Les parcs éoliens en mer du Nord perturbent peu l’écosystème

L'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique coordonne la surveillance des effets environnementaux des parcs éoliens en mer du Nord. Un nouveau rapport donne quelques résultats observés.

La Belgique a initié en 2007 la construction de parcs éoliens en mer du Nord. Sur les 9 concessions attribuées, 4 parcs sont déjà opérationnels, pour une puissance totale installée en mer de 877 MW. Les 5 autres parcs seront construits d’ici 2020. La Belgique disposera alors d’une puissance offshore de 2.200 MW, soit l’équivalent de deux réacteurs nucléaires.

Depuis 2008, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique coordonne la surveillance des effets environnementaux de ce grand chantier énergétique. Elle a publié fin 2017 un nouveau rapport qui donne quelques résultats observés.

L’écosystème a peu changé

L’Institut indique ainsi que l’écosystème des substrats mous entre les éoliennes n’a pas changé de façon spectaculaire. Les poissons et invertébrés qui y vivent sont surtout influencés par d’autres événements : les fluctuations de température, les changements hydrodynamiques, les proliférations de plancton, …

La plie commune semble même être influencée positivement par les éoliennes en mer. Elle trouve ici de plus grandes ressources alimentaires et un habitat protégé, la prêche étant interdite dans les parcs éoliens.

Les scientifiques ont par ailleurs observé un nombre beaucoup plus élevé d’espèces vivant sur les substrats durs naturels – par exemple les lits de gravier – par rapport aux substrats durs artificiels tels que

les fondations des éoliennes et les protections contre l’érosion. Ces constructions ne semblent donc pas servir d’alternative valable à la perte de substrats durs naturels.

Nuisances sonores sous-marines temporaires

Recherche sur l’effet des nuisances sonores sur le cabillaud (photo Annelies De Backer / ILVO)

Le principal effet négatif mesuré concerne la phase d’enfouissement des pieux : les nuisances sonores sous-marines affectent alors les poissons et les mammifères marins. Lors d’une expérience effectuée sur des cabillauds en cage, les scientifiques ont détecté une forte augmentation des lésions à la vessie natatoire. De plus, de nombreux saignements internes et un comportement anormal à la nage ont été observés après l’enfouissement des pieux, des signes qui indiquent un taux de survie plus faible à long terme. Avec les limites de bruit en vigueur dans les eaux belges, des effets négatifs de ce type de bruit sous-marin peuvent survenir jusqu’à 750 m du lieu d’enfouissement du pieu.

Lors de cette phase du chantier éolien, les scientifiques ont également constaté une forte diminution de la présence du marsouin, et ce jusqu’à 20 kilomètres de la source de nuisance sonore. Simultanément, le nombre de marsouins doublait à de plus grandes distances, trouvant plus loin un environnement sonore plus calme. La situation redevient cependant normale lorsque les pieux sont enfouis.

Les oiseaux évitent les éoliennes …ou s’y installent

Un goéland marin observé dans un parc éolien offshore (photo Nicolas Vanermen / INBO)

Le rapport indique des comportements variables parmi les oiseaux. Quatre espèces évitent le parc éolien du Thorntonbank (le Fou de Bassan, la mouette pygmée, la mouette tridactyle et le guillemot de troïl), tandis que trois autres sont attirées (le goéland marin, le goéland argenté et la sterne caugek).

L’étude continue des changements observés dans le comportement de certaines espèces (comme par exemple, la diminution du temps de vol, ou la recherche de ressources alimentaires enfouies dans la végétation colonisant les fondations) peut apporter un éclairage nouveau sur le risque de collisions avec les éoliennes.

Enfin, l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique souhaite mieux analyser le risque de collision pour les oiseaux. Les parcs éoliens belges se situent en effet sur l’une des grandes voies de migration à travers l’Europe.