Après 4 années d’inertie institutionnelle, les citoyens ont réussi à placer le Climat au centre de la campagne électorale en cours. Seront-ils entendus ?
Les élections régionales et fédérale du 26 mai 2019 concentrent toute l’attention des citoyens pour le climat.
Il faut bien l’avouer : ils sont impatients que les chosent bougent à tous les étages !
Inertie institutionnelle
En effet, depuis 4 ans, la politique énergétique et climatique belge s’est illustrée par son inertie, déforcée par sa répartition entre les Régions (compétentes pour les énergies renouvelables) et le fédéral (compétent pour le nucléaire, l’éolien offshore, le réseau, les tarifs, …).
Les Régions et le fédéral avaient promis d’adopter ensemble un Pacte énergétique ambitieux, permettant à la Belgique de s’engager sur une réelle transition énergétique à l’horizon 2050.
L’absence de coordination entre ces entités, et les antagonismes entre partis politiques, se sont finalement soldés par un échec : ce Pacte énergétique, pourtant prometteur, a été adopté fin 2017 par la Wallonie et Bruxelles mais refusé par le fédéral et la Flandre. En effet, le parti NVA – alors au pouvoir dans ces deux entités – estimait ce Pacte trop coûteux.
Pourtant, l’analyse des coûts d’une transition 100% renouvelables d’ici 2050 montre que les productions renouvelables sont désormais plus compétitives que les productions classiques (lire notre analyse Pacte énergétique : les chiffres donnent l’avantage aux renouvelables).
Echaudés par l’inertie politique, les entreprises et les acteurs du secteur de l’énergie durable ont donc continué à avancer par leurs propres forces et moyens, mais sans cadre politique stimulant.
Mobilisation citoyenne
Les citoyens belges se sont ensuite mobilisés.
A l’automne 2018, le mouvement social des « gilets jaunes » faisait irruption en France et en Belgique et stigmatisait le coût trop élevé des carburants fossiles et la taxe carbone. Contre toute attente, les citoyens pour le climat ont compris cette colère et trouvé une mobilisation commune pour la justice sociale, fiscale et climatique (lire notre article « Gilets jaunes » et climat, même combat ? ).
Dans la foulée, 75.000 citoyens belges – lassés des tergiversations sur la sortie du nucléaire, des pannes quasi généralisées des centrales nucléaires, des risques de pénurie d’électricité en hiver, et de l’absence de réponse politique aux appels des scientifiques pour une action urgente pour le climat – se sont mobilisés massivement lors de marches climatiques en décembre 2018 et janvier 2019.
A la surprise du monde entier, les élèves belges ont embrayé et mènent chaque semaine une grève scolaire pour le climat. Ils sont désormais soutenus par la communauté scientifique et de nombreux acteurs de la société civile (lire notre article Grèves scolaires : une bonne nouvelle pour la citoyenneté et le climat).
Si bien que le climat s’est soudainement imposé dans la campagne électorale en cours. Les partis politiques se positionnent sur ce thème et se voient interpellés par les acteurs de l’énergie durable, reboostés !
En effet, encouragés par cette mobilisation citoyenne, EDORA – la fédération des producteurs renouvelables -, TWEED – cluster des entreprises du secteur – et l’APERe – association d’expertise sur la transition énergétique -, ont chacun rédigé un mémorandum qui appellent les candidats politiques et les futurs gouvernements régionaux et fédéral à agir.
Pour en connaître les lignes de force, nous vous invitons à lire notre article Elections 2019 : Les prochains gouvernements boosteront-ils l’énergie durable ?.