Micro-cogénération à pellets : un potentiel séduisant pour le résidentiel

Une société autrichienne propose depuis peu sur le marché belge, une formule de micro-cogénération à pellets qui ouvre de nouvelles perspectives en matière de gestion des énergies locales au niveau domestique.

« La micro-cogénération domestique est à nos portes », annoncions-nous dans Renouvelle en 2009. Les petites cogénérations domestiques faisaient à l’époque une entrée remarquée sur le marché du chauffage. L’irruption de ces équipements dans les foyers modernes, assurant à la fois le chauffage, la production d’eau chaude sanitaire et la production d’électricité consommable dans les usages domestiques, semblait à nos yeux imminente. Sept ans plus tard, si la plupart des sociétés du secteur proposent toujours des micro-cogénérations dans leur gamme, on ne peut pas dire que ces installations aient fait une percée dans les chaumières.

En cause : le coût d’investissement élevé. Mais aussi, et surtout, le manque de fiabilité du moteur Stirling qui, à l’époque, assurait dans la plupart des modèles la production conjointe d’électricité et de chaleur. Les clients et les vendeurs ont progressivement constaté un vieillissement prématuré des joints d’étanchéité, impliquant des fuites d‘hélium (le fluide caloporteur). Les services de maintenance se voyaient de plus en plus sollicités.

Ces défauts techniques ont amené la société Microgen Engine Corporation, aujourd’hui premier producteur mondial de moteurs Stirling, à développer un moteur Stirling adapté à la micro-cogénération.

A la même époque, un autre industriel, l’Autrichien ÖkoFEN, planchait sur le problème, avec pour ambition de proposer sur le marché une cogénération spécialement conçue pour les systèmes de chauffage à pellets dont il avait fait sa spécialité. Avec, à la clé, quelques avantages supplémentaires en terme d’environnement et de performances énergétiques.

Dès 2010, les deux pionniers unissent leurs efforts et développent un nouveau concept de combustion adapté au moteur Stirling Microgen. En mars 2011, un prototype délivre pour la première fois une puissance électrique de 1kW en continu. Quatre ans plus tard, le nouveau système de micro-génération à pellets, la Pellematic Smart_e 0.6, est disponible sur le marché autrichien. Commercialisé en Belgique depuis cette année, seuls quatre exemplaires affrontent l’hiver à ce jour.

 

Pourtant, sur le papier, la formule de micro-cogénération biomasse granulés de bois est à ce point séduisante qu’on serait tenté de renouveler d’emblée la prophétie de 2009.

Bilan carbone forcément plus avantageux que pour les énergies fossiles utilisées dans les autres type de micro-cogénérations. Rendement énergétique global (électricité + chaleur) élevé, pertes thermiques quasi inexistantes, maintenance limitée (y compris pour la gestion des cendres), etc.

On comprend vite aussi l’intérêt pour les prosumer de produire de l’électricité d’origine  renouvelable même durant les heures où le soleil est couché (bonne nuit le photovoltaïque !). Et en particulier en hiver, en début de soirée, à des moments où les chauffages tournent à plein régime tout en laissant travailler les moteurs Stirling pour produire de l’électricité (sans apport supplémentaire de ressources). On imagine ce que l’usage coordonné de tels systèmes pourrait laisser miroiter dans le contexte d’un réseau intelligent soigneusement piloté.

Mais dans la pratique, quelques bémols persistent.

Le premier tient au coût d’investissement de telles installations. Chaudière à pellets à entretien automatique plus moteur Stirling fiabilisé, on arrive vite à des sommets budgétaires (pas loin de 20.000€). Et on les dépasse allègrement si on y ajoute le fait qu’un bon dimensionnement de l’installation suppose qu’elle puisse tourner le plus possible.  Ce qui conduit, dans certains cas, à installer deux chaudières plutôt qu’une seule. L’une avec moteur Stirling, l’autre sans, utilisée en appoint. De quoi soulager la première et prolonger considérablement sa durée de vie.

Chez ÖkoFEN, on ne s’en cache pas, il faudra attaquer le marché par le haut. En passant notamment par les clients qui ont de grands besoins en eau chaude sanitaire ou ceux qui souhaitent chauffer leur piscine. Ceux aussi qui incluent les arguments de développement durable et de performance énergétique dans leurs critères de choix.

Par ailleurs on conviendra vite que le dimensionnement, le calibrage et la maintenance de ce type d’installation réclame un savoir-faire qui n’est sans doute pas à la portée du chauffagiste lambda. Au moins devra-t-il accepter de se former pour aborder les facettes inhabituelles de son (nouveau) métier d’installateur de micro-cogénération.

Reste à espérer qu’ils y seront encouragés par les réalités du marché.