Prix de l’électricité négatifs : une chance pour le stockage

La Belgique a débuté 2018 avec quelques heures de prix de l’électricité négatifs, grâce aux surplus de production éolienne. Ce phénomène offre l’opportunité de développer le stockage et la gestion active de la demande.

L’année nouvelle a débuté par quelques heures de prix de l’électricité négatifs en Belgique, atteignant -31 euro par MWh le lundi 1er janvier. Mardi, le prix flirtait avec le 0 euro sur le marché court terme (« spot »), comme le montre le graphique ci-dessous :

Prix de l’électricité (€/MWh) sur le marché spot belge début 2018. Source : Belpex.

« L’Allemagne et la France ont expérimenté le même phénomène. En Allemagne, les prix ont atteint -76 euros/MWh, et le nombre d’heures durant lesquelles ces prix étaient négatifs était également plus important qu’en Belgique », confirme-t-on à l’institut de recherche EnergyVille, cité par l’agence Belga.

Cette situation est rare mais récurrente depuis quelques années et s’explique par plusieurs facteurs. Dans ce cas précis, la Belgique a connu une production éolienne élevée combinée à une faible demande d’électricité en raison des vacances et d’un hiver peu rigoureux.

La loi de l’offre et de la demande

Mécaniquement, plus l’offre est forte par rapport à la demande, plus le prix de l’électricité baisse. Et en cas de surproduction, il faut évacuer cette électricité, quitte à la vendre à un prix négatif sur le marché de gros (pour éviter une « surchauffe » du réseau).

Cela signifie que les acheteurs recevront temporairement de l’argent pour consommer de l’électricité. Tandis que les producteurs devront choisir entre deux options : soit arrêter temporairement leur production puis la redémarrer (opération impossible pour les centrales nucléaires, inflexibles), soit continuer à produire et vendre à un prix négatif (c-à-d payer pour produire) et donc perdre un peu en rentabilité. Pour une explication complète, vous pouvez vous référer à cette page de EPEX SPOT – la bourse des marchés spot de l’électricité européens.

Faut-il s’en inquiéter ?

Les producteurs classiques s’inquiètent de ces prix négatifs car ils occasionnent pour eux une perte de rentabilité. Ils ont dès lors tendance à juger comme problématique la croissance et la variabilité des productions renouvelables sur le réseau électrique.

Du côté des producteurs photovoltaïques et éoliens, la situation est toute autre : ceux-ci peuvent assumer un prix négatif jusqu’à -65€/MWh (compensé par l’octroi d’un certificat vert) et, en cas de prix inférieurs, ils peuvent facilement arrêter la production et la redémarrer lorsque le prix devient plus intéressant sur le marché. En effet, ces productions renouvelables ont un coût marginal quasi nul – puisqu’il n’y a pas d’achat de combustibles – et sont donc plus faciles à piloter économiquement.

Mais dans les deux cas, la volatilité des prix de l’électricité (parfois élevés ou négatifs) n’est pas en soi souhaitable car elle crée une incertitude de marché.

Deux solutions

Pour éviter ce phénomène, il existe deux solutions dont la première est déjà mise en œuvre dans le cadre de notre transition énergétique :

Selon l’APERe, la transition vers un système européen 100% renouvelables offre une réelle opportunité de développer un stockage à grande échelle qui permettra à la fois de stocker une énergie propre et bon marché et d’assurer une sécurité d’approvisionnement.

L’expérience européenne et internationale montre que la création d’une surcapacité de production photovoltaïque et éolienne permet d’accélérer le développement des capacités de stockage, nécessaire à la croissance attendue des énergies renouvelables.

Le dernier rapport de IRENA montre ainsi que le coût de stockage par batteries sera divisé par trois d’ici 2030 (lire notre article Stockage : le coût des batteries en chute libre d’ici 2030).

Avec la mise en place de ces solutions, il est probable que les prix de l’électricité se stabiliseront sur le marché court terme et continueront de diminuer sur le marché long terme.