L'évolution des prix unitaires belges des principales énergies achetées par les ménages (électricité, gaz naturel, gasoil de chauffage, propane et bois de chauffage) présente une tendance moyenne à la baisse depuis quatre ans. Analyse chiffrée.
Le graphique ci-dessous montre l’évolution depuis 2011 des prix moyens unitaires des différentes énergies achetées par les ménages en Belgique.
Figure : Evolution des prix unitaires moyens de ces 5 dernières années – Valeur à monnaie courante. Sources : CREG, SPF Economie, ValBiom, Office économique wallon du bois ; Graphe : Observatoire des prix de l’Energie – APERe
Les prix unitaires (par kWh) diffèrent selon le vecteur énergétique, le type de consommateur (ménage, entreprise), les quantités achetées (petit ou grand consommateur) et la localisation de la fourniture (Wallonie, Bruxelles, Flandre). La méthodologie de calcul des prix unitaire est expliquée en fin d’article.
L’électricité est le vecteur énergétique dont le prix unitaire est le plus élevé. Il existe de grandes différences entre les Régions. La Flandre présente l’électricité la plus chère et Bruxelles la meilleure marché. Ces différences s’expliquent en bonne partie par la composante « réseau » et les niveaux de contributions régionales. Les sauts de prix constatés simultanément dans les trois Régions résultent des changements de régime de TVA. Lire à ce sujet notre analyse Prix de l’électricité : l’écart se creuse entre les Régions (mai 2016).
Le bois est le vecteur énergétique dont le prix unitaire est le plus bas, mais cet avantage s’est fortement réduit avec la baisse des cours des produits pétroliers sur les marchés internationaux observé depuis 2012. Nous sommes dans une période où les prix unitaires des combustibles et des carburants sont historiquement bas.
Prix moyens appliqués en septembre 2016 et tendances d’évolution
Le tableau ci-dessous reprend les prix unitaires appliqués au mois de septembre 2016 et les tendances observées ces 12 derniers mois et ces 5 dernières années (Taux de croissance annuel moyen – TCAM -, calculé sur une courbe de tendance de la période concernée).
Tableau : Prix unitaires et tendances d’évolution sur base du taux de croissance annuel moyen (TCAM) des principales énergies achetées par les ménages – Septembre 2016.
Nous analysons ci-après les évolutions de prix par vecteur énergétique (bois, gasoil de chauffage, gaz naturel, électricité), ainsi que l’inflation (Indice des prix à la consommation)
Bois : Bûches, plaquettes, pellets
L’ensemble des combustibles bois sont moins chers et présentent des tendances d’évolution moins fluctuantes. Le marché des bûches peut varier sensiblement selon les conditions locales. On observe une légère augmentation de prix par rapport aux valeurs de 2014. La ValBiom l’explique par l’arrivée d’acteurs plus professionnels, avec un service et une garantie de qualité, qui tirent les prix vers le haut. Malgré tout, on observe encore des prix très bas individuellement : bois importé de l’Europe de l’Est, petits producteurs locaux, …
Les prix des combustibles bois sont établis par enquête par la ValBiom. Ne disposant pas des valeurs de prix depuis la fin du deuxième semestre 2015, les prix ont été estimés sur base des tendances du baromètre économique de l’Office économique wallon du bois. Sous la pression des bas prix des combustibles fossiles, la tendance de ces 12 derniers mois est à la baisse de -2 à – 8%. Sur le long terme, la tendance est relativement stable et en dessous des valeurs de l’inflation (< 0,9%).
Gasoil de chauffage
Le prix du gasoil de chauffage est directement influencé par les cours internationaux du pétrole brut et du dollar (taux de change). Ils évoluent par vagues au gré des évènements géopolitiques. Entre 2011 et 2014, le prix du baril de pétrole a oscillé entre 100 et 120$/bl. Fin 2014, son cours s’est effondré pour atteindre des valeurs oscillant entre 40 et 60$/bl (voir graphique du prix spot ci-dessous). Il a même connu un niveau record de 30$/bl en janvier 2016, mais depuis les prix sont remontés autour de 50$/bl.
En phase avec ces évolutions, le prix du gasoil de chauffage à court terme (1 an) a connu une hausse de ≈ 7% (TCAM). Ayant connu un niveau record de 3,7 c€/kWh en janvier 2016, il est remonté à 4,9 c€/kWh en septembre 2016. Sur le long terme, la tendance des 5 dernières années est une baisse de ≈ -13% (TCAM).
