La Flandre veut relancer le photovoltaïque

Face à une bulle de certificats verts, le gouvernement flamand introduit une taxe, refuse un méga projet biomasse et compte désormais sur le photovoltaïque pour atteindre ses objectifs 2020.

La ministre flamande de l’Energie Annemie Turtleboom a démissionné le 29 avril dernier, à la suite d’une longue polémique autour de la « Turteltaks ».

Cette taxe, en vigueur en Flandre depuis le 1er mars, vise à absorber la bulle financière qui a gonflé ces dernières années sur le marché flamand des certificats verts. La bulle, créée par la sur-rentabilité du photovoltaïque durant cette période, s’élève actuellement à 1,1 milliards € et atteindra 2,7 milliards € en 2021 (voir graphique ci-dessous). La Flandre connaît donc aujourd’hui une situation similaire à celle de la Wallonie en 2013.


Surplus de certificats verts (GSC – Groene Stroom Certificaten) et de cogénération (WKC – Warmte Kracht Certificaten) en Flandre, en millions €. Source : VEA

Concrètement, la « Turteltaks » impose une nouvelle contribution annuelle qui varie entre 25€ et 120€ selon les revenus du ménage et en fonction du raccordement au réseau électrique.

Cette décision passe très mal auprès de l’opinion publique ; d’autant plus que le gouvernement flamand a récemment supprimé les « kWh gratuits » octroyés aux ménages à revenus modestes. Les petits consommateurs se voient donc lourdement pénalisés.

Face à la polémique, le gouvernement flamand a décidé de mettre fin au projet de centrale biomasse BEE Power à Gand (215 MW électrique). Une décision abrupte qui annule de facto un volume important de certificats verts planifiés sur le marché. Selon les autorités, cette mesure permet de réduire d’environ 1/3 la bulle historique visée par la « Turteltaks ».

Notons que le projet BEE Power se voyait contesté par les associations environnementales, au même titre que le projet de méga centrale biomasse en Wallonie (lire notre article Quel schéma industriel pour la biomasse énergie ?).

Un déficit de production à combler

Avec l’arrêt de BEE Power, la Flandre se retrouve aujourd’hui avec un important déficit de production pour atteindre son objectif de 10,5% d’énergies renouvelables en 2020.

Pour combler ce manque, le nouveau ministre flamand de l’Energie Bart Tommelein invite les ménages et entreprises flamandes à …installer massivement du photovoltaïque.

En effet, depuis juillet 2014, cette technologie ne nécessite plus le soutien de certificats verts en Flandre et s’avère compétitive avec le seul mécanisme de compensation (compteur qui tourne à l’envers). La Région flamande a donc tout intérêt à augmenter sa production photovoltaïque, à moindre coût.

Et pour les ménages – flamands, wallons ou bruxellois –, l’avantage est également évident : autoproduire son électricité solaire rapporte plus qu’un compte bancaire d’épargne.

Les perspectives de marché sont importantes. Si la puissance de BEE Power (215 MW) devait être totalement remplacée par du photovoltaïque pour assurer une même production électrique annuelle, cela représenterait une puissance solaire supplémentaire de 1.400 MWc (considérant un taux de charge de 6.500 h pour la biomasse).

La filière pourrait ainsi connaître prochainement un regain d’installation en Flandre.

Lire également nos articles Prix d’achat de l’énergie par les ménages (mai 2016), Energies renouvelables : analyse des politiques de soutien en Belgique et  Quel tarif « réseau » pour les prosumers ?