Branle-bas de combat ! Les acteurs photovoltaïques se mobilisent pour faire émerger une production de panneaux solaires en Europe. Trois nouvelles initiatives veulent saisir l’opportunité des plans de relance et du Green Deal européen.
Comme annoncé dans nos précédents articles, les acteurs photovoltaïques ont subi de plein fouet la crise liée au Covid-19 car la filière est quasi totalement dépendante de la production de panneaux solaires en Chine, où les usines se sont retrouvées à l’arrêt pendant le confinement.
Or, ces dernières années, plusieurs instituts de recherche et acteurs industriels ont démontré la pertinence de créer une manufacture de panneaux solaires en Europe, soutenue par la croissance des installations photovoltaïques et par une plus grande préoccupation sociale et environnementale (lire nos articles Relocaliser l’économie : Bientôt des panneaux solaires « Made in Europe » ? et « La Démocratie énergétique va soutenir la renaissance d’une industrie photovoltaïque en Europe »).
Et le choc Covid-19 pourrait bien servir de catalyseur.
Tous les acteurs photovoltaïques se mobilisent actuellement pour faire émerger une industrie solaire en Europe, afin de s’affranchir du marché chinois et saisir l’opportunité des plans de relances économiques et du Green deal européen en cours de définition.
Trois initiatives récentes sont à souligner.
Dans une lettre commune, des ministres de 8 pays – Autriche, Espagne, Estonie, Grèce, Lettonie, Lituanie, Luxembourg et Pologne – ont ainsi appelé la Commission européenne à considérer le photovoltaïque – et l’éolien – comme une chaîne de valeur stratégique et à l’intégrer dès lors dans les plans de relance et les outils de financement.
Dans le même temps, 90 organisations du secteur photovoltaïque appellent à placer la manufacture et la R&D au cœur du Green deal européen. Un appel baptisé Solar Europe Now.
Enfin, SolarPower Europe, la fédération du secteur, a lancé l’initiative Solar Manufacturing Accelerator, une plateforme dédiée à accélérer le déploiement des projets de manufacture afin de renforcer le leadership européen dans les technologies propres et contribuer à la ré-industrialisation de l’Europe.
Nous reprenons ci-après les éléments-clefs de cette nouvelle stratégie solaire.
Investir dans la recherche européenne
En Europe, le cadre législatif s’est principalement concentré sur le soutien à la production d’électricité solaire, et non sur la fabrication des systèmes (lingots, wafers, cellules, modules).
Si la manufacture représentait encore 30% du marché européen en 2007, elle est tombée à moins de 3% dix ans plus tard, suivant un mouvement de délocalisation, principalement vers l’Asie et en particulier la Chine (68% du marché).
Si la production d’électricité solaire est aujourd’hui très compétitive, l’innovation technologique reste essentielle pour réduire le coût des modules et systèmes. Les concepts établis doivent être optimisés et les nouveaux concepts doivent être accélérés pour commercialiser ces technologies.
Pour y arriver, l’automatisation intelligente et les nouvelles stratégies de numérisation sont essentielles. De plus, une amélioration supplémentaire de la durée de vie, de la qualité et de la durabilité et donc l’amélioration des performances environnementales s’avère nécessaire.
Dans un contexte de recherche internationale très compétitif, plusieurs instituts européens se sont positionnés dans cette course et collaborent sur de nouvelles technologies à haute-valeur ajoutée, telles que les cellules tandems Pérovskite et III-V. Citons les instituts IPVF et CEA-INES en France, Fraunhofer ISE, ISFH et ISC Konstanz en Allemagne, IMEC en belgique, EPFL et CSEM en Suisse et TNO aux Pays-Bas.
Ce réseau de recherche s’inscrit désormais dans les ambitions du Green Deal européen d’atteindre un continent Zéro carbone d’ici 2050.
Le rôle décisif du photovoltaïque
Pour atteindre cet objectif Zéro carbone, l’Europe devra produire beaucoup plus d’électricité – +30% à +150% selon les scénarios – afin d’électrifier les véhicules et produire l’hydrogène et les e-fuels nécessaires à son économie, et cette électricité devra être produite par des sources renouvelables.
Selon le Centre de Recherche Conjoint de la Commission européenne, l’Union européenne et le Royaume Uni devront dès lors installer ensemble de 405 à 655 GW de capacités photovoltaïques supplémentaires d’ici 2030. En termes de sécurité d’approvisionnement, cette installation massive devra s’appuyer sur une manufacture européenne afin d’assurer la fourniture et éviter les ruptures d’approvisionnement sur le marché mondial telles que constatées avec la crise du Covid-19.
Selon les acteurs de la filière, la récente chute des coûts de fabrication des systèmes photovoltaïques, couplée à cette forte demande planifiée, permettront le retour des usines solaires en Europe et la création de 100.000 emplois tout au long de la chaîne de valeur.