Les 140 batteries, combinées à une gestion active de la demande de plusieurs consommateurs industriels, offrent un service de réserve primaire rentable. Une première en Belgique.
La Flandre a inauguré fin mai 2018, à Dilsen-Stokkem (Limbourg), une centrale électrique virtuelle qui combine gestion active de la demande d’une agrégation d’industriels et une centrale de stockage composée de 140 batteries Tesla pour une puissance totale de 18 MW. Il s’agit actuellement de la plus grande batterie intégrée à une réserve primaire en Belgique, selon ce communiqué. Engie Electrabel développe un projet similaire de centrale de stockage à Drogenbos. 6 MW de batteries de quatre fournisseurs différents y sont actuellement testés.
Ces batteries sont capables de se charger et se décharger 100 fois plus vite que les centrales conventionnelles, selon Evan Rice (Tesla) cité par PV magazine.
Le projet intègre également plusieurs consommateurs industriels réunis par l’agrégateur Restore et représentant 12 à 22 MW. Ensemble, ces consommateurs trouvent une opportunité de valoriser leur flexibilité sur le marché de l’énergie, ce qui leur était impossible individuellement.
Cette gestion active de la demande est rendue possible grâce au stockage par batteries, explique REstore dans un communiqué.
Au final, cette centrale électrique virtuelle offre un service de réserve primaire d’une puissance de 30 à 40 MW dont le client est Elia – le gestionnaire du réseau électrique haute tension. Elle représente une alternative durable et compétitive vis-à-vis des centrales à gaz pour la gestion de la flexibilité.
Le projet, construit en 5 semaines sur un ancien bassin minier et baptisé Terhill, sera également équipé d’un micro-grid et de deux grandes installations photovoltaïques – l’une au sol, l’autre flottante. L’ensemble alimentera directement en électricité un village de vacances.
Lire à ce sujet notre interview de Donald Gilbert, Sourcing manager de REstore: « La flexibilité est un savoir-faire qui est appelé à se développer » et notre interview de Olivier Devolder (N-SIDE) : Flexibilité : enjeu et mode d’emploi
Un modèle rentable
Aujourd’hui, les batteries intègrent un modèle économique viable dans le service de réserve primaire des gestionnaires de réseau. Elles sont là pour maintenir l’équilibre sur le réseau de façon quasi instantanée.
Le but n’est pas de stocker l’électricité des éoliennes produite à midi pour la rendre sur le réseau le soir. Ce modèle-là est techniquement possible mais n’est pas encore rentable.
D’autres projets dans le monde
Des projets similaires se développent ailleurs dans le monde.
A Jaderlund en Allemagne, Eneco et Mitsubishi se sont alliés pour construire une batterie géante d’une capacité de 48 MW. Il s’agit de la juxtaposition de plus de 10 000 petites batteries qui peuvent stocker jusqu’à 50 MWh.
Aux Pays-Bas, le projet CrowdNet développe un réseau de 400 batteries domestiques qui constituera une capacité de réserve pour la gestion du réseau d’électricité national.
En Australie, Tesla compte équiper un large réseau de 50 000 batteries domestiques qui constituera une centrale virtuelle de 250 MW. Soit de quoi remplacer une centrale au gaz ou au charbon.
Les maisons et bâtiments publics seront équipés gratuitement de panneaux photovoltaïques et de batteries, en échange d’une réduction de 30% sur leur facture d’électricité. La production et le stockage seront gérés par un opérateur qui offrira ses services au gestionnaire de réseau. Explications dans cet article.
Par ailleurs, en Australie toujours, Tesla a installé en novembre 2017 une batterie de 100 MW couplée à un parc éolien (photo ci-dessous), ce qui permet de stabiliser le réseau électrique. Selon les premiers retours d’expérience, ce projet a permis de réduire de 90% les coûts de réseau.
Stockage et renouvelables, même combat
Le stockage de l’énergie est l’un des défis majeurs pour assurer la croissance attendue des productions d’énergies renouvelables.
En effet, la combinaison d’une production électrique variable à des capacités de stockage se substituera progressivement aux solutions électriques basées sur les ressources fossiles ou nucléaires.
Selon un rapport de IRENA, la capacité de stockage pourrait ainsi tripler si les pays doublent la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique mondial (lire notre article Stockage: Le coût des batteries en chute libre d’ici 2030).