Selon une étude, le développement éolien en mer du Nord aura un impact positif sur l’emploi, la balance commerciale et les finances publiques. Un vent bienvenu !
Le développement des parcs éoliens en mer du Nord se poursuit à bon rythme. En 2017, 50 éoliennes du projet Belwind entreront en fonction pour une puissance supplémentaire de 165 MW. Depuis mi-février, 99 MW ont déjà été raccordés, portant la puissance totale installée en mer à 811 MW.
Avec une telle croissance, l’éolien offshore belge se place en 6ème position mondiale et en 4ème position si l’on considère la capacité installée par habitant. Les entreprises belges actives dans l’offshore développent désormais une expertise et réputation internationales.
Cette industrie en croissance entraîne la création d’emplois dans tous les domaines d’activités liés à l’énergie éolienne en mer comme la recherche, le développement, la construction des fondations et des plates-formes marines de transformation, l’installation des éoliennes et leur entretien.
Les coûts de soutien à l’éolien offshore font souvent l’objet de débats sociétaux. Les avantages environnementaux ou socio-économiques sont par contre moins connus.
C’est pourquoi la Belgian Offshore Plateform (BOP) a confié à un bureau de consultance indépendant (Climact) une étude portant sur l’impact macroéconomique du déploiement de l’éolien offshore sur l’économie belge, aujourd’hui mais aussi dans un avenir proche (2030).
Les conclusions sont claires. Le déploiement de l’éolien offshore belge a un impact positif sur tous les indicateurs socio-économiques :
- Selon cette étude, l’éolien offshore fournira de 15.000 à 16.000 emplois permanents à l’économie belge.
- Le secteur contribue au développement d’activités économiques à haute valeur ajoutée en Belgique. L’analyse macro-économique indique un impact potentiel sur la valeur ajoutée de près de 13 milliards € (valeur 2016) sur la période 2010-2030, soit environ 1 milliard € par an.
- Les coûts liés aux subventions sont compensés par de nouveaux impôts sur les bénéfices et par des dépenses de sécurité sociale plus faibles en raison directe de la création d’emplois. Pour les parcs déjà opérationnels et ceux en développement, la valeur actuelle nette sur les finances publiques est d’environ 1 milliard € pour la période 2010-2020.
- L’impact de la production offshore sur la facture d’électricité peut être limité voire neutre en raison de la baisse des prix de l’électricité : plus l’éolien offshore est présent dans le mix énergétique, plus les prix de l’électricité sur le marché sont bas. En effet, les technologies de production d’électricité à faibles coûts marginaux, comme l’éolien, ont tendance à faire baisser le prix du marché de l’électricité. Cet effet – appelé « merit order effect » – s’applique à l’entièreté de l’électricité achetée sur le marché. Cette baisse des prix de l’électricité a été évaluée entre 3 et 23 €/MWh pour la Belgique.
- Enfin, l’impact environnemental est également positif. En ce qui concerne les gaz à effet de serre, la production d’électricité provenant des 4 GW installés en mer du Nord en 2030 devrait permettre d’économiser environ 6 MtCO2e par an. Cela représente 5% des émissions de la Belgique en 2015 (118 MtCO2e) ou encore 50% des émissions issues de la production d’électricité (12 MtCO2e). Cet impact contribue à réduire les coûts inhérents aux changements climatiques.
Elia investit dans une « prise en mer »
Par ailleurs, Elia – le gestionnaire de réseau de transport d’électricité – a décidé d’investir dans une « prise en mer » (illustration ci-dessus). Ce réseau modulaire offshore (modular offshore grid ou MOG) se compose d’une plateforme offshore située à près de 40 km au large de Zeebruges, qui accueillera les câbles de 4 nouveaux parcs éoliens offshore (Rentel, Northwester 2, Mermaid et Seastar, soit une capacité supplémentaire de 1.030 MW).
Trois câbles sous-marins de 220 kV relieront le MOG au poste à haute tension Stevin, à Zeebruges, afin que l’énergie éolienne produite puisse être injectée sur le réseau terrestre belge.
Le MOG constitue un premier élément d’un futur réseau en mer du Nord et permettra des interconnexions avec les pays voisins.
La construction d’un réseau modulaire offshore offre plusieurs avantages par rapport à un raccordement direct. Il permet aux parcs éoliens raccordés au MOG d’injecter leur production sur le réseau belge, même en cas de perte ou de dysfonctionnement d’un des câbles offshore.
Grâce à sa modularité, la construction du MOG peut se dérouler par phases et être adaptée au calendrier de réalisation de chaque parc éolien. En outre, ce concept a permis de réduire de 40 km la longueur totale de câbles, limitant ainsi les nuisances pour les fonds marins et l’environnement.
L’entrée en service de la « prise en mer » est prévue pour fin 2019. Investissement : 400 millions d’euros.