Aurons-nous assez d’énergie pour passer l’hiver? Comme à chaque rentrée, le scénario d’un éventuel « black-out » se répète. Ce risque est inquiétant et le traditionnel décompte des kWh mobilisables se fait plus serré que jamais. Pourtant, les acteurs du Pacte énergétique proposent des solutions concrètes pour maîtriser notre transition énergétique.
« Une stratégie énergétique digne des pieds nickelés ». C’est notre consœur Béatrice Delvaux dans son édito du Soir (16-17 août 2014) qui livrait son impression dès les premières évocations désormais rituelles d’un possible black-out électrique pour l’hiver qui s’annonce. Deux réacteurs nucléaires hors de combat (Tihange 2 et Doel 3) pour cause de microfissures, un troisième victime d’un étrange sabotage (Doel 4). Un quatrième (Tihange 1) dont l’entretien (et donc l’indisponibilité) est « légalement » programmé en début d’hiver (du 30 août au 7 novembre): voilà près de la moitié de nos capacités nucléaires « effacées » au seuil de l’hiver. Et rien ne dit que les 3.500 MW d’importations envisageables seront au rendez-vous, d’autant que le transformateur déphaseur de Monceau-sur-Sambre censé optimaliser la capacité d’importation depuis la France a été victime… d’une explosion! Curieuse série noire qui nous confronte brutalement au risque d’un parc électrique dominé par de grandes unités centralisées et non flexibles.
Fin août, les pieds nickelés sont de retour sous forme d’un document de « planification d’urgence » envoyé aux communes et qui a opportunément fuité dans la presse. Il détaille une série de mesures à prendre « en cas de panne d’électricité de grande ampleur ». Il évoque notamment un plan de délestage « tournant » qui devait être finalisé début septembre et qui prévoit des zones où des délestages sélectifs pourraient être opérés durant quelques heures, cabine par cabine, pour soulager le réseau. Avec à la clé un inventaire à la Prévert des conséquences pratiques à en prendre en compte par le pouvoir communal, des risques d’incendie à l’immobilisation des ascenseurs! Quelques jours plus tard, c’est la ruée vers les groupes électrogènes! Un petit parfum « d’effort de guerre » pour le moins surréaliste.
Jusque-là, pas de trace des sources d’énergie renouvelables alors que leur production annuelle atteint désormais plus de 15% du mix électrique, comme le montre le Smartguide 2014 (1).
Quel dommage que les médias aient préféré surfer sur les peurs plutôt que de relayer le travail nettement plus constructif réalisé depuis un an par l’ensemble de la communauté professionnelle – industrie, société civile, syndicats, monde académique, bureaux d’études, … – pour jeter les bases d’un Pacte énergétique (2) susceptible de préparer l’avenir de manière cohérente et concertée. Cette vision commune d’une transition énergétique s’appuie sur des solutions concrètes et déjà largement éprouvées dans d’autres pays.
Les acteurs de ce Pacte énergétique ont présenté en temps utile aux responsables politiques une liste d’actions « nécessaires pour garantir une politique énergétique sûre, durable et compétitive dans les prochaines années » (3). On parle ici aussi, parmi d’autres pistes, de « délestage », mais sous une forme maîtrisée et librement consentie par chaque client sur base d’un tarif incitatif fondé sur une responsabilisation du consommateur et non sur des peurs. Les nouveaux gouvernements régionaux – et bientôt fédéral – donneront-ils mandat aux acteurs du Pacte énergétique pour mettre en œuvre de véritables solutions?