Lors de la COP26, les Etats se sont engagés pour la première fois à réduire leurs subventions aux énergies fossiles. Or la Belgique dépense chaque année plus de 11 milliards € de soutien au pétrole, gaz et charbon. Comment orienter ce flux financier vers des énergies propres ?
Le dernier sommet mondial sur le Climat (COP26) s’est achevé avec un sentiment de déception sinon d’échec.
Les ONG tirent cependant un bilan plus nuancé, qui laisse encore une place à l’action politique.
Lire par exemple cette analyse du CNCD :
Pour sa part, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) estime également qu’un réchauffement climatique pourra être limité si les gouvernements mettent réellement en œuvre leurs promesses – ce que l’AIE surveillera de près
Parmi les avancées, les Etats se sont engagés pour la première fois à réduire leurs subventions aux énergies fossiles – à défaut de les supprimer complètement.
L’AIE et l’OCDE plaident depuis longtemps pour la suppression de tels subsides publics, nocifs pour la planète et ses habitants.
Dans sa feuille de route Net Zero 2050, l’AIE appelle ainsi à une transition – rapide et socialement juste – vers des énergies propres et bénéfiques pour l’économie et l’emploi.
11 milliards € par an
En Belgique, les ménages dotés d’une voiture de société bénéficient d’avantages fiscaux bien plus intéressants que ceux qui utilisent les transports en commun, rappelle le WWF dans cette campagne. Or, une voiture de société émet davantage de CO₂, entre autres nuisances. Par ailleurs, le kérosène, qui est le carburant utilisé dans le secteur de l’aviation, reste non taxé contrairement aux carburants utilisés dans les transports ferroviaire et routier. Enfin, le mazout, l’un des combustibles les plus polluants, tant en termes d’émissions de CO₂ que de particules fines, est toujours subventionné à hauteur de 1,1 milliard d’euros d’avantages fiscaux… Pour le WWF, c’est clair : “Il est grand temps d’éliminer ces subventions nuisibles !”
Le Service Public fédéral Finance a publié en mai 2021 un important inventaire des subventions aux énergies fossiles.
On y apprend que les subventions directes s’élevaient à 11,2 milliards € pour l’année 2019. On peut considérer ce montant comme le soutien annuel de la Belgique à des énergies polluantes.
Les exonérations et taux réduits d’accises (sur le gasoil, le kérosène, le mazout de chauffage, …) y représentent clairement les instruments majeurs utilisés – voir tableau et graphique ci-dessous.


Comment “verdir” ces subsides ?
Comment dès lors réduire ou supprimer progressivement ces subsides pour les orienter vers des actions socialement juste et respectueuse de l’environnement ?
Il est par exemple clair que les tarifs sociaux ou les fonds CPAS devront être compensés par des mesures d’accompagnement pour les ménages visés.
Le gouvernement fédéral a ouvert une large réforme fiscale censées apporter des réponses mais, comme le souligne la fédération Inter-Environnement Wallonie, cette réforme avance douuucement.
Parmi les sujets les plus épineux – politiquement – figure la tarification carbone, jugée a priori nuisible pour la compétitivité des entreprises ou pour le budget des ménages.
Cette contribution permettrait pourtant d’annuler les avantages fiscaux pour les énergies fossiles et de les orienter vers des énergies propres, avec des bénéfices pour tous.
En effet, selon une étude de la Banque nationale belge, une taxe carbone prévoyant une redistribution des recettes aux ménages et/ou entreprises permettrait une hausse du PIB et une baisse des prix (lire notre article Une taxe carbone belge peut s’avérer bénéfique pour l’économie, les ménages et le climat).
De quoi ouvrir un débat plus serein sur cette question. Mais ce débat semble être loin de figurer à l’agenda politique.
Choisir une banque durable
En attendant, les citoyens peuvent déjà agir en choisissant de placer leur épargne dans une banque réellement durable.
Une étude réalisée en 2017 par la Coalition Climat a ainsi montré que les 4 plus grandes banques belges – Belfius, BNP Paribas Fortis, ING et KBC – ont investi 40 milliards d’euros dans l’industrie des énergies fossiles. Une enquête plus récente de la RTBF montre que ces banques intègrent toujours des géants pétroliers dans des fonds prétendument durables.
Par contre, des banques éthiques et durables telles que Triodos et NewB vous permettent d’investir réellement dans des énergies propres (lire notre article La banque NewB, au cœur des enjeux climatiques).