L’heure des LEDs est-elle venue ?

Depuis de début des années 2000, les technologies LED font une percée spectaculaire dans l’éclairage. Au point que d’aucuns se demandent si, pour certaines applications, notamment dans le tertiaire, elles ne constituent pas désormais la solution la plus pertinente. Quelques nuances s’imposent.

Un séminaire initié par le Service Public de Wallonie (DGO4) avec la collaboration du Facilitateur URE, faisait le point le 24 octobre dernier sur l’éclairage au niveau des bâtiments tertiaires. Une situation terriblement évolutive à en croire les chiffres comparés des différentes technologies en présence: incandescence, fluorescence, halogène, iodure métallique, CFL, LEDs, etc.  Au point qu’aux dires du CSTC, 75% des installations d’éclairage (âge moyen : 20 ans) sont aujourd’hui objectivement dépassées. En quelques années, les rendements lumineux (et donc électriques) obtenus par les LEDs sont passés de quelques dizaines de lumens par Watt à plus de 100 lm/W aujourd’hui, avec des perspectives dépassant les 200 lm/W avant la fin de la décennie. Ce qui induit, par rapport aux solutions ‘classiques’, des économies d’énergie souvent considérables, associées à un confort visuel – température et rendu des couleurs,… – désormais équivalent, voire supérieur pour les installations bien dimensionnées.

Dans le même temps, les coûts de la technologie LED, considérés au début comme quasiment ‘dissuasifs’ à grande échelle, se sont eux largement contractés, tout particulièrement si l’on prend en compte les coûts de maintenance associés à des durées de vie (de l’ordre de 50.000 heures) bien supérieures à la plupart des solutions classiques.

De sorte que la question qui se pose d’emblée actuellement – et qui justifiait à elle-seule ce séminaire – est de savoir dans quelle mesure un investissement dans le remplacement systématique des installations d’éclairage traditionnelles par des technologies LED  ne serait pas dès à présent gagnant à tous les coups? A moins qu’il ne soit préférable d’attendre les importants progrès encore annoncés – et pas seulement en termes de rendement ! Bonne question apparemment. Car les experts se hâtent alors de mettre en avant quelques éléments techniques et/ou d’expérience de nature à freiner toute précipitation dans ce domaine.

 

La grande disparité des fabricants

Le premier constat concerne la grande disparité entre les différents fabricants présents sur le marché. Tout particulièrement au niveau des rendements annoncés en termes de puissance, mais aussi et peut-être surtout en ce qui concerne les flux lumineux et les températures de couleurs. Entre les chiffres annoncés et les performances réellement constatées, les différences peuvent être considérables. Ce qui peut conduire à de grosses déceptions par rapport aux rendus d’éclairage calculés au niveau des offres. De quoi conseiller quelques tests et vérifications qui ne sont pas forcément à la portée d’un intervenant non spécialisé. D’où l’intérêt de la nouvelle norme CIE DIS 025 en passe d’être mise en place et relative aux méthodes de test des lampes LED, des luminaires et des modules LED mis sur le marché.

Car au-delà de la source lumineuse elle-même – le « chip » –, il y a lieu de considérer tout un ensemble d’éléments : le LED proprement dit, le type de lampe choisi, les auxiliaires électriques, l’optique, le type de luminaire… C’est ce système d’éclairage dont le rendement va devoir être mesuré par la photométrie destinée à apprécier le confort visuel. Dans la plupart des situations la modernisation d’un système d’éclairage ne se suffira pas d’un simple remplacement d’ampoule (‘relampage’), mais exigera de reconsidérer l’ensemble de l’éclairage, luminaires inclus (‘relighting’). De quoi gonfler encore la facture finale. Et nous éloigner encore des retours sur investissement claironnés par les tenants des technologies LED.

Prudence aussi s’agissant des durées de vie et de l’absence de maintenance affichées par les fabricants. Les fameuses 50.000 heures théoriques revendiquées par les LEDs ne valent pas pour un rendement à 100%. Celui-ci se dégradera progressivement au fil du temps en fonction du courant transmis et de la température au sein du luminaire : le LED y est particulièrement sensible, ce qui favorise les installations bien ventilées et/ou en extérieur. Il faudra aussi compter avec des ruptures mécaniques au niveau des connexions, la défaillance de certains composants électronique (en particuliers le driver), le vieillissement des optiques, etc. L’absence de maintenance est donc à relativiser si l’on souhaite conserver un flux lumineux constant et de même qualité tout au long de la durée de vie technique du système.

 

La voie du dimming
Les spécialistes vous conseilleront de mettre à profit la grande capacité de modulation des LEDs via un dimming bien géré. Celui-ci permettra, à partir d’une installation surdimensionnée au départ, de suivre au fil du temps la baisse de rendement des sources lumineuses sans compromettre le confort visuel. Le dimming vous permettra dans la foulée de réaliser des économies d’énergie supplémentaires via un détecteur de présence et/ou une cellule crépusculaire avec gradation en fonction de la lumière du jour.

Quant à savoir si les technologies LED représentent en matière d’éclairage la formule la plus durable, les experts restent circonspects. Tout en rappelant que, de leur côté, les technologies traditionnelles ne sont pas restées à quai pour regarder passer le train de LEDs. Ils soulignent qu’au stade actuel, seules quelques applications LED tendent à s’imposer de manière décisive pour l’éclairage des bâtiments tertiaires : au niveau des couloirs et de certains bureaux en particulier, dans certaines situations extérieures dans le secteur industriel et pour la mise en valeur de bâtiments publics, etc. Avec au départ une étude technique solide, chiffrée, documentée et réalisée par des professionnels créatifs et aguerris.