La nouvelle Commission européenne a présenté un Pacte vert ambitieux. Objectif : Zéro carbone d’ici 2050. Une loi Climat pourrait bientôt en faire une obligation légale.
Alors que la COP25 s’achevait sans grandes avancées internationales, la nouvelle Commission européenne, présidée par Ursula von der Leyen, présentait ce 11 décembre 2019 un Pacte vert plutôt ambitieux.
Ce « Green deal » dresse en effet 50 actions stratégiques et mobilise quasi tous les secteurs économiques (énergie, bâtiments, mobilité, …) en vue d’atteindre une Europe décarbonée d’ici 2050.
Pour faire de cet engagement politique une obligation légale, une loi Climat sera présentée en mars 2020. Si cette loi est bel et bien adoptée, elle contraindra tous les Etats membres à mener les actions nécessaires pour devenir, ensemble, le premier continent zéro carbone en 2050.
Pour y arriver, la Commission revoit également ces objectifs intermédiaires pour 2030 : d’ici là, l’Europe devra réduire ses émissions carbones « d’au moins 50% et même tendre vers 55% », contre « au moins 40% » actuellement prévu. Un objectif 2030 plus ambitieux donc, mais jugé insuffisant par plusieurs associations environnementales, qui souhaitaient un objectif d’au moins 65%.
Parmi les actions qui seront renforcées : supprimer les subventions aux énergies fossiles, rénover les bâtiments, développer l’éolien en mer, instaurer une taxe sur le kérozène, stimuler l’offre de carburants alternatifs et les bornes de recharge (sans préciser toutefois si l’on parle d’électricité, de biocarburant ou d’hydrogène).
A ceux qui estiment ces actions trop peu précises, Ursula von der Leyen répond : « Nous n’avons pas encore toutes les réponses. Nous sommes au début d’un voyage. »
Les partenaires européens doivent cependant encore négocier les modalités – notamment financières – de ce Pacte vert et certains Etats – dont la Pologne – risquent de ne pas soutenir l’objectif zéro carbone d’ici 2050.
Transition inclusive
Pour lever les freins et résistances de certains Etats et secteurs, la Commission européenne propose de créer un « Fonds pour une transition juste » qui pourra mobiliser jusqu’à 100 milliards € sur 7 ans.
Les pays européens pourront également compter sur de nouvelles aides d’Etat pour doper les investissements durables, sur le programme d’investissements stratégiques InvestEU et sur le soutien de la Banque européenne d’investissement.
« Soit cette transition fonctionne pour tout le monde et sera juste, soit elle ne fonctionnera pas », insiste Ursula von der Leyen.
Fait inhabituel, la Commission européenne a chiffré le coût de l’inaction climatique : 190 milliards € de pertes annuelles estimées en cas d’augmentation de 3 °C de la température moyenne mondiale, 400.000 décès prématurés par an dus à la pollution de l’air, 90 000 décès par an dus aux vagues de chaleur, …
Et elle fait également un effort pédagogique sur sa volonté d’améliorer le bien-être et la santé des citoyens européens (illustration ci-dessous).
Si certains détracteurs parleront de « greenwashing », d’autres acteurs se montrent plus optimistes.
C’est le cas notamment des initiateurs du Pacte Finance-Climat, qui souhaitent la création d’outils européens pour financer massivement la transition énergétique (lire notre article Comment financer la transition énergétique).
Dans un message posté sur Facebook, cette association estime que les outils nécessaires sont presque tous mis en œuvre dans le Pacte vert : cadre législatif, plan d’action, Banque européenne d’Investissement en phase de devenir une banque Climat, … « A nous de jouer maintenant pour que les financements soient à la hauteur des besoins », lance-t-elle.
De nombreux réseaux citoyens et associatifs vont désormais s’activer pour rendre tangible cette nouvelle ambition européenne.
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