Face aux enjeux techniques, économiques, sociaux et démocratiques de la transition écologique, la nécessité d’une approche locale s’impose peu à peu. Mais à quelle taille de territoire correspond cette dimension locale ? En Wallonie, elle s’avère variable en fonction des thématiques et du contexte de chaque localité.
De la création de communautés énergétiques au développement de ceintures alimentaires en passant par la valorisation des déchets, les prémices d’une recomposition du paysage économique de nos régions vers des modèles plus locaux et circulaires sont déjà visibles.
Ils sont tant le fruit d’initiatives citoyennes et privées que de politiques intégrant progressivement l’importance de l’échelon local dans le développement territorial, dans une optique de transition écologique.
Ils doivent prendre en compte des enjeux techniques (aménagement du territoire, efficacité énergétique, intensification en main d’œuvre, etc.), sociaux (lutte contre les inégalités), démocratiques et culturels (modification des modes de vie, etc.).
La question de l’échelle territoriale
Au moment de lancer un projet ou d’élaborer une stratégie territoriale de transition écologique, la question de la taille du territoire sur laquelle travailler se pose rapidement.
Les projets de coopératives citoyennes de production d’énergie renouvelable, de monnaies complémentaires, de circuits courts alimentaires, de services d’entraide, de collaborations intersectorielles (économie circulaire), etc. nécessitent de trouver un équilibre entre :
- d’une part, les contraintes techniques (capacité de transport, réseau de distribution, etc.) et le besoin d’identification locale,
- et d’autre part la taille critique nécessaire à la viabilité organisationnelle et économique du projet.
De même, les communes ne disposent pas toujours des moyens humains nécessaires à l’élaboration de Plans Climats locaux. Et au sein de ces Plans Climats, de nombreux projets doivent être le fruit d’une collaboration avec les communes voisines (grands projets renouvelables ayant un impact au-delà des frontières communales, projets de mobilité, etc.). En Wallonie, les communes disposent pour cela de structures telles que les intercommunales, les Groupes d’Action Locale, les Parc Naturels. Elles peuvent également bénéficier du soutien des provinces.
Expérimenter les différentes échelles
Dans le cadre de leur adhésion à le Convention des Maires et de la mise en œuvre de Plans d’Actions en faveur de l’Energie Durable et du Climat, de nombreuses communes wallonnes expérimentent actuellement plusieurs échelles territoriales. Prenons ici trois exemples illustrant ces diverses approches.
En province de Liège, les 7 communes rurales du GAL Pays des Condruses ont choisi de travailler sur un Plan Climat groupé. Cette approche leur permet de travailler à une échelle territoriale cohérente par rapport à de nombreuses politiques déjà menées et ayant un rapport étroit avec la transition écologique (alimentation & agriculture, mobilité, logement, …). Ce regroupement leur permet aussi de partager leurs moyens pour allouer des ressources humaines importantes à la gestion du Plan Climat et de financer certaines actions grâce au programme européen LEADER.
Mais le territoire des 7 communes atteint également ses limites sur plusieurs thématiques, poussant au développement de partenariats élargis, comme la participation du GAL au projet de Ceinture Aliment-Terre Liégeoise.
Dans la province de Namur, le BEP – intercommunale de développement économique – a décidé de soutenir ses communes en élaborant avec elles des Plans Climat par arrondissement. Par exemple, le Plan Climat de l’arrondissement de Namur regroupe la Ville de Namur et l’ensemble de ses communes limitrophes. Cette approche permet de réfléchir à des solidarités rural-urbain particulièrement intéressantes. Ainsi, à l’instar des projets de ceinture alimentaire, pourquoi ne pas réfléchir au développement d’une ceinture énergétique renouvelable ?
En province de Luxembourg, c’est l’entité provinciale elle-même qui est à l’initiative de la dynamique PEP’s-Lux – Province à Energie Positive. Dans le cadre de la vision provinciale d’un territoire 100% renouvelable à l’horizon 2050, la Cellule Développement Durable des services techniques provinciaux accompagne les 44 communes de la province dans l’élaboration et la mise en œuvre de leurs Plans Climat. Mais elle va plus loin en impliquant citoyens et experts dans la construction stratégique (Parlement Citoyen Climat, Groupe de Compétences), en aidant les communes à faire le lien avec leurs politiques supra-locales (implication des GAL, Parcs Naturel et intercommunales), et en proposant des actions provinciales.
Construire une stratégie multi-niveau
Ces exemples ne font qu’illustrer des dynamiques qu’on voit apparaître partout en Wallonie à travers l’action des GAL, intercommunales et provinces.
Les communes constituent l’échelon de base incontournable pour l’élaboration d’une stratégie de transition écologique. Elles doivent identifier les actions qu’elles peuvent mener au niveau local et celles pour lesquelles une approche supra-locale est nécessaire. Elles peuvent alors mobiliser les structures pertinentes pour élaborer, mener et coordonner ces actions en impliquant au maximum les acteurs locaux (entreprises, agriculteurs, citoyen-ne-s, associations, etc.).
Chaque commune peut donc se lancer selon ses moyens et développer les partenariats nécessaires pour donner de l’ampleur à son action !