Contrairement à l'éolien wallon, la filière onshore progresse fortement en Flandre, si on en juge les dernières statistiques. Bart Bode et Alice Detollenaere (fédération ODE) tentent une ébauche d’explication.
L’éolien terrestre connaît des temps difficiles en Wallonie. La filière est confrontée à une remise en cause partielle des soutiens publics et à une opposition locale agitée par l’association Vent de raison, qui multiplie les recours contre les nouveaux projets. Résultat : les nouveaux parcs éoliens se font plus rares dans nos campagnes. En Flandre, au contraire, la filière onshore progresse (voir graphique et lire notre analyse statistique Le développement éolien en Belgique en 2014). Bart Bode et Alice Detollenaere (fédération ODE) tentent une ébauche d’explication.
Jean Cech(Renouvelle) : Après un relatif déclin de l’éolien terrestre comparable à la situation constatée en Wallonie, voilà qu’en 2014, 59 nouvelles installations font rebondir les statistiques flamandes. Comment expliquez-vous cela ?
Bart Bode et Alice Detollenaere (ODE) : C’est, au moins partiellement, la conséquence de la levée des doutes qui pesaient encore en Flandre sur les soutiens publics au secteur. Cela semble avoir débloqué toute une série de dossiers jusque-là mis en suspens par les acteurs de marché. La confiance est revenue tant au niveau des investisseurs que des futurs exploitants. Ils annoncent même pour 2015 des mises en chantier quasi aussi importantes. Beaucoup de permis obtenus ne peuvent attendre sous peine de se trouver hors délai.
J.C. : Ce qui semble vouloir dire que les demandes pour certains d’entre eux ont été introduites il y a un bout de temps déjà. Par calcul ?
B.B – A.D. : Dans certains cas, sans doute. Je me suis laissé dire que certains investisseurs avaient introduit un permis sans réelle intention d’installer des machines, mais dans la perspective d’une plus-value sur une revente à un moment opportun. Cela a sans doute été le cas dans le passé. Mais les conditions actuelles ont changé. Il y a aussi toute une série de permis qui sont arrivés l’an passé au terme d’une longue procédure.
J.C. : Vous parlez là de recours ou de procédures normales ?
B.B – A.D. : Les deux. Des investigations que nous avons menées auprès de nos membres, il apparaît que certaines procédures que vous qualifiez de ‘normales’ peuvent prendre jusque trois ou quatre ans. Si des recours viennent s’y ajouter, vous imaginez bien que ce délai est encore prolongé.
J.C. : Avez-vous connu sur ce plan une opposition aussi virulente qu’en Wallonie ? On pourrait l’imaginer compte tenu d’une densité de population bien plus importante en Flandre…
B.B – A.D. : Nous ne sommes pas en mesure de faire une comparaison en termes de quantités de recours. Ni d’avancer des arguments scientifiques. Mon sentiment est qu’en Flandre, on n’a pas réellement affaire à un mouvement organisé à l’échelle régionale. Il s’agit d’une opposition plus locale. Au niveau de la population flamande, les enquêtes témoignent effectivement d’un sentiment globalement plutôt favorable à l’éolien et à l’environnement en général.
J.C. : Ce qui semble être le cas au niveau de la population wallonne également, comme en témoignent les sondages. Et pourtant…
B.B – A.D. : Là encore, ce n’est qu’un sentiment personnel, mais je constate que beaucoup de nos membres consentent des efforts de communication particuliers en amont de l’introduction de leur projet. Cela diffère bien sûr d’un investisseur à l’autre, mais nous constatons souvent un intense travail de préparation de certains d’entre eux bien avant que leur projet ne soit rendu public. Le plus souvent, on n’attend pas la veille de l’introduction d’un permis pour communiquer au niveau local.
Ce que nous entendons par ailleurs, c’est que l’essentiel des discussions ne porte pas tant sur les aspects techniques de l’installation projetée, que sur des éléments plus économiques comme la structure de la coopérative ou les droits des coopérateurs.
Si des comités se forment, c’est plutôt sur des questions très factuelles comme la valeur des maisons, le bruit, … Nous ne percevons pas un mouvement anti-éolien en tant que tel, mais des interventions locales sur des questions très pragmatiques et parfois très pertinentes. Il n’y a pas réellement d’opposition idéologique ou de principe.