Le gouvernement wallon a adopté le Plan Air Climat Energie 2030. Parmi les mesures phares : réduire fortement les déplacements en voiture, accélérer la rénovation énergétique des bâtiments et augmenter les productions éolienne et photovoltaïque.
Le Gouvernement wallon a adopté le 19 juillet 2018 le Plan Air Climat Energie (PACE) qui fixe les objectifs à atteindre à l’horizon 2030, et balise les mesures phares qui devront être prises pour y parvenir.
Ce Plan s’appuie en grande partie sur la vision énergétique ambitieuse du Service Public de Wallonie, présentée en mars dernier aux acteurs du secteur (lire notre article La Wallonie avance sur son Plan Air Climat Energie 2030).
Voici les éléments-clefs du Plan adopté par le Gouvernement wallon, sur base des analyses de l’Association pour la promotion des énergies renouvelables – APERe asbl – et de la fédération des producteurs renouvelables EDORA.
Une mobilité beaucoup plus durable
La Wallonie vise un objectif indicatif de -36% des émissions de gaz à effet de serre entre 2005 et 2030 pour le secteur dit « non ETS », c’est-à-dire hors grandes industries et centrales électriques. Cet objectif en phase avec l’engagement pris par la Belgique de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 35% à cet horizon.
Pour y arriver, la Wallonie compte mettre en œuvre la vision de mobilité durable FAST 2030 , qui prévoit notamment une réduction très ambitieuse de la part modale de la voiture à 60% (contre 83% actuellement), au profit des transports en commun et du vélo. On s’interroge néanmoins sur les moyens qui seront mis en place pour atteindre un tel objectif.
Le parc automobile changerait également de configuration, avec 20% de « full électrique » (soit 370.000 véhicules en 2030) et près de 20% qui roulerait au gaz naturel (CNG). Pour ce faire, la Wallonie déploierait 190.000 points de recharge électrique et près de 220 stations CNG sur son territoire.
Concernant ce réseau de recharge électrique, soulignons que l’APERe plaide pour des points de recharge lente couplés avec un développement de l’autoconsommation collective (lire notre article Voitures électriques : pour un réseau de recharge … lente! ).
Quant au CNG, ce carburant alternatif nous semble pertinent uniquement dans une phase transitoire – la plus courte possible -, en transition vers un parc 100% électrique d’ici 2050.
Le CNG reste en effet un carburant fossile, même si les acteurs du marché tels que l’intercommunale IDETA envisagent à terme de le « verdir » en injectant du biogaz sur le réseau de distribution (lire notre article Carburants alternatifs: top départ ! ). La superficie agricole nécessaire pour produire ce biogaz et répondre à la demande serait trop importante au regard du territoire wallon. De plus, le bilan CO2 resterait de toutes façons moins intéressant qu’un parc automobile « full électrique » alimenté par une production 100% renouvelables d’ici 2050.
Accélérer la rénovation des bâtiments
Autre secteur devant contribuer de manière significative à la réduction des émissions de gaz à effet de serre : les bâtiments. Les besoins d’énergie devraient diminuer à un rythme de 1,6% par an (contre 1%/an entre 2017 et 2020), soit une économie de 5.800 GWh à l’horizon 2030.
La Wallonie table sur une accélération des rénovations énergétiques des bâtiments existants, et un renforcement de la norme énergétique pour les bâtiments neufs (lire notre article Vers des bâtiments « zéro énergie » en Wallonie).
Des objectifs éolien et photovoltaïque à la hausse
En matière d’énergies renouvelables, le gouvernement wallon a adopté un objectif de 23,6% à atteindre d’ici 2030 (contre 11,1% en 2015).
Cette progression se ferait dans les secteurs de l’électricité renouvelable (+ 5.600 GWh) et de la chaleur renouvelable (+5.950 GWh), tandis que le transport renouvelable resterait stable.
La Wallonie table sur une nette diminution de la consommation finale brute d’énergie par an (112 TWh en 2030 contre 124 TWh en 2016).
Les objectifs éolien (4.600 GWh) et surtout photovoltaïque (3.300 GWh) sont également relevés par rapport aux objectifs fixés par le précédent gouvernement.
Par contre, la contribution de la biomasse énergie est réduite à 1.700 GWh électrique. Motif invoqué : l’abandon du projet de grande centrale biomasse électrique à Visé. Le secteur approuve l’abandon de ce projet au profit de nombreuses petites cogénérations biomasse mais aurait souhaité un objectif électrique plus ambitieux.
Le gouvernement wallon compte davantage exploiter le potentiel de la biomasse à travers une production de chaleur renouvelable (+3.500 GWh sur la période 2020 – 2030).
Rappelons que le secteur de la biomasse a établi son propre scénario de chaleur verte à court et long terme (lire notre article Comment chauffer durablement la Wallonie ? ).
Le gouvernement soutient également le potentiel des pompes à chaleur (air et sol), dont l’apport devrait se situer à près de 2.000 GWh (soit de loin la plus forte croissance par rapport à la situation actuelle).
Voici donc la trajectoire pour 2030. Au-delà de cette échéance, le Plan rappelle simplement la résolution du Parlement wallon de tendre à 100% d’énergies renouvelables à l’horizon 2050.
Le mécanisme des certificats verts est maintenu
C’était l’une des questions qui taraudait le secteur : le soutien à l’électricité verte s’appuiera-t-il toujours sur le mécanisme historique des certificats verts ou celui-ci allait-il être abandonné au profit d’un mécanisme de primes, comme le souhaite la CWaPe dans sa proposition ?
Le gouvernement a tranché. Suite à une évaluation interne du mécanisme, il estime que ce mécanisme reste le système de soutien le plus pertinent et le moins coûteux pour atteindre les objectifs renouvelables. Cependant, « d’importantes améliorations doivent être mises en place ».
Par ailleurs, il annonce la mise en place d’un dispositif de soutien structurel à la chaleur renouvelable.
Consultation en vue
Le Plan Air Climat Energie 2030 adopté par le gouvernement wallon sera soumis à la consultation durant le mois de septembre. Les acteurs du secteur renouvelables seront donc invités à donner leurs avis et propositions d’amélioration.