Pour la première fois, des citoyens vont proposer des actions à intégrer dans le Plan wallon AIR Climat Energie. D’autres expériences de participation citoyenne sont en cours, au bénéfice d’une transition énergétique partagée.
Le Plan wallon Air Climat Energie (PACE) définit toute la stratégie à mettre en œuvre pour réduire de 55% l’émission des gaz à effet de serre en Wallonie d’ici 2030.
Et pour la première fois, des citoyens seront appelés à faire des propositions d’actions ou de mesures à insérer dans la prochaine version du Plan.
En effet, le Service Public de Wallonie a adressé un courrier à 5.000 ménages tirés au sort. Parmi les citoyens qui ont répondu positivement à l’appel, 50 personnes ont été sélectionnées (plus 25 suppléants), en veillant à des profils représentatifs de la population wallonne.
Ces citoyens pourront exprimer leurs opinions, réflexions, questionnements et propositions par rapport au PACE et les pouvoirs publics, quant à eux, bénéficieront d’un retour citoyen qui permettra de connaitre l’adéquation ou non des mesures prévues dans le PACE avec cette vision citoyenne.
Les participants auront accès à diverses ressources pour construire leurs réflexions et plusieurs organisations viendront présenter comment elles feraient pour atteindre les objectifs du plan.
Cette initiative constitue une avancée positive dans la démocratisation des décisions politiques, surtout en matière de climat. Les citoyens pourront donner leurs expertises de terrain en tant qu’habitant et membre d’une communauté.
La question qui reste à se poser est : Quelle sera la réelle influence de ce panel dans les décisions finales prises pour le PACE ? Les participants auront-ils un réel pouvoir décisionnel ? Ou auront-ils un rôle plus limité ?
Si les recommandations du panel citoyen divergent de façon majeure par rapport aux mesures déjà existantes, seront-elles vraiment prises en compte ? Nous le saurons l’année prochaine quand la consultation citoyenne prendra fin.
Le PACE s’est donné un objectif ambitieux pour 2030. Pour y arriver, ne sera-t-il pas nécessaire de changer de modèle de société et de mode de consommation ? Est-ce que les citoyens et la société sont prêts à de tels changements ? Une chose est sûre : les changements nécessaires à la transition énergétique seront plus facilement acceptés si les citoyens participent à leur identification.
Les Namurois participent à leur transition

La participation citoyenne est mise en avant dans d’autres projets de transition énergétique. Prenons par exemple la Ceinture Energétique Namuroise (CEN). Ses objectifs ? En 2025, que l’autosuffisance énergétique soit présente dans le débat médiatique et politique local. En 2050, produire et stocker 10% des besoins en énergie dans la région de Namur. En bref, relocaliser la production énergétique pour réduire la dépendance envers les pays voisins et envers les énergies fossiles et nucléaire.
Pour établir un scénario qui permettrait d’atteindre ces objectifs, les initiateurs de la CEN désirent miser sur l’intelligence collective d’un panel de citoyens. Pour mener à bien ce projet, ils viennent ainsi d’obtenir un financement de la Ville de Namur dans le cadre de son budget participatif.
Les communes wallonnes co-construisent leurs stratégies climat avec leurs citoyens
Dans le cadre du programme POLLEC, de nombreuses communes wallonnes impliquent leurs citoyens dans l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi de leur Plan d’Action en faveur de l’Energie Durable et du Climat. Que ce soit à travers la création d’une assemblée citoyenne spécifique ou l’implication d’une assemblée existante, leur démarche vise à croiser l’expertise technique avec la connaissance que les citoyens ont de la vie sur leur territoire.

Des citoyens-acteurs

Autre exemple : un consortium d’acteurs a déposé un projet pilote de Réserve citoyenne auprès du Fonds de transition énergétique géré par le Service Public Fédéral Economie.
Un millier de ménages volontaires testeraient ainsi un système de réduction occasionnelle de puissance, via un compteur communicant. En clair, ils éteindraient certains appareils électro-ménagers lorsque la demande d’électricité est trop élevée et la production d’énergies renouvelables trop faible.
Cette gestion décentralisée de la demande coûterait moins cher pour les citoyens, n’émettrait pas de CO2 et induirait une nouvelle culture de la flexibilité : consommer et stocker les énergies renouvelables lorsqu’elles sont abondantes et réduire la puissance quand elles sont moins présentes. Les citoyens deviendraient ainsi acteurs du marché de l’énergie.
Cette réserve citoyenne pourrait voir le jour dans le cadre de la sortie du nucléaire en Belgique (lire notre article Une facture d’électricité plus chère et plus polluante ? Réduisons plutôt la puissance !).
Des citoyens informés

Enfin, citons la campagne d’éducation permanente « Et vous l’énergie, vous en pensez quoi ? », initiée par l’asbl APERe.
Pour que les citoyens soient capables de participer à un débat sur la transition énergétique et de prendre une décision, il faut qu’ils soient informés et outillés.
Cette campagne vise donc à sensibiliser le grand public, et en particulier les seniors et les personnes en précarité énergétique. « Montrer aux citoyens qu’ils peuvent être acteurs du futur paysage énergétique permet de démystifier la transition et d’encourager l’engagement citoyen » explique Violette Penasse, responsable de la campagne.
Finalement, quels que soient les objectifs de ces participations citoyennes et leurs résultats, c’est un signal positif envoyé aux citoyens quant à leur poids dans les décisions politiques qui paraissent parfois malheureusement trop éloignées de leur quotidien.