Stockage : à la recherche d’un marché

Réunis à IRES 2015, les professionnels du stockage d’énergie scrutent désormais les marchés possibles pour leurs technologies innovantes. A l’image de la batterie domestique Powerwall. Un signal prix pour les « prosumers » pourrait accélérer le mouvement.

La traditionnelle Conférence internationale sur le stockage de l’énergie (IRES) constitue chaque année un bon poste d’observation pour qui veut, en quelques jours,  se tenir au courant des principales évolutions en matière de stockage d’énergie.

IRES 2015 n’a pas failli à la tradition, accueillant sur son espace d’exposition plus d’exposants et de visiteurs et à ses tribunes plus d’orateurs que jamais. Le public spécialisé est pourtant un peu resté sur sa faim en ce qui concerne les progrès mis en lumière cette année. On avance, c’est clair, mais on n’assiste plus aux grands bonds technologiques de ces dernières années.

Selon les spécialistes, les professionnels du stockage n’envisagent plus un changement brutal de paradigme mais travaillent plutôt à des modèles transitoires. On s’oriente vers un assemblage des solutions existantes pour répondre aux problèmes de l’heure : la transition vers une société décarbonée, l’intégration des sources intermittentes, les smart grid, les agrégateurs, les réserves de clients interruptibles,  les transports durables, etc.

Changer le cadre règlementaire et tarifaire

Reste que les professionnels scrutent désormais les marchés possibles pour leurs technologies innovantes. L’intérêt est manifeste pour la gestion des réseaux. Mais le cadre règlementaire et tarifaire qui organise le secteur électrique ne permet pas encore de garantir des « business models » pour leur mise en œuvre. Il suffirait pourtant de modifier ce cadre pour stimuler les « prosumers » et créer les marchés visés.

Dans ce contexte, Elon Musk, CEO de Tesla Motors, jusque là réputé pour ses véhicules électriques haut de gamme, a eu beau jeu d’annoncer en fanfare la commercialisation de sa toute nouvelle batterie domestique Powerwall. Cette batterie lithium-ion est capable de stocker 10 kWh – et bien plus lorsque plusieurs unités sont montées en série. Et son format compact (1,3 m X 86 cm X 18 cm) permet de l’accrocher au mur de votre habitation comme un simple chauffe eau. Ce qui ne gâche rien, c’est que son design – qui n’est pas loin de rappeler la démarche de Apple – s’inscrit tout à fait dans la volonté de positionnement « futuriste » de Tesla.

Principal argument de vente : la possibilité de stocker la production décentralisée – essentiellement du solaire  photovoltaïque – pour la restituer au moment où la source de production (le soleil) fait défaut. Mais aussi de s’accorder des petits « plus » financiers en stockant l’électricité au moment où elle est bon marché, pour la restituer lors des pics de consommation où les prix de gros grimpent.  Pour que les « prosumers » s’en saisissent, il ne manque qu’un signal prix pour le marché résidentiel.

On se rapproche aussi de l’idée du « vehicle-to-grid », évoquée en 2010 dans une étude de la CREG sur le réseau électrique. La voiture électrique comme instrument d’équilibre du réseau, pour autant que l’importance et la localisation du parc de véhicules le permettent. De quoi rencontrer l’un des reproches faits à la voiture électrique lorsque sa recharge via le réseau repose sur des énergies non durables.

Comme on peut le constater, les solutions de stockage d’énergie trouvent aujourd’hui des applications complémentaires à la fois dans le secteur résidentiel et dans la mobilité électrique.