Le gouvernement fédéral a approuvé une nouvelle zone maritime pour l’installation de parcs éoliens. « Il seront construits sans subsides », annonce-t-il. « Impossible sur un espace aussi petit », répondent les développeurs éoliens. Négociations en vue.
Le gouvernement fédéral a approuvé, fin avril, le projet d’arrêté royal relatif au Plan d’aménagement des espaces marins pour la période de 2020-2026. Ce Plan prévoit une nouvelle zone en mer du Nord dédiée à l’éolien.
Actuellement, la Belgique dispose d’une première zone de 225 km² sur le Thorntonbank, qui réunit 9 parcs éoliens (4 opérationnels, 3 en construction, 2 en projet). D’ici 2020, cette zone – proche de la frontière néerlandaise – comptera 230 éoliennes pour une puissance totale de 2200 MW. De quoi couvrir 10% des besoins en électricité de la Belgique ou fournir la moitié des ménages belges.
Le nouveau Plan octroie une deuxième zone de 221 km² – proche de la frontière française – pour y accueillir, à partir de 2020, 200 nouvelles éoliennes, ce qui doublerait la puissance offshore belge pour atteindre au total 4 GW (l’équivalent en puissance de 4 réacteurs nucléaires).
Le Secrétaire d’Etat en charge de la mer du Nord, Philippe De Backer, espère pouvoir lancer un appel d’offres avant les élections fédérales de 2019, afin de rendre les nouveaux parcs éoliens opérationnels d’ici 2025 – échéance prévue pour la fermeture des centrales nucléaires belges.
Sans subsides ?
Selon Philippe De Backer, cet appel d’offre devrait se réaliser sans subsides. Une annonce qui suscite de vives réactions.
Il est vrai que le coût de l’éolien offshore est en chute libre. Les trois derniers parcs éoliens sur le Thorntonbank coûteront quasi 2 fois moins cher que les précédents, grâce à une technologie devenue mature, des économies d’échelle et la commercialisation de turbines toujours plus grandes (lire notre article L’éolien offshore belge à moitié prix).
Le gouvernement fédéral belge s’inspire clairement de l’exemple néerlandais. Les Pays-Bas misent en effet fortement sur l’éolien offshore pour atteindre leurs objectifs de production renouvelable. Ils ont récemment élargi leur zone de développement éolien en mer du Nord, où la puissance passera de 4,5 GW actuellement planifiés à 11,5 GW.
Par ailleurs, Nuon y construira le premier parc éolien non-subsidié en mer du Nord (70 MW), dans les eaux territoriales néerlandaises. Certains coûts, comme la connexion au réseau électrique, seront cependant pris en charge par l’Etat.
Du côté belge, les développeurs éoliens estiment qu’il sera difficile de réaliser des parcs éoliens non-subsidiés dans la nouvelle zone.
« La densité est trop élevée dans les parcs éoliens actuels. Les éoliennes sont trop proches les unes des autres, ce qui empêche leur fonctionnement optimal », explique Annemie Vermeylen, Secrétaire générale de la Belgian Offshore Platform (BOP).
Le secteur avait donc demandé davantage d’espace. « Nous aurions souhaité 5 MW par kilomètre carré, soit 400 kilomètres carrés pour les 2.000 MW prévus. Mais finalement, ce ne sera que la moitié. Il sera probablement compliqué de construire ce parc sans subventions », conclut la Belgian Offshore Platform.
Construction du parc Nobelwind sur le Thorntonbank. D’ici 2020, cette première zone comptera 9 parcs et 230 éoliennes.
Une autre zone ?
De leur côté, les associations environnementales Bond Beter Leefmilieu, WWF Belgique et Natuurpunt se réjouissent : ces nouvelles capacités éoliennes permettront à la Belgique d’atteindre ses objectifs renouvelables.
Dans un communiqué commun, les associations regrettent cependant que la zone envisagée pour ce développement éolien soit située dans une réserve naturelle européenne. Cet espace protégé constitue un habitat pour de nombreuses espèces marines et une étude d’incidence devra démontrer que la construction de parcs éoliens n’aura pas d’impact négatif sur ce biotope. Les associations doutent qu’une telle étude puisse être réalisée de manière pertinente.
Elles proposent dès lors de choisir une autre zone pour ce développement éolien, sur un site actuellement réservé aux entraînements militaires mais en réalité peu utilisé.
Lire également notre article Les parcs éoliens en mer du Nord perturbent peu l’écosystème.
Schéma de la construction du parc Norther sur le Thorntonbank.