Taxer les voitures selon leur poids : plus efficace que le CO2 ?

La Wallonie compte modifier sa fiscalité automobile et introduire un critère « masse/puissance ». La France envisage également un bonus-malus selon le poids. De quoi dissuader les constructeurs de concevoir des véhicules toujours plus lourds et énergivores ?

Les constructeurs automobiles conçoivent des voitures toujours plus lourdes, plus puissantes et peu aérodynamiques. Celles-ci consomment plus d’énergie, rejettent plus de gaz à effet de serre et s’avèrent plus dangereuses pour la sécurité publique.

La tendance des modèles SUV pose désormais de véritables enjeux de société (lire notre article Des voitures toujours plus lourdes et énergivores : à quand une norme européenne ?).

Le tableau ci-dessous est éclairant :

Figure 1 : Evolution du rapport puissance/masse des voitures neuves vendues en Europe. Données : CEMT, 2001 et ICCT, 2016. 1980 : 8 pays – 1995 : 13 pays – 2001 : 27 pays – 2014 : 28 pays

 

Or, face à l’urgence climatique, l’Union européenne a fixé un objectif de passer de 120 à 95 grammes de CO2 par kilomètre pour les voitures neuves d’ici 2021. Un effort qui devra ensuite atteindre 60 g en 2030.

Un enjeu considérable au regard de ces deux réalités :

  • Après une diminution constante ces dernières années, les émissions carbone du secteur automobile repartent désormais à la hausse.
  • La différence entre les émissions de CO2 mesurées en laboratoire et celles mesurées en conditions réelles ne cessent de s’agrandir, ce qui témoigne des tricheries pratiquées par les constructeurs (scandale Volkswagen, …) – voir graphiques ci-dessous.

 

C’est ce qui ressort de la note d’analyse rédigée en juin 2019 par France Stratégie : Comment faire enfin baisser les émissions de CO2 des voitures ?

Cette institution, qui conseille le Gouvernement français, est formelle : Les deux leviers publics les plus prometteurs sont la réduction de la taille des voitures et leur électrification.

Une taxe sur le poids est en effet très facilement mesurable, sans tricherie possible. Tandis qu’une politique de soutien à la mobilité électrique s’avère un bon moyen de remplacer les véhicules thermiques polluants par des modèles plus respectueux de l’environnement.

La Norvège fait figure ici d’exemple mondial puisque ce pays applique, d’une part une taxe sur le poids des véhicules et, d’autre part de véritables incitants à la mobilité électrique :  c’est le premier pays au monde où il est moins cher d’acheter une voiture électrique plutôt que thermique !

Inspiré par cet exemple, la France envisage dès lors un bonus-malus selon le poids des véhicules, dont serait exemptés les voitures électriques jusqu’à 2 tonnes (lire cet article de Automobile-propre.com).

La Wallonie compte également modifier sa fiscalité automobile et remplacer les chevaux fiscaux par les critères du taux de rejet de CO2 et de la « masse/puissance » (lire cet article du journal Le Soir).

Il s’agit, dans ces différents pays, de favoriser l’achat de petites voitures peu polluantes, au détriment des gros SUV.

 

Limiter la taille des batteries

 

Dans le domaine des voitures électriques, une taxe selon le poids aurait également pour effet de freiner la course actuelle à l’autonomie la plus grande possible, qui induit des batteries toujours plus volumineuses.

Est-il en effet pertinent de transporter toute l’année une batterie plus grande, plus lourde, plus chère, avec une plus grande empreinte écologique de fabrication et qui entraîne une hausse de consommation électrique ?

En bref : est-il utile d’acquérir une voiture surdimensionnée par rapport à nos besoins réels de déplacements ?

Lire nos témoignages dans notre article Voitures électriques : « J’ai besoin d’une grande autonomie ». Vraiment ?

 

En conclusion, cette fiscalité selon le poids jouerait un rôle positif dans la perspective d’un parc automobile individuel 100% électrique d’ici 2050.

 

Lire également nos articles :

Voitures électriques : pour un réseau de recharge … lente !

2 millions de voitures électriques en Belgique ?

Une mobilité wallonne plus durable d’ici 2030