Le plan RePowerEU vise à rapidement économiser l’énergie, diversifier les approvisionnements et déployer les énergies renouvelables. Mais il comporte aussi des faiblesses. Voici les éléments essentiels à connaître.
L’horreur de la guerre en Ukraine a fait prendre conscience aux Européens de la nécessité de se passer des hydrocarbures russes, en cherchant à renforcer très rapidement leur indépendance énergétique. C’est l’ambition du plan d’action RePowerEU présenté le 18 mai dernier par la Commission européenne. Si celui-ci propose des mesures fortes en matière de transition énergétique, il comporte aussi des éléments inquiétants qui pourraient peser sur nos objectifs climatiques.
Du côté positif, la Commission propose trois mesures qui, jusqu’il y a peu, auraient été inespérées pour les défenseurs du climat. La première consiste à rehausser l’objectif d’énergies propres dans le mix énergétique de l’UE de 40 à 45% d’ici 2030 (contre 22 % aujourd’hui). La seconde vise à faire passer l’objectif d’efficacité énergétique de 9 à 13%, afin de donner un coup d’accélérateur aux mesures pouvant réduire notre consommation d’énergie en Europe – telles que la rénovation énergétique des bâtiments.
Enfin, la Commission frappe un grand coup en faveur du déploiement de systèmes solaires photovoltaïques sur toit. Plus précisément, elle propose une obligation légale d’installer des panneaux solaires sur les toits des nouveaux bâtiments d’ici 2026 et sur les bâtiments existants d’ici 2029 : une mesure qui permettrait de produire une quantité d’énergie équivalente à plus de 321 pétroliers de gaz naturel liquéfié (GNL) !
Mais il y a quand même un hic de taille dans ce plan d’action, à savoir : la possibilité laissée aux gouvernements européens de continuer à financer des infrastructures énergétiques fossiles, allant de la remise en service de mines de charbon à la construction de pipelines et de terminaux méthaniers. Or, l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) et l’ONU ne cessent de le répéter : si nous voulons limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, nous devons renoncer dès à présent à tout nouveau projet fossile. Autrement dit, la crise énergétique actuelle ne pourra pas se résoudre aux dépens de la crise climatique.
Comment dès lors diversifier à court terme nos sources d’approvisionnement en gaz, sans investir dans de nouvelles infrastructures fossiles, tout en accélérant la transition vers les énergies renouvelables ? Tel est le périlleux exercice d’équilibriste auquel les dirigeants européens vont devoir se livrer dans les prochains mois.
Voici quelques mesures plus en détail.
Economiser l’énergie
- Les États membres devraient également tirer pleinement parti des mesures de soutien telles que la diminution du taux de TVA pour les systèmes de chauffage à haut rendement et pour l’isolation des bâtiments, ainsi que d’autres mesures de tarification de l’énergie, qui encouragent le passage à des pompes à chaleur et l’achat d’appareils plus efficaces.
- La Commission a l’intention de publier dans le courant de l’année des orientations pour la mise à jour par les États membres de leurs Plan National Energie Climat en 2024 et rendra compte des progrès réalisés dans le cadre de REPowerEU, entre autres, par le biais des rapports sur l’état de l’Union de l’énergie et sur l’action climatique.
En outre, la Commission entend :
- Continuer à réunir les parties prenantes concernées, les partenariats pour les économies d’énergie, les organisations de consommateurs, les partenariats et alliances de compétences, le Comité des régions, les réseaux locaux et régionaux et les autorités centrales des États membres, afin de permettre le partage des meilleures pratiques en matière de mesures d’économies d’énergie dans tous les domaines et le suivi de l’impact des mesures d’économies d’énergie vers l’hiver prochain ;
- Continuer à fournir une assistance technique spécialisée en matière d’efficacité énergétique, notamment par le biais de l’instrument d’appui technique, de la politique de cohésion et d’ELENA, ce qui aidera les autorités et les parties prenantes à éliminer les obstacles au déploiement des programmes d’efficacité énergétique ;
- Invitera les États membres à rendre compte, pour le 1er juillet, des mesures qu’ils ont prises pour parvenir à une réduction de la demande à court terme. Ils seront également invités à exposer les autres actions qu’ils envisagent et l’impact attendu de celles-ci, notamment sur les centres de données et la chaleur résiduelle industrielle.
Diversifier les approvisionnements
La Commission et les États membres ont créé une plateforme énergétique de l’UE pour l’achat commun volontaire de gaz, de GNL et d’hydrogène. La plateforme énergétique de l’UE remplira trois fonctions d’appui aux achats communs de gaz :
- Agrégation et structuration de la demande ;
- Une utilisation optimisée et transparente des infrastructures gazières d’importation, de stockage et de transport ;
- Actions de portée internationale : des actions conjointes de portée internationale seront axées sur la mise en place de cadres de coopération à long terme avec des partenaires de confiance.
Accélérer la transition vers une énergie propre
La Commission européenne veut :
- Promouvoir les énergies renouvelables, avec les objectifs suivants :
- 45% d’énergie renouvelable en 2030 ;
- 320 GW d’énergie solaire photovoltaïque installée d’ici à 2025 notamment grâce à une stratégie solaire ambitieuse, qui renforce les dispositifs existants (lire notre article L’Europe photovoltaïque brille à nouveau) ;
- Obligation d’installer des panneaux solaires sur les nouveaux bâtiments d’ici 2029 (2025 pour bâtiments publics et commerciaux) ;
- Doubler le taux de déploiement actuel des pompes à chaleur individuelles ;
- Les États membres devraient stimuler la participation des citoyens, y compris des ménages à revenus faibles et moyens, et des communautés énergétiques aux projets d’énergie renouvelable, et prendre des mesures pour encourager le transfert des avantages de la transition énergétique aux communautés locales, ce qui renforcerait l’acceptation et l’engagement du public.
- Accélérer le déploiement de l’hydrogène vert, avec le soutien du secteur (lire le communiqué de Hydrogen Europe).
- Intensifier l’utilisation de biométhane. Le secteur estime cependant que le plan manque de vision et de mesures concrètes (lire notre article “L’Europe rate l’opportunité de la bioénergie durable pour sa sécurité énergétique”).
Enfin, la Commission européenne compte sstimuler la formation de personnes qualifiées, renforcer l’approvisionnement en matière première pour les installations renouvelables et accélérer les procédures administratives – notamment la désignation de zones propices au déploiement des énergies renouvelables en tant qu’intérêt public supérieur (lire notre article Les énergies renouvelables sont désormais présumées d’un “intérêt public supérieur”).