La biométhanisation : un bilan carbone positif

Filière méconnue, la biométhanisation permet de produire du biogaz et du fertilisant. Ce processus émet un peu de CO2 mais permet surtout d’économiser beaucoup de gaz à effet de serre. Explications.

L’APERe – association belge pour la promotion des énergies renouvelables, qui édite Renouvelle.be – reçoit régulièrement des questions de citoyens sur les différentes filières d’énergies renouvelables : évolutions technologiques, impacts environnementaux et climatiques, … 

Voici une réponse à la question : Quel est le bilan carbone de la biométhanisation ? 

Filière méconnue, la biométhanisation fait partie de l’énergie biomasse et permet de produire du biogaz (un combustible renouvelable qui sera utilisé pour faire de la chaleur, de l’électricité ou du carburant) et du fertilisant pour les plantations agricoles.  

Souvent située au sein d’une exploitation agricole, l’unité de biométhanisation transforme en effet différents types de matières organiques (effluents d’élevage, déchets agricoles, boues, … – appelées « intrants ») en biogaz ; tandis que les résidus du processus (le digestat) est récupéré comme fertilisant pour les champs. 

 

Schéma : Panorama de la biométhanisation en Wallonie en 2018 – ValBiom.be

Les fermes captent et émettent des gaz à effet de serre

Pour comprendre le bilan carbone de la biométhanisation, il faut d’abord regarder la situation de départ au sein d’une ferme classique. Cette exploitation a 2 impacts environnementaux :

-d’une part, elle joue un rôle de captation du carbone atmosphérique (le CO2 est stocké, via la photosynthèse, dans les sols et dans les cultures) ;

-d’autre part, elle émet aussi des gaz à effet de serre dans ses pratiques agricoles : carburants fossiles des tracteurs et machines, engrais chimiques, chauffage des bâtiments (gaz, mazout), … Notons que l’épandage direct des effluents d’élevage (comme engrais) libère de grandes quantités de méthane, un gaz qui est 21 fois plus nocif pour le climat que le CO2.

L’illustration ci-dessous montre les émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre d’une ferme classique :

Schéma : Solagro.org

Imaginons à présent que cette exploitation agricole décide d’intégrer une unité de biométhanisation.

Dans certains cas, comme en Wallonie, plusieurs exploitants agricoles se regroupent pour valoriser leurs intrants dans une plus grosse unité de biométhanisation.

Ce nouveau processus génère du CO2 à trois étapes : lors du transport par camion des déchets organiques vers l’unité de biométhanisation, lors de la combustion du biogaz et lors de l’évacuation et l’épandage du digestat dans les champs (carburant fossile des machines agricoles).

Cependant, au niveau global, cette biométhanisation permet aussi de réduire fortement les émissions de gaz à effet de serre de la ou les exploitation(s) agricole(s).

En effet, une ferme qui intègre une biométhanisation remplace sa consommation d’énergies fossiles (très émettrices de CO2) par du biogaz (peu émetteur de CO2). Elle peut également opérer un transfert de certaines consommations fossiles vers le vecteur électrique de source renouvelable ou développer de nouvelles activités avec la chaleur issue de la biométhanisation comme par exemple du séchage.

Et au niveau des champs, le digestat permet de remplacer soit des engrais chimiques (très émetteur de CO2) soit un épandage direct des effluents (très émetteur de méthane).

L’illustration ci-dessous montre les émissions évitées grâce à la biométhanisation :

Schéma : Solagro.org

Voilà pourquoi les scientifiques – et les autorités européennes – considèrent le bilan carbone de la biométhanisation comme neutre – voire positif.

De plus, la biométhanisation offre d’autres avantages : autonomie des agriculteurs en énergie et en engrais (ils maîtrisent ainsi mieux leurs coûts), valorisation de déchets organiques (qui, sinon, coûteraient à la collectivité) , amélioration de la valeur agronomique, meilleur contrôle des compositions des matières entrantes et sortantes, meilleur contrôle et respect des normes d’épandage, meilleure qualité du lisier d’épandage, création d’emplois locaux pour le suivi et l’entretien de l’unité de biométhanisation, …

Source : ValBiom.be