Figure : Evolution du prix spot en Europe du baril de pétrole BRENT. Données sources extraites en octobre 2016 : EIA ; Graphe : Observatoire des prix de l’Energie – APERe
Gaz naturel
Les prix du gaz naturel diffèrent légèrement selon les gestionnaires de réseaux de distribution (GRD) et les Régions (en moyenne plus élevé en Wallonie). En septembre 2016, la moyenne belge est de 5,3 c€/kWh, avec ces variations régionales : la Flandre 4,7 c€/kWh, la Wallonie 5,9 c€/kWh et Bruxelles 5,2 c€/kWh. Sur la période 2011–2016, les prix du gaz naturel montrent une « évolution par vagues » avec des niveaux de prix équivalent début 2011 et fin 2016 et un maximum fin 2012.
Depuis fin 2012, la tendance du prix est globalement à la baisse, en phase avec l’évolution des prix de gros (voir figure ci-dessous). La tendance sur les 12 derniers mois est globalement à la baisse : -15% en Belgique (-12,5% en Wallonie, – 12% à Bruxelles, -19% en Flandre). La tendance moyenne sur les 5 dernières années est de – 7,6% pour la Belgique (-4,3% en Wallonie, – 7,2% à Bruxelles, -8,8% en Flandre).
Figure : Evolution du prix courant du gaz (marché international long terme M+1) entre 2012 et septembre 2016 (€/MWh). Henry HUB : USA ; PEG NOrd : FR ; NCG, GASPOOL : DE ; TTF, ZIG : BE ; NBP : UK. Source : CREG
Electricité
Comme pour le gaz naturel, les prix moyens de l’électricité diffèrent légèrement selon les gestionnaires de réseaux de distribution (GRD) et les Régions (en moyenne, Bruxelles est meilleur marché). En septembre 2016, la moyenne belge est de 24 c€/kWh (la Flandre 29,3 c€/kWh, la Wallonie 23,7 c€/kWh et Bruxelles 19,2 c€/kWh). Ces différences de prix entre Régions découlent des différences de prix de la composante « réseau » spécifique à chaque GRD.
Les sauts de prix observés découlent du changement de régime TVA, qui est passé de 21% à 6% en avril 2014 et de 6% à 21% en septembre 2015. Depuis janvier 2015, les régulateurs du marché de l’électricité et du gaz sont compétents pour approuver les tarifs de la composante « réseau ». Ainsi, le saut à la hausse de l’électricité en Flandre observée en janvier 2015 est la conséquence de l’approbation des nouveaux tarifs par la VREG.
Sans tenir compte des modifications de TVA, sur la période 2011-2016, les prix de l’électricité sont restés relativement stables en Wallonie (où ils ont périodiquement oscillés entre 23 et 25 c€/kWh), ils ont diminué en région bruxelloise (de 25 à 19 c€/kWh) et ont augmenté de 25 à 29 c€/kWh en Flandre.
Ces évolutions ne sont pas en phase avec les évolutions du prix de marché de gros. Celui-ci connait une baisse depuis 2011, avec une plus grande volatilité depuis 2014 dûe aux arrêts imprévus de grandes unités nucléaires (lire notre article 6 choses à savoir sur les prix élevés de l’électricité).
Figure : Evolution du prix courant dd l’électricité (marché international long terme Y+1) en Belgique, Pays-Bas, Allemagne et France entre 2011 et octobre 2016 (€/MWh). Henry HUB : USA ; PEG NOrd : FR ; NCG, GASPOOL : DE ; TTF, ZIG : BE ; NBP : UK. Source : CREG
Inflation
L’inflation est mesurée par le SPF Economie sur base de l’indice des prix à la consommation (IPC). L’inflation mensuelle du mois de septembre a été de 1,87%. La moyenne géométrique sur la dernière année a été de 2,4%. Sur la dernière période de 5 ans, elle a été de 0,9%.
Figure : Evolution de l’inflation mensuelle. Source SPF Economie.
Méthodologie de calcul du prix unitaire
Le prix unitaire moyen pour des profils de consommation définis est calculé en divisant la facture d’achat TVAC par la quantité d’énergie fournie exprimée en kWh.
Pour le gaz naturel et l’électricité, l’indicateur de prix est la moyenne calculée par la CREG pour des consommations standard-type : Gaz naturel 23 260 kWh ; Electricité (simple comptage – 13/18 kVA) 3 500 kWh.
Pour le bois, l’indicateur de prix est une moyenne incluant une livraison à proximité (données de la ValBiom jusque juillet 2015 et ensuite estimation sur base du baromètre économique de l’Office économique wallon du bois).
Pour les produits pétroliers, les valeurs suivies chaque mois sont les prix maximaux définis par le SPF Economie et incluant la livraison.