Tesla mise sur SolarCity pour intégrer l’énergie solaire

Tesla a officialisé son offre de rachat du tiers-investisseur photovoltaïque SolarCity. Et a conclu un accord avec Panasonic pour la production de cellules photovoltaïques. Nouvelle avancée stratégique pour le stockage et l’autoproduction solaire ?

Ce n’était un secret pour personne, SolarCity filait un mauvais coton. Le fabricant américain de panneaux solaires était en difficulté. Cette année encore, son cours boursier avait dégringolé de 58%, passant de 52 $ à près de 21 $ l’action. Et l’entreprise avait annoncé début 2016 ne pas pouvoir tenir certains de ses objectifs pour l’année en cours. Pour Elon Musk, patron de Tesla, premier actionnaire de l’entreprise en perdition et président de son CA, il n’était plus temps d’attendre. C’était aussi l’occasion de finaliser son idée de « concevoir la première compagnie au monde intégrée verticalement en offrant une solution d‘énergie propre de bout en bout » dans le secteur de  la mobilité électrique et des bâtiments basé sur la ressource solaire. « Nous deviendrions la première entreprise énergétique à proposer toute une chaîne de produits propres à nos clients. Cela commencerait avec la voiture que vous conduisez et l’énergie que vous utilisez pour la charger, et cela s’étendrait à tout ce qui consomme de l’énergie dans votre domicile ou entreprise ».

L’homme qui prend ses visions pour des réalités

Au début, beaucoup avaient souri des « visions » un brin mégalo d’Elon Musk. Cela avait commencé par les logiciels d’édition de contenus en ligne pour les informations des entreprises (Zip2 Corporation – 1995) récupérés à prix d’or par Alta Vista et Compaq. Pour continuer par la banque en ligne (X.Com – 1999) qui aboutira à Paypal revendu à eBay pour 1,5 milliards de dollars. Puis par la conquête spatiale avec SpaceX (2002) qui est le seul aujourd’hui avec les Russes à pouvoir encore ravitailler la Station spatiale internationale. Puis avec les transports publics (projet de TGV subsonique Hyper-loop présenté en 2013). A chaque fois, ce sont des visions audacieuses, suivies de réalisations abouties ou en passe de l’être, comme Hyper-loop, ce projet futuriste de transport à grande vitesse de capsules dans des tubes, qui vient de réussir ses premiers tests à l’échelle de prototype.

Un marketing « à la Apple »

L’entreprise énergétique intégrée autoproclamée par Elon Musk pourrait s’inscrire dans cette suite de visions « prophétiques » auxquelles l’homme d’affaires éclairé s’ingénie à donner forme, dans un style et une démarche marketing qui ne sont pas sans rappeler le charisme de Steve Jobs, le fondateur d’Apple. Surfant en permanence sur l’air du temps et les attentes d’une communauté de leaders d’opinion de plus en plus attentive au développement durable, ce créateur insatiable s’implique et s’identifie personnellement dans chaque nouveau produit mis sur le marché, pour en faire un véritable événement, même si la réalisation de celui-ci n’est pas pour l’immédiat.

Des chiffres à géométrie variable

C’est le cas de la déjà fameuse Gigafactory de Tesla. Annoncée dès 2014, l’usine, qui est censée fabriquer – en partenariat avec Panasonic – 500 000 batteries par an d’ici 2018, ne devrait être finalisée qu’en 2020. Elle coûtera au final de l’ordre de 5 milliards $. Mais les montants cités ne valent que pour ce qu’ils veulent bien dire.

Pour mémoire, l’opération SolarCity n’aura au final – à moins que l’autorité américaine de la concurrence ne s’y oppose – pas coûté un centime au fantasque milliardaire, puisqu’elle se soldera par un simple échange d’actions avec Tesla Motors.

Un pas de plus vers le stockage résidentiel

Et elle pourrait s’avérer plus stratégique qu’il n’y paraît, au vu des enjeux complémentaires autour du photovoltaïque, du stockage d’électricité et de la mobilité électrique.

En décembre 2015, Renouvelle analysait l’offensive de Tesla sur le marché australien : « En dévoilant le prix d’installation de la Powerwall pour le marché australien, Tesla révolutionne la combinaison du solaire photovoltaïque et du stockage d’électricité. Il devient désormais moins cher de produire et de stocker son électricité solaire, plutôt que de prélever de l’électricité sur le réseau. Y compris en Belgique. » (lire notre article Le prix de la Powerwall révolutionne le stockage résidentiel).

Cette fois, l’offensive se mène sur le marché états-unien. Grâce au rachat de SolarCity, Elon Musk annonce d’ores et déjà la commercialisation prochaine aux Etats-Unis de « toits solaires ». Comprenez par là une toiture sur mesure entièrement composée de modules photovoltaïques couplés à un système de stockage de l’électricité de type Powerwall.

La nouveauté par rapport aux systèmes solaires actuellement sur le marché étasunien est justement cette solution décentralisée et intégrée production-stockage-consommation électrique locale. Un pas de plus vers une meilleure intégration du photovoltaïque dans les réseaux électriques et une moindre vulnérabilité aux variations de prix du marché de l’électricité.

Dans la foulée, Tesla annonce un accord de collaboration avec Panasonic pour la production de cellules et de modules photovoltaïques sur son site de Buffalo. Le communiqué précise : « Avec l’aide de l’installation, les ventes et les capacités de financement de SolarCity, Tesla apportera une solution énergétique durable intégrée aux clients résidentiels, commerciaux et à l’échelle du réseau ».

Une chose est sûre : Elon Musk a de la suite dans les idées…