Voitures électriques : L’Europe doit amplifier son réseau de bornes publiques de recharge

Selon l'ONG Transport & Environment, l'Europe doit installer 15 fois plus de bornes publiques d'ici 2030 si elle veut atteindre son objectif « Zéro carbone » en 2050. La Belgique devra ainsi compter 90.000 bornes de recharge.

L’ONG Transport & Environment publie un rapport sur les besoins de bornes de recharges publiques pour soutenir la croissance des voitures électriques en Europe.

L’Europe compte aujourd’hui 180.000 bornes publiques, ce qui répond plus ou moins aux besoins de la – modeste – flotte électrique actuelle, avec cependant de fortes disparités nationales. Les Pays-Bas comptent ainsi à eux-seuls 28% des bornes européennes, ce qui en fait le réseau le plus dense …au monde (lire cet article de AMPERes). Suivent ensuite l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne.

A travers son Green Deal, l’Europe compte devenir le premier continent « Zéro carbone » d’ici 2050 (lire notre article L’Europe retrouve de l’ambition climatique). En matière de mobilité, cela signifie une interdiction progressive de la vente de voitures thermiques (diesel et essence) et une électrification massive du parc automobile.

Pour réussir ce défi, l’ONG Transport & Environment estime qu’il faut installer 15 fois plus de bornes publiques d’ici 2030, soit quasi 3 millions de points de recharge pour une flotte qui comptera alors 44 millions de véhicules électriques.

Comme le montre l’infographie ci-dessous, la Belgique devra par exemple passer d’environ 5.000 bornes aujourd’hui à plus de 40.000 dès 2025 et 90.000 d’ici 2030.

Pour financer ces infrastructures, l’Europe devra investir 1,8 milliard €/an durant les 11 prochaines années, soit à peine 3% des dépenses européennes annuelles en infrastructures routières.

Selon l’ONG, le co-financement public et privé peut se réaliser à travers le Plan européen d’investissement, qui prévoit 1000 milliards € d’investissement durable pour la prochaine décennie dans le cadre du Green Deal.

L’installation de bornes devra se faire en priorité à domicile et sur les lieux de travail, estime le rapport, mais 20 à 30% d’entre-elles devront équiper les territoires désavantagés et moins peuplés (zones rurales, …) afin de faire bénéficier à chacun de cette transition Zéro carbone. Les bâtiments commerciaux, les hubs urbains et le réseau routier doivent également être équipés.

Dans le cadre du Green Deal, la Commission européenne révisera en 2020 la Directive sur les infrastructures pour les carburants alternatifs. Selon Transport & Environment, cette action législative sera cruciale pour fixer des objectifs ambitieux en matière de bornes publiques de recharge.

L’infographie ci-dessous illustre la vision globale de ce développement électrique.

 

Un stockage mobile de l’électricité solaire

 

 

Pour atteindre une Europe 100% renouvelables d’ici 2050, il est nécessaire d’intégrer massivement les productions éoliennes et photovoltaïques, notamment. Or ces productions sont variables selon la météo. Il faut donc les stocker quand elles sont abondantes (beaucoup de soleil en été et de vent en hiver) pour les restituer au réseau électrique quand il y a moins de soleil ou de vent.

Or la mobilité électrique jouera un rôle déterminant pour stocker massivement les surplus des productions photovoltaïques.

En effet, les millions de véhicules équipés de batteries pourront se connecter au réseau électrique (on parle de « vehicle-to-grid »), stocker la production photovoltaïque quand elle est abondante – vers midi au moment du pic de production solaire – et la restituer le soir quand la demande d’électricité est plus importante sur le réseau et la production renouvelable plus faible.

Ce scénario implique de nombreux points de recharge, à proximité d’un maximum de bâtiments équipés en photovoltaïque. Et ces recharges devront être lentes, afin de stocker l’énergie solaire tout au long de sa production (lire notre article Voitures électriques : pour un réseau de recharge … lente!).

Mais vive les transports en commun, le vélo et la marche !

Pour le bien-être individuel et collectif, la mobilité de demain comptera cependant beaucoup moins de voitures qu’aujourd’hui.

En effet, les stratégies belges et européennes pour une mobilité durable s’appuie sur trois axes d’actions :

  • « Avoid » : Il s’agit d’éviter les besoins de déplacement en voiture grâce notamment au travail à domicile et à une concentration des activités (habitat proche des magasins, services et transport en commun).
     
  • « Shift » : Délaisser la voiture au profit des « modes actifs » (marche, vélo) et des transports en commun.
     
  • « Improve » : Covoiturage et électrification du parc automobile.

 

Pour bien comprendre ces enjeux, nous vous invitons à lire notre article Pourquoi la voiture électrique ne résoudra pas notre mobilité …mais jouera un rôle déterminant).