Les communes wallonnes développent des quartiers plus durables

Les communes ont la capacité de mieux aménager le territoire pour le rendre plus convivial, réunissant logements, commerces et services, et favorisant les déplacements à pied, à vélo ou en transports en commun. Voici de nombreux exemples à suivre en Wallonie.

On l’oublie souvent mais l’aménagement du territoire joue un rôle essentiel dans la lutte contre le réchauffement climatique. 

En Wallonie, les politiques du passé ont conduit à un éparpillement de l’habitat dans les campagnes, à une dispersion des commerces et services et à un sous-développement des transports en commun.  

Résultat : de nombreuses familles vivent loin des points d’attrait (écoles, bureaux, commerces, services, …) et doivent prendre une – et souvent deux – voiture(s) pour s’y rendre, sans possibilité d’alternatives par bus ou train. Ces longues heures de routes annuelles se traduisent par du temps perdu, de l’insécurité routière, de la pollution et de fortes émissions de gaz à effet de serre. 

En Belgique, le transport de personnes et marchandises représente ainsi 22% des émissions de CO2, en deuxième place après le secteur industriel (46%) et avant le chauffage des bâtiments (18%) – source : Climat.be.

 

Centraliser l’habitat, les bureaux, les commerces, … 

 

Les nouvelles politiques d’aménagement du territoire visent, au contraire, à centraliser l’habitat, les bureaux, les commerces et services, de manière à faciliter les déplacements quotidiens à pied ou à vélo.  

Pour les trajets plus longs, ces noyaux urbains offrent la possibilité d’organiser des services de bus, de trains ou de covoiturage. 

En outre, les habitats y sont plus denses (maisons mitoyennes, appartements, …), ce qui contribue à une meilleure performance énergétique des bâtiments en limitant les déperditions thermiques.  

De plus, ce type d’urbanisation peut offrir un cadre de vie attrayant pour les habitants, dans la mesure où des équipements y sont développés : espaces verts et aménagements publics (places, parcs, cheminements cyclo-piétons, plaine de jeux, …), services de proximité (crèche, petits commerces, salle polyvalente, centre culturel, …). 

Voilà pour les grands principes. 

Dans la pratique, les promoteurs immobiliers vanteront parfois des projets d’ “écoquartiers durables” qui sont loin d’être exemplaires. C’est pourquoi la Wallonie a adopté un référentiel Quartiers durables, qui établit 25 critères selon 5 thématiques.  

Pour obtenir ce label, le projet devra respecter au moins 20 critères, dont plusieurs sont obligatoires (accès aux transports en commun, densité de l’habitat, mitoyenneté, espaces verts, liaison du quartier, mixité des logements, …). 

 

Les communes, actrices d’une urbanisation durable 

 

Les communes jouent – ou peuvent jouer – un rôle très actif pour développer cette urbanisation durable. 

La campagne Politique Locale Energie Climat (POLLEC) a récemment publié une fiche pratique sur ce thème. 

Les responsables communaux y trouveront des leviers, outils et recommandations pour mener à bien leur action. 

Inspirés par cette fiche, nous proposons ici un tour d’horizon des actions communales possibles, illustrées par des quartiers durables exemplaires en Wallonie. 

 

Quand la commune maîtrise le foncier 

 

Quand la commune est propriétaire d’un terrain ou d’un site, elle peut agir de différentes manières. 

S’il s’agit d’un terrain destiné à la construction d’habitations, la commune est alors maître d’ouvrage du permis d’urbanisation. Elle est ainsi en mesure d’inscrire des prescriptions favorisant une urbanisation durable. 

S’il s’agit d’un site de un ou quelques hectares destiné à un programme mixte (logements, commerces, parcs, …), la commune peut alors recourir à un partenariat public-privé en lançant un marché de conception et exécution de travaux immobiliers par appel d’offre. 

Le projet « Cœur de ville » sur le site des Casernes à Namur en est un exemple intéressant (illustrations ci-dessous).  

L’objectif du projet est de recréer un nouvel îlot à taille de quartier, composé de logements, de services, d’un commerce alimentaire, d’une bibliothèque communale, d’une brasserie, d’un parc et d’un parking en sous-sol, situé en centre-ville à proximité de la gare des bus et des trains (description complète du projet). 

Illustration : Thomas & Piron Bâtiment et Cœur de Ville

 

Illustration : Thomas & Piron Bâtiment et Cœur de Ville

 

Illustration : Thomas & Piron Bâtiment et Cœur de Ville

 

 

L’écoquartier de la Fontaine Saint-Jean à Engis – entre Huy et Seraing, le long de la Meuse – est un autre exemple de démarche communale durable (illustrations ci-dessous). 

Le projet est situé à 200 m du centre culturel, commerces, école, superette, pharmacien, restaurant, salle gym, … Le service de bus est peu développé mais la gare, située à 2 km, est accessible via le Ravel cyclable. 

(description complète du projet). 

Illustration : Artau Architectures 

Illustration : Artau Architectures 

 

Pour un site très étendu (plus de 7 hectares), la commune n’aura pas les moyens de l’équiper elle-même et elle doit dès lors faire appel au secteur privé. Il s’agit dès lors d’élaborer des documents de cadrage et d’instaurer une procédure de “dialogue compétitif” afin que les entrepreneurs, fournisseurs ou prestataires de service puissent réellement répondre aux objectifs durables. 

En Wallonie, le premier projet respectant le référentiel “écoquartier durable” sera construit à Genappe en 2021, sur base de cette procédure.  

Le projet prévoit 800 logements et des zones d’activités économiques, intégrés au centre-ville – qui verra ainsi sa population doubler – desservis par 7 lignes de bus (illustrations ci-dessous). Des logements sociaux y seront intégrés, sans distinctions physiques, afin de favoriser la mixité sociale. 

Illustrations : Matexi 

 

(description complète du projet). 

 

Autre projet d’envergure : la redynamisation du quartier de la gare à Gembloux (illustrations ci-dessous). 

Illustration : Asymetrie 

Illustration : Asymetrie 

 

(description complète du projet). 

 

Citons également le projet d’écoquartier sur la presqu’île de Coronmeuse à Liège, développé sur base de la procédure de “dialogue compétitif” (illustrations ci-dessous). 

Illustration : Artau Architectures 

Illustration : Artau Architectures 

Illustration : Artau Architectures 

 

(description complète du projet

 

Quand la commune n’a pas la maîtrise du foncier 

 

Enfin, soulignons que, même lorsque la commune n’est pas propriétaire d’un site, elle peut convaincre et/ou contraindre, dans une certaine mesure, le porteur de projet à développer des formes d’urbanisation durables. La commune dispose pour cela de plusieurs leviers, détaillés dans cette fiche POLLEC