Alors que la tendance mondiale se normalise autour de 7,7 centimes€/kWh pour les centrales solaires, des records brésiliens et portugais surprennent avec un coût de 1,5 centime€/kWh.
Le coût de production photovoltaïque connaît une baisse continue depuis plusieurs années, en particulier pour les centrales solaires au sol (lire notre article 2017 ou la victoire économique du solaire et de l’éolien).
Selon un récent rapport de IRENA, le coût moyen des grandes installations photovoltaïques a chuté de 33 centimes€/kWh en 2010 à 7,7 centimes€/kWh en 2018, soit une baisse de 77% en 8 ans.
La tendance est encore plus forte dans les régions possédant de bonnes ressources et des cadres réglementaires et institutionnels stimulants. Ainsi, en 2018, des prix d’enchères très bas pour des centrales photovoltaïques au Chili, au Mexique, au Pérou, en Arabie Saoudite et aux Émirats arabes unis ont donné lieu à une normalisation du coût de l’électricité solaire autour de 2,7 centimes€/kWh seulement.
En 2019, de nouveaux records ont été atteints durant l’été lors de mises aux enchères au Brésil et au Portugal, où les gagnants ont remporté les marchés pour un coût proche de 1,5 centime€/kWh.
Ces records mondiaux ont surpris les experts photovoltaïques, qui les analysent cependant avec prudence.
Au Brésil, les deux projets gagnants (40 et 163 MW) vendront en effet plus de la moitié de la production à des clients ou sur le marché de l’électricité, probablement à un prix plus élevé (lire cette analyse de PV magazine).
Au Portugal, le prix final de 1,47 centime€/kWh « ne reflète pas le prix réel du photovoltaïque et n’est pas un indicateur du futur prix de la puissance sur le marché de l’électricité », selon Antonio Delgado Rigal, directeur du service de prévision énergétique Aleasoft, interviewé par PV magazine.
Selon lui, ce prix portugais résulte d’une mise aux enchères complexe et ne serait actuellement pas rentable pour des projets photovoltaïques ailleurs dans le monde.
Il n’empêche que de nouvelles tendances à la baisse sont attendues sur le marché photovoltaïque, comme en témoigne le prix « historiquement bas » – 1,8 centime€/kWh – approuvé par le régulateur de Los Angeles le 10 septembre dernier et couplé à un projet de stockage (lire cet article).
Cette tendance se constate aussi pour les petites installations.
En Belgique, une installation domestique se vend aujourd’hui à environ 1.000 €/kWc installé, soit 5.000 € pour un système classique de 5 kWc. C’est 6 à 7 fois moins cher qu’il y a 10 ans.
Pourquoi cette baisse des coûts ?
En 10 ans, la filière photovoltaïque a connu une très forte croissance pour atteindre aujourd’hui 500 GWc installés dans le monde, soit l’équivalent en puissance de 500 réacteurs nucléaires (lire notre article).
Au niveau industriel, cela s’est traduit par d’importantes économies d’échelle et notamment une chute de 90 % des coûts de fabrication des modules photovoltaïques, dans toutes les technologies (voir graphique IRENA ci-dessous).
Dans le même temps, les chercheurs et fabricants ont amélioré les cellules photovoltaïques :
- Elles sont de plus en plus minces et légères. L’industrie solaire utilise aujourd’hui 4 fois moins de matière et d’énergie qu’auparavant pour fabriquer les cellules.
- Elles offrent des rendements de production d’électricité de plus en plus élevés.
Lire notre article Fabriquer des panneaux photovoltaïques consomme de moins en moins d’énergie.
Au niveau de la Recherche et Développement, des innovations annoncent de nouvelles perspectives de réduction des coûts de fabrication, par exemple la technologie émergeante « kerfless » qui offre un taux d’utilisation (matériaux et énergie) proche de 100%, alors que les procédés conventionnels enregistrent environ 50% de pertes (lire notre article Les cellules solaires « kerfless », une technologie à prix inédit).
Par ailleurs, les acteurs du marché ont gagné en expérience et en efficacité et peuvent désormais installer du photovoltaïque partout dans le monde, à moindre coût.
Plus compétitif que les énergies fossiles
Selon le rapport IRENA, ces réductions de coûts rendent désormais le photovoltaïque – et l’éolien onshore – plus compétitif que les énergies fossiles pour produire de l’électricité, même sans soutien financier (lire ce communiqué).
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