La Commission européenne a donné son feu vert au projet européen dédié aux batteries. L’innovation visera à améliorer la durabilité environnementale des batteries et à booster le déploiement des voitures électriques.
La Commission européenne a autorisé, ce 9 décembre 2019, 7 pays européens – l’Allemagne, la Belgique, la Finlande, la France, l’Italie, la Pologne et la Suède – à financer à hauteur de 3,2 milliards € le projet industriel paneuropéen dédié à la batterie, ce qui devrait permettre de mobiliser 5 milliards € supplémentaires en investissements privés.
Surnommé « l’Airbus de la batterie » (en référence au projet historique qui a fait émerger le secteur aéronautique européen), ce projet visera à soutenir la Recherche et l’Innovation dans le secteur prioritaire des batteries.
L’Europe souhaite ici rattraper son retard en matière de stockage d’énergie – face aux concurrents chinois, japonais et coréen notamment – afin de redynamiser son secteur automobile en phase d’électrification et de répondre à la demande croissante de batteries pour véhicules électriques.
17 participants directs, principalement des acteurs industriels et des PME, collaboreront étroitement les uns avec les autres et avec plus de 70 partenaires externes, comme des organismes publics de recherche de toute l’Europe.
Ce projet visera aussi à améliorer la durabilité environnementale à tous les stades de la chaîne de valeur des batteries.
Améliorer la durabilité
En effet, le but est de réduire l’empreinte carbone et la quantité de déchets produits aux différents stades de la production ainsi que de mettre au point un démantèlement, un recyclage et un raffinage durables et respectueux de l’environnement conformément aux principes de l’économie circulaire.
L’innovation travaillera ainsi sur l’ensemble de la chaîne de valeur des batteries, depuis l’extraction et la transformation des matières premières et la production des matériaux chimiques avancés jusqu’au recyclage et à la réaffectation des batteries usagées, en passant par la conception des cellules et des modules de batteries et leur intégration dans des systèmes intelligents.
Il s’agira en effet de développer des technologies hautement innovantes et durables pour les batteries Li-ion (à électrolyte liquide et à semi-conducteurs), « qui ont une plus longue durée de vie, qui se rechargent plus vite, qui sont plus sûres et plus respectueuses de l’environnement que les batteries actuellement sur le marché », précise le communiqué officiel.
Souvent critiquées pour leur empreinte environnementale, les batteries actuelles pourraient donc laisser place à des technologies de nouvelle génération nettement plus performantes et durables.
Le secteur de la batterie améliore déjà constamment ses performances. Selon une nouvelle étude de IVL Sweden, l’empreinte carbone des batteries Li – Ion pour les véhicules électriques atteint en 2019 entre 61 et 106 kg d’équivalent CO2 par kWh de capacité, soit 2 à 3 fois moins que les 150 – 200 kg d’équivalent CO2 mesurés en 2017 (lire cet article de Transport & Environnement).
4 domaines de R & D
Plus spécifiquement, les participants au projet et leurs partenaires privilégieront quatre domaines :
- Les matières premières et les matériaux avancés : le projet entend développer des processus innovants durables qui permettent l’extraction, la concentration, le raffinage et la purification des minerais afin de générer des matières premières de grande pureté. En ce qui concerne les matériaux avancés (comme les cathodes, les anodes et les électrolytes), le projet vise à améliorer les matériaux existants ou à en créer de nouveaux, qui seront utilisés dans des cellules de batteries innovantes ;
- Les cellules et les modules : le projet entend développer des cellules et des modules innovants conçus pour répondre aux critères de sécurité et de performance exigés pour les applications automobiles et non automobiles (stockage fixe de l’énergie, machines-outils, etc.) ;
- Les systèmes de batteries : le projet entend développer des systèmes de batteries innovants incluant des logiciels et des algorithmes de gestion des batteries ainsi que des méthodes de vérification innovantes ;
- La réaffectation, le recyclage et le raffinage : le projet entend élaborer des processus sûrs et innovants pour la collecte, le démantèlement, la réaffectation, le recyclage et le raffinage des matériaux recyclés.
Voici les entreprises et les pays impliqués dans ces 4 domaines de recherche (notons Nanocyl et Umicore pour la Belgique) :
Usines pilotes et emplois
Pour expérimenter cette recherche industrielle, une première usine pilote sera lancée en France – à Nersac, en Nouvelle-Aquitaine – à partir de 2020, avec la création de 200 emplois.
Deux autres sites, un en Allemagne et un autre en France, devraient ensuite voir le jour lors du passage à la phase de production à partir de 2022.
Selon la Commission européenne, la filière des batteries représente un potentiel de 2 à 3 millions d’emplois en Europe.
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