Le recyclage photovoltaïque s’optimise

Les nouvelles technologies de recyclage photovoltaïque permettront d’atteindre un taux de 95% et un coût de 10€ par tonne. Avec un bilan environnemental d’autant plus léger.

En matière industrielle, le photovoltaïque reste une technologie très jeune qui a bénéficié dès ses premiers pas d’un contexte législatif important en matière de gestion des déchets. Dès 2007, une association – PVCYCLE – est née afin de prévoir la gestion optimale des déchets qui seront générés après 25 ans de bons et loyaux services.

Cette association est le fer de lance de la filière de collecte et de recyclage photovoltaïque qui, si elle reste confidentielle aujourd’hui en Belgique (environ 10.000 tonnes en 2014), constituera une réelle activité à partir de 2025/2030 (on parle de plus de 130.000 tonnes par an). Lire notre article Quelle fin de vie durable pour les panneaux photovoltaïques ?

Depuis le 1er juillet 2016, chaque fabricant/importateur et installateur de panneaux photovoltaïques a l’obligation légale de déclarer le nombre de panneaux mis sur le marché et d’assurer gratuitement la collecte et le recyclage des panneaux usagés.

Depuis le 1er juillet 2016 également, une éco-participation est prélevée sur chaque panneau solaire mis sur le marché. Cette contribution environnementale sert à organiser, administrer et financer les opérations de collecte, de tri et de traitement de déchets photovoltaïques actuels et futurs. Le montant de cette éco-participation a été fixé à 4€ par panneau.

Est-ce recyclable ?

Les capteurs photovoltaïques silicium cristallin constituent 95% des systèmes installés en Belgique. Ils sont composés essentiellement de verre et de métal (cuivre, aluminium) – qui représentent ensemble plus de 85% du poids -, de métaux précieux, de certains polymères issus de la pétrochimie (plastiques) et de silicium. Autant de matériaux non toxiques inertes et, exception faites des plastiques, facilement recyclables.

Et ça marche ?

Une première expérience européenne d’ampleur industrielle fut réalisée en 2008 : l’installation photovoltaïque du domaine provincial de Chevetogne (2.000 capteurs installés en 1983) fut totalement démantelée et recyclée avec les résultats suivants :

L’expérience a donc atteint 84% de taux de recyclage. Recma dit mieux ! Soutenue par le plan Marshall 2.vert, l’entreprise wallonne de recyclage RECMA développe en effet des technologies de recyclage des panneaux photovoltaïques permettant de dépasser un taux de 95%. Elle ambitionne de se positionner comme un acteur important et de générer, par cette activité, une petite vingtaine d’emplois directs et indirects. Une courte vidéo explique plus en détails leur projet baptisé SOLARCYCLE.

Quels coûts pour quels gains ?

Le coût de recyclage devrait représenter environ 10€ par tonne en 2020 (moins de 20 centimes par panneau) étant donné les technologies de recyclage et les volumes de traitement annoncés.

En plus des nouveaux emplois générés, le recyclage des capteurs photovoltaïques et l’usage des résidus permet de fabriquer de nouveaux capteurs en utilisant 1/3 de l’énergie nécessaire à la fabrication de capteurs à partir de matériaux « neufs ».

De quoi augmenter encore l’intérêt environnemental de cette technologie et diminuer à 1 an son temps de retour énergétique en Belgique (lire notre article Le photovoltaïque a déjà remboursé sa dette énergétique). Ce qui permet à certains de dire que le photovoltaïque est une industrie « doublement verte » (production d’électricité propre et recyclage quasi-complet).

Le silicium est-il réutilisable dans de nouveaux capteurs ?

Si le verre, les métaux et les minéraux précieux existants en quantité sont facilement réutilisables pour tout type d’usage, il n’en est pas de même pour le silicium. En effet, le silicium, dont les quantités sont en diminution constante dans les capteurs, n’atteint pas les volumes suffisants pour être recyclés dans de nouveaux capteurs. De plus, la surabondance de ce matériaux sur terre (il s’agit du deuxième élément le plus abondant après l’oxygène) et la pureté nécessaire pour qu’il soit photovoltaïque (99,99999% de pureté) font qu’il est plus fiable et moins couteux de le produire depuis des matériaux neufs.

Il pourra cependant être réutilisé dans l’industrie électronique, par exemple.


Voilà tout ce qui reste d’un panneau photovoltaïque après son broyage. Différents traitements chimiques et mécaniques vont maintenant séparer les composants.