de flexibilité permettant à un opérateur de piloter l’injection à distance comme c’est déjà le cas pour les batteries stationnaires et les voitures électriques.

Bien entendu, le secteur résidentiel ne serait pas le seul à devoir s’adapter, mais Elia souligne qu’il devra aussi participer à l’effort collectif.

Augmentation de 50% de la consommation électrique en 10 ans

Pour le scénario central (« Current commitments »), la consommation électrique belge passerait de 84 TWh en 2026 à 124 TWh en 2036, soit une hausse de près de 50%. Cette augmentation s’explique par la future électrification de secteurs qui se reposent sur les énergies fossiles (transport, chauffage, industrie). Le graphe ci-dessous montre l’évolution de la consommation par secteur en 2030 et 2035.

Source : rapport AdeqFlex d’Elia

Ce type de rapport, riche en informations, permettent à chacun de mieux comprendre l’avenir du système électrique belge et d’alimenter les débats sur la transition énergétique. Celui d’Elia est à découvrir dans son intégralité ici.