L’éolien en mer veut répondre à la consommation électrique des industriels belges

Le secteur éolien offshore veut atteindre 4 GW installés en mer du Nord d’ici 2024, soit l’équivalent en puissance de 4 réacteurs nucléaires. De quoi répondre à l’industrie électro-intensive.

La Belgique se situe dans les pays les plus avancés au monde en matière de développement éolien offshore.

D’ici fin 2020, les 8 premiers parcs éoliens en mer du Nord belge auront ensemble une capacité de production totale de 2300 MW, ce qui permettra de produire en moyenne 8 TWh par an, soit environ 10% de la demande totale d’électricité belge.

Vu le dynamisme, la compétitivité économique et les avantages environnementaux de ce secteur, le Gouvernement fédéral belge a désigné une deuxième zone maritime qui sera dédiée à l’éolien : 200 nouvelles éoliennes pourront y être installées à partir de 2020. La Belgique doublera ainsi sa puissance éolienne en mer.

A terme, le parc offshore belge atteindra ainsi environ 4 GW, soit l’équivalent en puissance de 4 réacteurs nucléaires, et pourra couvrir 20% de la demande totale d’électricité en Belgique (voir la carte ci-dessous et lire notre article La Belgique doublera sa puissance éolienne en mer du Nord).

Les développeurs éoliens souhaitent accélérer le calendrier et investir rapidement cette deuxième zone maritime.

La Belgian Offshore Plateform demande ainsi au prochain Gouvernement fédéral que l’appel d’offres public pour de nouvelles capacités éoliennes en mer puisse être lancé en 2020, et que l’attribution des projets puisse avoir lieu en 2021, afin de réaliser les nouveaux parcs d’ici 2024 – au lieu de 2026 comme prévu (lire ce communiqué). Les 4 GW offshore seraient donc prêts avant 2025, date prévue pour la sortie du nucléaire en Belgique.

 

Assurer la compétitivité de l’industrie

 

Par ailleurs, l’association Greenpeace a récemment réuni au port d’Anvers des représentants politiques, des industriels et le gestionnaire de réseau Elia afin d’insister sur les atouts de l’offshore.

« La mer du Nord est et restera le centre mondial de l’éolien offshore. Les conditions sont idéales en raison du faible tirant d’eau, des bonnes conditions de vent et de la forte demande d’énergie à courte distance. La politique et l’industrie en Belgique ne sont pas encore suffisamment conscientes de cet avantage concurrentiel », souligne Jan Vande Putte (Greenpeace) dans un communiqué.

Or l’industrie lourde – comme celle du port d’Anvers – a tout intérêt à ce que l’éolien offshore devienne la colonne vertébrale de l’énergie belge : « C’est la meilleure garantie d’assurer à long terme sa compétitivité internationale », souligne Greenpeace.

 

La voie de l’hydrogène

 

« La question qui se pose, désormais, est de savoir comment rapatrier la production d’énergie », explique Jan Vande Putte dans cet interview de L’Avenir. « Il existe de grandes turbines flottantes qui stockent l’électricité puis la renvoient, via des câbles sous-marins (NDLR : procédé actuellement utilisé dans le parc belge). Mais depuis deux ans, des entreprises travaillent sur un autre modèle : celui d’une plateforme offshore qui transformerait l’électricité en hydrogène, plus facile à transporter. Cela montre bien que le monde de l’industrie se prépare pour une deuxième grande vague dans ce secteur. D’ailleurs, quand il s’agit de production par des éoliennes offshore, on ne parle plus aujourd’hui d’électricité, mais bien de besoins énergétiques : c’est un signe. »

Les groupes Colruyt et Fluxys développent en effet un projet pour convertir l’électricité éolienne offshore en hydrogène, un vecteur innovant, décarbonné et rentable (lire notre article Premier projet industriel en Belgique pour convertir l’électricité verte en hydrogène).

De quoi faire réfléchir les industriels et les politiques, alors que le Gouvernement fédéral hésite encore et toujours à sortir du nucléaire et à s’engager pleinement dans la transition énergétique.

 

200 GW en mer du Nord d’ici 2050

 

Selon Wind Europe, la fédération européenne de l’éolien, le secteur pourra installer 450 GW au large des côtes européennes d’ici 2050, dont 200 GW en mer du Nord (voir carte ci-dessus).

La mer du Nord deviendrait ainsi l’épicentre européen d’une gigantesque production d’électricité renouvelable, avec l’équivalent en puissance de 200 réacteurs nucléaires.

Pour y arriver, les 7 pays riverains de la mer du Nord – le Royaume-Uni, la Norvège, le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et la France – doivent intensifier leur collaboration, notamment pour sécuriser les investissements et interconnecter cet immense parc offshore avec les réseaux électriques nationaux.

Conscients de ces enjeux stratégiques, les Ministres de l’Energie des 7 pays concernés ont renouvelé en juin 2019 leurs engagements respectifs pour soutenir ce développement offshore (lire ce communiqué).

Cependant, selon Wind Europe, de nombreuses incertitudes pèsent actuellement sur la croissance possible de l’éolien offshore en Europe (lire ce communiqué).

 

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