La Belgique va-t-elle atteindre ses objectifs 2020 ?

Keep on track tire la sonnette d'alarme : la Belgique peut encore atteindre ses objectifs renouvelables d'ici 2020. Mais il est urgent que les gouvernements fédéral et régionaux s'accordent sur une politique énergétique commune.

Le consortium européen Keep on track est chargé de suivre les trajectoires annuelles de développement des énergies renouvelables dans les Etats membres. Son dernier rapport intitulé « EU Tracking roadmap 2015 » est clair : sans changement de politique, la Belgique risque de ne pas atteindre ses engagements européens pour 2020.

En effet, le contexte belge n’est pas brillant : les négociations s’éternisent entre Régions sur la répartition des efforts (burden sharing) pour atteindre l’objectif belge de 13% d’énergies renouvelables en 2020, au point d’être dénoncé sur la scène internationale (lire notre article « La Belgique doit débloquer son financement climat »).

Tandis que le secteur de l’énergie navigue toujours dans le brouillard face à l’échéance de la sortie du nucléaire en 2025. La prolongation incertaine de l’exploitation de réacteurs nucléaires occupe démesurément la politique énergétique fédérale. L’objectif d’amener la Belgique à une vision énergétique commune semble complètement oublié, ce qui freine de facto le développement des filières renouvelables et la mise en œuvre de mesures d’utilisation rationnelle de l’énergie.

Autre obstacle relevé par  Keep on track : les changements fréquents apportés aux règles de marché, qui minent la confiance des investisseurs dans le secteur belge des énergies renouvelable. Par conséquent, les investisseurs se montrent très prudents et mettent au frigo plusieurs projets de production d’énergies renouvelables.

Au vu de la trajectoire en cours (voir graphique ci-dessous), l’objectif 2020 reste atteignable, mais il est urgent qu’un dialogue constructif s’instaure entre le pouvoir fédéral et les Régions – mais aussi au sein d’un même gouvernement – pour établir une politique énergétique commune.

A plus long terme, notre approvisionnement énergétique ne pourra plus s’appuyer sur des ressources fossiles en cours d’épuisement et convoitées dans la violence (pétrole, gaz, …). Seul un mix énergétique basé sur des ressources renouvelables et locales nous assurera un service énergétique durable. Plus vite la dynamique sera engagée dans un cadre innovant, plus vite les retombées pourront bénéficier à l’économie locale.


Fig. Evolution et perspectives officielles 2020 de la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute par Région en Belgique. Sources des données 2005 à 2013 : bilans régionaux (SPW DGO4, Bruxelles Environnement, VITO) et bilan belge (Eurostat). Objectif 2020 : Wallonie : Gouvernement wallon 29/04/2015, scénario « Enveloppes »; Bruxelles : Commission Energie Environnement du 25/05/2015; Flandre : Vlaamse Regering 31/01/2014; Belgique : Directive européenne 20/20/20)

Sur base des bilans énergétiques régionaux, la figure ci-dessus présente l’évolution de la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute dans les trois Régions et pour la Belgique. La Wallonie ouvre la marche avec un taux qui frôle les 10%, la Flandre atteint 5,9% et Bruxelles 2,1%. La Belgique intègre les trois Régions et les productions électriques récoltées en mer du Nord (parcs éolien offshore) et atteint ainsi 7,9%. Les contributions filière par filière sont reprises dans l’Observatoire des énergies renouvelables)

Les objectifs régionaux tels qu’officiellement annoncés par les autorités régionales sont indiqués pour 2020. Le Gouvernement wallon est en phase de discussion pour un objectif de 13% (accord en première lecture du 29 avril 2015). Le Gouvernement flamand s’est engagé le 31 janvier 2014 pour un objectif indicatif de 10,50% et le Gouvernement bruxellois vise un objectif de 3% (Commission Environnement-Énergie 05/05/2015). L’objectif belge est de 13% d’énergies renouvelables en 2020.