L’Institut Sainte-Anne à Etterbeek s’est équipé d’une installation photovoltaïque grâce à des prêts à taux zéro octroyés par les parents de l’école. Ce montage original permettra de financer aussi les projets « Nature » de l’école.
Le 5 octobre dernier, 60 parents et les élèves de l’Institut Sainte-Anne à Etterbeek se sont réunis pour une manifestation festive en faveur d’un air et d’une mobilité plus propres (photo ci-dessous). Ce fut également l’occasion d’inaugurer la nouvelle installation photovoltaïque de l’établissement, déployée selon un modèle original.
Origine du projet
Depuis plusieurs années, des écoles belges équipent leurs toitures d’une installation photovoltaïque afin de réduire leur facture énergétique. Pour la plupart, elles font appel à une banque ou un tiers-investisseur qui financent le projet et se rémunèrent par la vente des certificats verts.
A l’Institut Sainte-Anne, les réflexions se sont portées vers une formule plus originale, qui s’inspire du mouvement de la transition. L’association des parents (APISA) a proposé que les parents puissent faire un prêt à taux zéro à l’école.
Une fois annoncée dans les cartables des écoliers, l’idée a connu un succès rapide. Les parents et grands-parents d’élèves ou d’anciens élèves ont largement répondu à l’appel. Après tout, les comptes épargne ne rapporte quasi-rien : autant utiliser cet argent dormant pour un projet positif et concret pour l’école des enfants.
Il a dès lors fallu gérer les nombreuses promesses de prêts et de dons.
Accompagnement professionnel
Grâce à l’accompagnement du projet par l’APERe, les obstacles administratifs ont pu être levés.
L’APISA, jusqu’ici association de fait, s’est constituée sous forme d’asbl et a pu dès lors établir des conventions entre l’école et les prêteurs ou donateurs.
« Le fait d’avoir opté pour une formule de prêt à taux zéro a rendu les choses plus faciles », explique Michel Huart, le conseiller de l’APERe qui a suivi le projet. « Comme il n’y a pas d’intérêt, il n’y a pas de précompte à payer, ce qui simplifie les choses sur le plan administratif. » De plus, l’accompagnement de l’APERe a permis de rassurer le pouvoir organisateur dans cette démarche innovante.
Une opération bénéficiaire
Sur les 17.000€ nécessaires pour financer l’installation photovoltaïque (12 kWc), 10.000€ ont été obtenus grâce aux prêts et 3.000€ sous forme de dons. L’école a dès lors apporté un complément de 4.000€, ce qui représente un investissement léger en fonds propres.
Depuis juin 2018, l’installation produit de l’électricité solaire. L’école recevra des certificats verts durant 10 ans et les revendra sur le marché, ce qui lui permettra de rembourser les prêts en 5 ans. Le système sera amorti en 6 ans et produira de l’électricité durant au moins 25 ans.
Outre une baisse de sa facture d’électricité, l’école tirera un bénéfice de l’opération, selon le plan financier établi avec l’aide de l’APERe.
Une partie de ce bénéfice alimentera un fonds Nature, qui couvrira les frais de différents projets de l’école comme la création d’un poulailler, d’un potager et d’un compost. Ce fonds sera géré par le pouvoir organisateur (PO), les parents et les enseignants.
Un support pédagogique et d’intégration locale
Au-delà du gain financier, le projet servira de support pédagogique pour éveiller les élèves – et les parents – à la sobriété énergétique. Un écran numérique a été installé dans l’école où l’on pourra visualiser la production photovoltaïque et l’autoconsommation d’électricité dans le bâtiment. Les élèves pourront ainsi observer les flux d’énergie dans l’école et se rendre compte que les économies d’énergie permettent de tendre vers une plus grande autonomie énergétique.
Les porteurs du projet envisagent même d’y associer les habitants du quartier. A terme, le surplus de production solaire pourrait ainsi alimenter des infrastructures collectives, telles que des bornes de recharge pour vélos électriques mises à disposition du voisinage.
Cette démarche s’inscrit dans la perspective d’un développement de l’autoconsommation collective en Belgique (lire notre article L’autoconsommation collective, un modèle rentable à développer en Belgique).